mercredi 31 juillet 2013

Libéralisme Ch. 41 et 42


XLI

Y a-t il exagération à ne reconnaître comme parti parfaitement catholique qu'un parti radicalement antilibéral ?

Ce que vous venez de dire nous a convaincus, s'écrieront quelques-uns des nôtres, de ceux-là qui sont timides et craintifs à l'excès quand il s'agit de politique ou de parti ; mais, que doit être le parti auquel s'affiliera le bon catholique, pour défendre comme vous le dites, concrètement et pratiquement, sa foi contre l'oppression du libéralisme ? L’esprit de parti peut ici vous halluciner et faire que malgré vous, dans votre cœur, le désir de favoriser par le moyen de la religion une cause politique déterminée, l'emporte sur celui de favoriser par la religion la politique.

Il nous semble, ami lecteur, que nous présentons ici la difficulté dans toute sa force, et telle qu'on l'entend objecter par une foule de personnes. Heureusement il nous sera très facile de la réduire à néant, si grand que soit le nombre de nos frères qu'elle arrête court et réduit au silence.

Nous affirmons donc, sans crainte d'être logiquement contredits, que la manière la plus efficace et la plus logique de combattre le libéralisme, c'est de travailler en communauté de vues et d'efforts avec le parti le plus radicalement anti-libéral.

Mais c'est là une vérité de La Palisse !

D'accord, mais ce n'en est pas moins une vérité ; et à qui la faute s'il est devenu nécessaire de présenter à certaines gens les plus solides vérités de la philosophie sous une forme plus que naïve ? Non, ce n'est pas esprit de parti, mais esprit de vérité, que d'affirmer l'impossibilité d'une opposition efficace au libéralisme, en dehors d'un parti véritablement catholique, et ensuite l'impossibilité d'un parti radicalement catholique qui ne soit en même temps un parti radicalement anti-libéral.

Cette double affirmation affecte douloureusement certains palais viciés par les ragoûts des métis (catholiques-libéraux), mais elle n'en est pas moins incontestable. Le catholicisme et le libéralisme sont des systèmes de doctrine et d'action essentiellement opposés, nous croyons l'avoir démontré dans la série de nos articles. Il faut donc nécessairement reconnaître, quoi qu'il en coûte et si amer que cela nous paraisse, qu'il est impossible d'être intégralement catholique sans être intégralement anti-libéral. Ces idées donnent une équation rigoureusement mathématique. Les hommes et les partis (sauf les cas d'erreur et de bonne foi) ne sont catholiques dans leurs doctrines qu'autant qu'ils ne professent aucune opinion anti-catholique, et il est de toute évidence qu'ils professeront une doctrine anti-catholique toutes les fois qu'ils feront profession consciente, en tout ou en partie, de quelque doctrine libérale. Dire par suite tel parti libéral, telle personne libérale, n'est pas catholique, est une proposition aussi exacte que si l'on disait : ce qui est blanc n'est pas noir ou bien ce qui est rouge n'est pas bleu. C'est simplement énoncer d'un sujet ce qui résulte logiquement de l'application qu'on lui fait du principe de contradiction. Ne quid idem simul esse et non esse : « Une même chose ne peut être et ne pas être en même temps ». Vienne donc ici le plus savant des libéraux, et qu'il nous dise s'il est dans le monde un théorème de mathématiques dont la conclusion vaille mieux que la suivante : « Il n'y a de parti parfaitement catholique qu'un parti radicalement anti-libéral. »

Il n'y a donc, nous le répétons, d'autre parti catholique, acceptable en bonne thèse pour des catholiques, que celui où l'on professe, où l'on soutient, où l'on pratique des idées résolument anti-libérales. Tout autre, si respectable qu'il soit, si conservateur qu'il se montre, quel que puisse être l'ordre matériel qu'il assure au pays, les avantages et les biens que par accident il offre à la religion, n'est pas un parti catholique, du moment qu'il se présente fondé sur des principes libéraux, ou organisé dans un esprit libéral, ou dirigé vers un but libéral. En parlant ainsi, nous nous reportons à ce qui a été indiqué plus haut, à savoir : que parmi les libéraux, les uns acceptent uniquement les principes du libéralisme, sans en vouloir les applications, tandis que les autres acceptent ces applications sans vouloir, au moins ouvertement, admettre les principes. Nous le répétons donc : un parti libéral, dès qu'il est libéral, soit dans ses principes, soit dans ses applications, n'est pas plus catholique que le blanc n'est le noir, qu'un carré n'est un cercle, qu'une vallée n'est une montagne et que l'obscurité n'est la lumière.

Le journalisme révolutionnaire qui, pour bouleverser le monde, l'a doté d'une philosophie et d'une littérature spéciales, a inventé aussi une manière de raisonner qui lui est entièrement propre et qui consiste, non à raisonner comme on le faisait anciennement en déduisant les conséquences des principes, mais à raisonner comme on le fait dans les carrefours et les réunions de commères, en cédant à la première impression, en lançant à droite et à gauche de pompeuses paroles (sesquipedalia verba), en étourdissant et fatiguant son propre entendement et celui d'autrui d'un impétueux tourbillon de prose volcanique au lieu de l'éclairer et de le guider avec la brillante et sereine lumière d'une argumentation bien suivie. Il se scandalisera donc, la chose est certaine, de nous voir refuser le titre de catholique à tant de partis représentés dans la vie publique par des hommes qui, le cierge à la main, suivent nos processions, et représentés dans la presse par tant d'organes, qui pendant la Semaine Sainte publient des chants plaintifs (en-dechas) en l'honneur du Martyr du Golgotha (style progressiste pur) ou bien dans la nuit de Noël des cantiques joyeux (vellancicos) pour célébrer l'Enfant de Bethléem, et qui, par cela seul, se croient d'aussi légitimes représentants d'une politique catholique que le grand Cisneros et notre illustre Isabelle première. Eh bien ! qu'ils s'en scandalisent ou non, nous leur dirons qu'ils sont aussi catholiques que Cisneros et Isabelle furent luthériens et franc-maçons.

Chaque chose est ce qu'elle est, rien de plus. Les meilleures apparences ne peuvent rendre bon ce qui est essentiellement mauvais. Qu'il parle et qu'en tout il paraisse agir en catholique, le libéral n'en sera pas moins un libéral. Tout au plus sera-t-il un libéral honteux imitant le langage, le costume, les façons et les bonnes apparences des catholiques.

 

XLII

Où l'on donne en passant l'explication simple et claire d'une devise de la Revista Popular que beaucoup ont mal comprise.

« Comme vous laissez donc (dira quelqu'un) en mauvais état la devise si dogmatique pour plusieurs, qui a tant de fois retenti à nos oreilles ! Rien, pas même une pensée pour la politique, tout, jusqu'au dernier soupir, pour la Religion ».

Cette devise a sa raison d'être, mes amis, elle caractérise parfaitement, sans préjudice pour les grandes doctrines jusqu'ici exposées, la Revue de propagande populaire qui l'inscrit chaque semaine en tête de ses colonnes.

Son explication est facile et jaillit du caractère même de la propagande populaire, et du sens purement populaire qu'y reçoivent certaines expressions. Nous allons le démontrer rapidement.

Politique et religion, dans leur sens le plus élevé, dans leur sens métaphysique, ne sont pas des idées distinctes ; la première, au contraire, est contenue dans la seconde, comme la partie est contenue dans le tout, ou comme la branche est comprise dans l'arbre, pour nous servir d'une comparaison plus vulgaire.

La politique ou l'art de gouverner les peuples n'est autre chose, dans sa partie morale (la seule dont il soit question ici), que l'application des grands principes de la religion à la direction de la société, par les moyens nécessaires à sa véritable fin.

Considérée à ce point de vue, la politique est la religion ou fait partie de la religion, tout comme l'art de régir un monastère, la loi qui préside à la vie conjugale ou les devoirs mutuels des pères et des enfants. Par suite il serait absurde de dire : « Je ne veux rien pour la politique, parce que je veux tout pour la religion », attendu justement que la politique est une partie très importante de la religion, puisqu'elle est ou doit être simplement une application sur grande échelle des principes et des règles que la religion promulgue pour les choses humaines, qui sont toutes contenues dans son immense sphère. Mais, le peuple n'est pas métaphysicien, et dans les écrits de propagande populaire, on ne peut donner aux mots l'acception rigoureuse qu'ils reçoivent dans les écoles.

Si le propagandiste parlait en métaphysicien il ne serait pas compris dans les cercles et les petits comités où se recrute son public spécial. Il faut donc absolument qu'il donne à certaines paroles qu'il emploie le sens que leur prête le simple populaire dont il veut être compris. Or, le peuple, qu'entend-il par politique ? Il entend tel ou tel roi, tel ou tel président de la république dont il voit l'effigie sur les pièces de monnaie et le papier timbré, le ministère de telle ou telle couleur qui vient de tomber ou qui monte au pouvoir, les députés qui, divisés en majorité et minorité, se prennent aux cheveux pour faire triompher le parti qu'ils soutiennent ; le gouverneur civil et l'alcalde qui intriguent dans les élections, les contributions qu'il faut payer, les soldats et les employés qu'il faut faire vivre, etc, etc. Voilà, pour le peuple ce qu'est la politique, toute la politique, et il n'existe pas pour lui de sphère plus haute et plus transcendantale.

Par conséquent, dire au peuple : « Nous ne te parlerons pas de politique », c'est lui dire que, par le journal qu'on lui offre il ne saura jamais s'il y a une république ou une monarchie, si tel ou tel prince de souche vulgaire ou de dynastie royale porte le sceptre ou une couronne plus ou moins démocratisée, si les ordres qu'il reçoit, les impôts qu'il paye et les châtiments qu'il subit lui viennent par tel ou tel, d'un ministère avancé ou d'un ministère conservateur, si Perez a été nommé alcalde à la place de Fernandez, si c'est le voisin d'en face au lieu de celui du coin qui a obtenu un bureau de tabac. C'est ainsi que le peuple sait que ce journal ne lui parlera pas de politique (qui pour lui n'est pas autre chose que ce que nous venons de dire), mais seulement de religion. A notre humble avis c'est donc à juste titre que la Revue en question prit pour son programme dès le principe et conserve encore cette devise : Rien, pas même une pensée, pour la politique, etc, etc. Ainsi l'ont entendu dès le premier moment tous ceux qui ont compris l'esprit de cette revue, et pour l'entendre de la sorte ils n'eurent aucun besoin d'arguties et de subtilités. Du reste cette publication elle-même, si notre mémoire ne nous trompe, se chargea dans son premier article de déclarer sa pensée. Après avoir expliqué, comme nous venons de le faire, le sens de cette devise elle ajoutait : « Rien avec les divisions passagères qui troublent aujourd'hui les enfants de notre patrie. Qu'un roi ou le premier venu gouverne, qu'on intronise si on veut la république unitaire ou fédérale nous promettons sur l'honneur de n'y point faire opposition, pourvu que l'on respecte nos droits catholiques et qu'on ne froisse pas nos croyances. Remarquez le bien, l'immuable, l'éternel, ce qui est supérieur aux misérables petites intrigues de parti, c'est là ce que nous défendons, c'est à cela que nous avons consacré toute notre existence ». Et peu après, pour plus de clarté et pour mettre à la portée même des plus bornés le véritable sens de la phrase : Rien pour la politique, l'auteur de l'article continuait ainsi : « Dieu nous préserve cependant de faire la moindre critique des bons journaux qui, en défendant la même sainte cause que nous, aspirent à réaliser un idéal politique plus favorable peut-être aux intérêts du catholicisme si persécuté en Europe et dans notre patrie. Dieu sait combien nous les aimons, combien nous les admirons, combien nous les applaudissons ! Ils méritent bien de la religion et des bonnes mœurs, ce sont les maîtres de notre jeunesse inexpérimentée ; à leur ombre bienfaisante s'est formée une génération décidément catholique et brillamment guerrière, qui compense nos afflictions par d'abondantes consolations. Ils sont nos modèles, et, quoique de loin, nous suivrons leurs traces bénies et les rayons de lumière qu'ils projettent sur notre histoire contemporaine ». Ainsi s'exprimait la Revista Popular, du 1er janvier 1881. Que les scrupuleux se tranquillisent donc, nos paroles d'aujourd'hui ne contredisent pas nos paroles d'alors et ces dernières n'ont à subir aucune modification pour être d'accord avec les nôtres : les deux propagandes vibrent à l'unisson. Celle qui dit Rien pour la politique et celle qui conseille la défense de la religion contre le libéralisme sur le terrain politique, sont deux sœurs tellement sœurs, qu'on pourrait les appeler jumelles, si jumelles qu'elles sont nées d'une seule âme et d'un seul cœur.

lundi 29 juillet 2013

La nouvelle église voulue par la synarchie


LA NOUVELLE ÉGLISE VOULUE PAR LA SYNARCHIE

- TEXTES LE DÉMONTRANT
 

Dans son livre « Mystère d’Iniquité »(1), Pierre Virion le dénonçait déjà avec une profonde clairvoyance ; auteur du prologue de l’édition en espagnol de cet ouvrage, l’Abbé Meinvielle se posait la question suivante : « Comment briser l’ossature de l’Église catholique romaine pour faire entrer celle-ci dans cette Église universelle de la Maçonnerie avec les autres cultes de ceux qui croient ou non en Jésus-Christ, qui croient ou non en Dieu ? Dans ce nouvel ouvrage, Pierre Virion s’applique justement à illustrer cette question et à nous révéler en quoi consiste le misterium iniquitatis dont parle l’Apôtre (II Tess., 2, 7). Le mystère d’iniquité consiste précisément en ce que l’« Appareil public de l’Église », qui devait servir à amener les âmes à Jésus-Christ, sert en fait à les perdre et à les asservir au démon. C’est en cela que réside le “mystère de perversité” : que le sel se corrompe et cesse de saler (Mt., 5, 3). […] L’Église est indéfectible et durera en tant que telle jusqu’à la fin. Mais l’Église de Jésus-Christ ne peut être assimilée à l’ “Appareil public de l’Église.” » (p. 9).
 

On a là – exprimé en d’autres termes – le fait indiscutable que Monseigneur Lefebvre signalait déjà en disant qu’« il ne faut pas assimiler l’Église visible (la seule vraie) avec l’Église officielle, qui ne possède pas les notes caractérisant et permettant d’identifier la véritable Église du Christ ». Dans le même sens, cela nous remet en mémoire ce que disait le célèbre et vénérable Cardinal Pie en affirmant que « l'Église, société sans doute toujours visible, sera de plus en plus ramenée à des proportions simplement individuelles et domestiques ».
 

Le commentaire du Cardinal Pie fait présager ce que sera le grand mystère d’iniquité qui réduira l’Église à sa plus simple expression : un petit reste dispersé de par le monde et réfugié dans le désert, sans pasteurs ou presque. Cela signifie que la grande persécution ou tribulation – telle qu’il ne s’en sera jamais vu et qu’il ne s’en verra plus jamais ensuite – consistera en ce rapetissement de l’Église, que nul ne pourrait sauver si ces temps n’étaient abrégés en faveur des élus, de ceux que Dieu aime.
 

L’Abbé Meinvielle continue son prologue en démontrant que le progressisme est l’œuvre de la collaboration du christianisme avec la maçonnerie : « Il va de soi que cette collaboration du christianisme avec l’antichristianisme de la maçonnerie aura pour conséquence une transformation nécessaire de la doctrine et de la vie chrétiennes. Cette transformation, voilà justement ce qu’est le progressisme. Celui-ci est axé sur l’erreur consistant à assimiler l’Église au monde. Une nouvelle dimension serait donnée à l’homme, celle du monde. D’où la suppression de la nécessité d’un Dieu sauveur : le Christ n’est pas venu pour sauver le monde, l’Église n’est pas nécessaire au salut de l’homme. Le salut de l’homme vient de l’immanence de celui-ci. L’homme est Dieu au plus profond de son être ; c’est pourquoi il n’est transcendé par aucune Église et par aucun Dieu. Il est possible et obligatoire d’employer un langage théiste adapté au vulgaire. Mais en réalité, ce n’est là que l’expression exotérique de l’immanence totale du divin en l’homme et dans le monde. Telle est l’unique réalité ésotérique unifiant toutes les religions de l’humanité. C’est pourquoi le culte de l’homme et de l’humanité, qui est celui des loges maçonniques, doit être imposé comme étant le seul culte de la véritable humanité » (p. 11). Voilà qui met en évidence le caractère gnostique et ésotérique du progressisme et de la nouvelle religion.
 

L’Abbé Meinvielle poursuit en ces termes : « Ainsi, par le biais de la nouvelle religion du progressisme, le culte catholique fait place au culte maçonnique de la fraternité universelle » (p. 11). Par conséquent, comme le montre ce prêtre, « Aucun dogme ne reste debout » (p. 11).
 

En effet : « Tout est subverti au nom de la science et des principes maçonniques. La nouvelle théologie du progressisme, élaborée par de prestigieux théologiens, envahit les séminaires, les universités et les établissements de formation, où elle configure la mentalité des nouvelles générations ecclésiastiques » (p. 11 et 12).

 
Voilà pourquoi l’Abbé Meinvielle a pu exposer cette prophétie, qui se réalise manifestement aujourd’hui sous nos yeux : « D’ici quelques années, si la main de Dieu n’intervient pas directement, l’“Appareil public de l’Église catholique” professera une religion complètement différente de celle que nous a enseignée Jésus-Christ et que nous ont transmise les Pères, les docteurs et les saints de l’Église bimillénaire. D’où cette fureur satanique qui s’est déchaînée contre l’Église préconciliaire. […] La vieille et séculaire ennemie de l’Église – la Synagogue – a cherché à détruire l’Église pour toujours. » (p. 12).

 
Pierre Virion parvient à la conclusion que la nouvelle Église correspond à un plan occulte : « … nous nous voyons obligés de parvenir à la conclusion – soutenus en cela par une documentation indiscutable – qu’un magistère occulte dirige l’ensemble des docteurs de la nouvelle “Église” inventée au sein des hautes sociétés secrètes à la fin du siècle dernier (2). Autre fait essentiel depuis que l’œcuménicité de cette nouvelle “Église” s’est séparée de la nôtre : ladite “Église” accueille en même temps l’erreur et la vérité, toutes les religions, toutes les idéologies, toutes les institutions, tous les régimes politiques, y compris le communisme soviétique et le communisme chinois. » (p. 15 et 16).
 

La conjuration contre l’Église est manifeste : « À la fin du siècle dernier (3), il a été ourdi contre l’Église une formidable conjuration, qui se déroule actuellement devant nos yeux. » (p. 16).
 

L’auteur décrit l’espoir qui sous-tendait cette conjuration : « … voir tomber le “Vatican royal” et régner un Pape qui sera le Pontife de la “Synarchie Divine”, à la tête d’un “nouveau catholicisme”, et qui consacrera l’esprit, tout l’esprit de la société moderne. […] Car la Synarchie entièrement réalisée sera avant tout la Contre-église organisée. » (p. 16 et 17).
 

« L’Église universelle synarchique, telle que l’initié Saint-Yves la décrit dans ses œuvres, n’est autre que l’ensemble syncrétique de toutes les religions, considérées comme égales entre elles, avec l’attribution d’une certaine primauté motrice à la Kabbale et – surtout à la fin de sa vie – d’une importance particulière à l’hindouisme. » (p. 23). En résumé : « Une église nouvelle, une autre foi, un autre culte, un œcuménisme maçonnique. » (p. 24).
 

On veut un pape qui soit un pontife synarchique : « Il faut leur persuader que la Papauté romaine est coupable d’avoir remplacé le Magistère initial de Pierre par les honneurs et les richesses d’un impérialisme latin qui doit tomber sous les coups d’un nouveau clergé, convaincu par avance de l’inévitable victoire d’une nouvelle Église. Et cette dernière sera instaurée par un Pontife qui réunira dans sa personne et dans sa charge celles des Papes et celles des Mages de la Synarchie. » (p. 42).

 
Ainsi les écritures seront-elles interprétées selon la Kabbale et la Gnose : « … assimiler de manière équivoque la lettre des Écritures à la cosmogonie de la Kabbale et de la Gnose, avec la prétention de professer le véritable esprit de l’Évangile, au contraire de l’Église romaine. D’où une subversion de la Foi qui, parfois présentée avec une grande subtilité, échappe même à des ecclésiastiques dont la culture théologique n’est pas assez solide, du moins sous certains aspects. » (p. 44).
 

L’auteur cite ensuite l’abbé Roca, prêtre apostat et initié aux secrets des dieux : « Par conséquent, il est inévitable que se produire une rébellion contre la structure et l’autorité de l’Église romaine, contre sa discipline sacramentelle, et c’est sur ce chapitre que Roca nous intéresse tout particulièrement. Ses hérésies ne sont pas les seules et ne se signalent pas non plus par leur nouveauté. Mais ce qui impressionne en lui, c’est sa volonté froidement subversive de modernisme sur des questions qui sont d’actualité de nos jours, unie à sa conviction d’illuminé de leur réalisation future et du fait qu’un jour, la « sublime synarchie » mènera à bien la conquête de l’Église. » (p. 46).
 

« Ce qui se prépare dans l’Église universelle ? […] Ce n’est pas une réforme, ce n’est pas une révolution – je n’ose employer ce mot, qui serait malsonnant et inexact – c’est une évolution. » (p. 46 et 47).

 
« Sous sa forme actuelle, la Papauté disparaîtra. Le Pontife de la divine synarchie ressemblera autant au Pape de l’époque actuelle que ce dernier ressemble à celui du Lac Salé […] Le nouvel ordre social s’implantera en marge de Rome, sans Rome, malgré Rome, contre Rome. » (p. 47).
 

« Mais le F…. Renan qui, sans être comme Roca dans le secret des dieux, présentait la même imprégnation naturaliste, avait sans doute déjà entendu parler de lui, puisque dans “L’Abbesse de Jouarre”, il décrit les réformes religieuses (euphémisme par lequel il désigne la révolution religieuse et morale) qu’accompliront des personnalités de l’Église elle-même, en conformité absolue avec les observances. Autrement dit, le clergé régulier – et non pas séparé –, influencé par le néo-christianisme ouvert aux courants de pensée modernes, fera subir à l’Église, lors d’un futur Concile, la dégradation dogmatique et disciplinaire favorable à son intégration dans l’“œcuménisme” des Loges. » (p. 55 et 56). Ce qui devait se produire avec le Concile Vatican II.
 

« Je crois que le culte divin, tel que le fixent la liturgie, le cérémonial, les rites et les préceptes de l’Église catholique, subira bientôt, lors d’un Concile Œcuménique, une transformation qui lui restituera en même temps la vénérable simplicité de l’âge d’or apostolique, la mettra en harmonie avec le Nouvel État de Conscience de la Civilisation Moderne. » (p. 56).
 

« Il se produira quelque chose qui laissera le monde dans la stupéfaction et le fera tomber à genoux devant son Rédempteur. Et ce quelque chose sera la démonstration de l’accord parfait entre les idéaux de la Civilisation Moderne et ceux du Christ et de son Évangile. Il signifiera la consécration du nouvel ordre social et le baptême solennel de la Civilisation Moderne. » (p. 56 et 57).
 

« Le Pontife se bornera à confirmer et à glorifier l’œuvre de l’Esprit du Christ ou du Christ-Esprit dans l’esprit public, et grâce au privilège de son infaillibilité personnelle, il déclarera publiquement urbi et orbi que la civilisation actuel est fille légitime du Saint Évangile de la Rédemption Sociale. » (p. 57).

 
« La Papauté succombera ; elle périra sous le couteau sacré qu’auront forgé les Pères du dernier Concile. Le César papal est une Hostie couronnée pour le sacrifice. » (p. 58).
 

« La révélation étant niée, les mystères subsistent, et l’on prétend les expliquer. Mais comment le faire autrement qu’à travers la gnose, cette science sans limites, comme dit le F…. Camille Savoire ? Et comment les justifier, si ce n’est par l’exposition des “mystères secrets” ? » (p. 62).

 
« Le lien qui unit l’occultisme au modernisme et, aujourd’hui, à la Religion Universelle des Sectes, n’est autre que le christianisme syncrétiste qui apparaît clairement ici. » (p. 63).

 
« Sur le plan international, le Fédéralisme ; dans l’ordre économique, un socialisme technocratique, dénominateur commun du communisme et du capitalisme scientifiquement conjugués ; ni l’un ni l’autre n’éviteront la révolution de la rue. La révolution des esprits se fera par la réduction de toutes les valeurs à un autre dénominateur commun : le “Nouvel Humanisme” ou “Humanisme Intégral” qui masquera les objectifs traditionnels de la Contre-église. » (p. 78).
 

« L’insistance du Pacte Synarchique sur la nomination des ecclésiastiques démontre surabondamment que cette intégration doit déboucher sur une Église nationale qui fasse table rase du pouvoir juridictionnel du Pape, puis de son magistère doctrinal. D’autres paragraphes du document ne cachent pas, en effet, la prétention de s’opposer à la violation des consciences libérées et à l’admission de toute orthodoxie, quelle qu’elle soit, à l’exception de celles du régime, naturellement. Car il existe une orthodoxie du régime. Bien que seul revienne continuellement dans tous les chapitres du Pacte le leit motiv de l’“humanisme intégral” païen et panthéiste des Hautes Sociétés Secrètes, duquel provient “la Primauté du Spirituel dans notre Mouvement Révolutionnaire”, selon ce que souligne le même texte. Curieux écho aux titres d’œuvres de Jacques Maritain publiées à la même époque et dont le succès, connu de tous, montre combien se sont répandus certains mots-clés. » (p. 94).

 
« Enfin, sous réserve que ces deux premiers objectifs aient été atteints, le troisième consistera à mener une vaste campagne de propagande en faveur de ce singulier œcuménisme de toutes les religions : l’“Église Universelle”, selon la terminologie des Congrès aujourd’hui parfaitement connus, l’“Église Catholique”, selon les termes audacieux de Saint-Yves d’Alveydre. Tel était tout le programme de la Contre-église synarchique : la “Nouvelle Église” à la recherche de laquelle Jules Romains consacra un ouvrage qui n’a pas laissé d’exercer une certains influence dans les milieux catholiques et maçonniques. » (p. 105 et 106).

 
« Le résultat du rapprochement saute aux yeux. Ou bien la maçonnerie s’intègre à un œcuménisme présenté comme chrétien, ainsi que le prétendent certains, et alors, selon ce que préconise Saint-Yves d’Alveydre, le catholicisme sera un syncrétisme que le patriarche de l’Église gnostique décrit dans les termes suivants : “l’élément commun à toutes les religions (catholicisme) est rationnel et traditionnel ; par conséquent, il est éternel […] Le catholicisme proprement dit n’est pas remis en question, contrairement à la seule orthodoxie romaine, destinée de tous temps à tomber un jour”. (Barbiere, « Infiltraciones masónicas en la Iglesia, p. 100). Ou bien, ce qui revient au même, l’Église catholique sera intégrée, comme d’autres le disent, à l’“œcuménisme” maçonnique, ce qui signifiera sa soumission à la Synarchie Universelle, en accord également avec Saint-Yves d’Alveydre (p. 15 et suivantes). Il est aberrant d’oublier que la doctrine synarchique, ébauchée il y a trois siècles, puis élaborée à l’époque de Saint-Yves d’Alveydre et révisée en 1935, ne sépare jamais la politique des questions religieuses et qu’elle les confond au contraire dans les perspectives d’un Gouvernement mondial qui ne serait autre que celui de la Contre-Église. » (p. 144).
 

« L’abolition des dogmes – ceux du catholicisme, évidemment – s’impose en premier lieu pour l’instauration d’une religion nouvelle qui ne manquera pas de susciter de nouveaux dogmes. Sur ce chapitre, Roca se montre disciple de Papus, réorganisateur du Martinisme : “Il y aura une nouvelle religion ; il y aura un nouveau dogme, un nouveau rite, un nouveau sacerdoce dont la relation avec l’Église qui tombe sera exactement ce que fut celle de l’Église catholique avec l’Église mosaïque, sa défunte mère”. » (p. 151).
 

« C’est pourquoi il importe d’entreprendre une tâche de démolition doctrinale pour faire passer de nouveaux dogmes adaptés à l’avenir spirituel de l’humanité. Objectivement, le premier de ces dogmes sera celui de l’évolution, qui ne peut guère se maintenir sur un tel terrain sans ceux du panthéisme et de l’“Humanisme intégral” du Pacte synarchique. » (p. 152).
 

« Il sera nécessaire de créer une religion nouvelle, une morale nouvelle, une société nouvelle. Nous avons de bonnes raisons de croire que l’intégration jouera un rôle important dans ce monde de demain et qu’elle sera la clé de voûte de la conscience planétaire, de même que le séparatisme fut celle du régime égocentrique dont nous allons nous dépouiller. » (p. 153).
 

« L’humanisme païen est un autre dogme de la nouvelle religion. » (p. 153).

 
« La masse se transforme ainsi en directrice de sa propre évolution religieuse, que l’Autorité Pontificale aura pour mission de couvrir de son infaillibilité. » (p. 157). On ne peut s’empêcher d’observer ici que ces apostats et ces hérétiques ont besoin pour cela de l’image d’un Pape, afin que derrière l’écran de l’infaillibilité pontificale, qui n’a aucun crédit à leurs yeux, ils puissent imposer aux fidèles l’erreur et l’apostasie de leur fornication avec les rois de la terre tout en s’enivrant du sang des martyrs, c’est-à-dire en tirant vanité de la gloire de ceux-ci dans le but de manipuler la masse en question à leurs propres fins mercenaires. Or, cette falsification, cette corruption, cette apostasie est subtilement offerte à l’admiration publique, car la grande prostituée exhibe les symboles du pouvoir et de la richesse – la pourpre, l’écarlate et les bijoux –, grâce à quoi le pouvoir au service du mal s’acquiert un prestige porteur d’admiration et d’adhésion.
 

« Nous observons néanmoins que la liberté préconisée n’est pas la liberté psychologique du sujet, mais un droit objectif de rejeter la vraie religion, celle de l’Église catholique, apostolique et romaine. Et l’on fera reposer le critère extrinsèque sur l’égalité des religions. Une fois établie, cette liberté aura pour effets : 1. de réduire à rien le magistère pontifical ; 2. de ruiner de fait l’orthodoxie romaine ; 3. d’instaurer sur ces ruines un syncrétisme artificiel, expression d’un « œcuménisme » derrière lequel se cache la haute autorité maçonnique. Car il existe un œcuménisme d’extraction maçonnique, néo-catholique, para-communiste, massivement propagé par les journaux et revues confessionnelles ou non, politiques et littéraires, un œcuménisme total résultant de la simple accrétion des cultes et au nom duquel l’Église est félicitée par ses théologiens les plus audacieux, mais vitupérée pour son passé, sa tradition, son « immobilisme », son intégrité doctrinale future, si elle ne s’insère pas dans le mouvement du futurisme synarchique. » (p. 173).
 

« Ne permettez pas que l’on dise, mes Frères, que la Maçonnerie est l’anti-église. Cela n’a jamais été qu’une formule de circonstance. Fondamentalement, la maçonnerie veut être une super-église, l’Église qui les réunira toutes. » (p. 182).

 
« Laissons à présent le prêtre apostat nous parler avec son assurance coutumière, captée à de bonnes sources, du formidable complot ourdi contre l’Église. “Bien qu’elle ne sorte pas des formes temporelles d’un passé qui meurt et ne peut revivre, la Papauté des anciens temps n’a plus rien à dire aux temps modernes, qui n’ont d’ailleurs pas d’oreilles pour l’entendre. La vieille Papauté n’a rien à faire dans le nouvel ordre social qui s’implantera forcément, inéluctablement en marge de Rome, sans Rome, malgré Rome, contre Rome […] La vieille Papauté rompra le silence lorsque sera accomplie l’œuvre évangélique de cette glorieuse palingénésie (4). Retournant alors dans son sépulcre, Pierre réalisera l’oracle du Christ. ‘Il confirmera ses frères’, c’est-à-dire tous les peuples chrétiens, sur les nouvelles voies auxquelles leur Rédempteur les a fait accéder. Il consacrera la civilisation moderne, il la proclamera Fille de l’Église, héritière des promesses du Seigneur et du véritable esprit de ses paraboles. En prononçant sa propre caducité, la Papauté romaine déclarera urbi et orbi qu’ayant accompli sa mission et joué son rôle d’initiateur, elle se dissout spontanément sous sa forme antique pour laisser le champ libre aux opérations supérieures du nouveau pontificat, de la nouvelle Église et du nouveau sacerdoce qu’elle instituera canoniquement avant d’exhaler son dernier soupir.” » (p. 198 et 199).

 
« Lorsqu’il sera visible aux yeux de tous que l’ordre nouveau dérive logiquement de l’ordre ancien […] le vieux pontificat et le vieux sacerdoce abdiqueront de bonne grâce devant le Pontificat et les prêtres du futur, qui seront ceux du passé convertis et transfigurés en vue de l’organisation de la Planète, à la lumière de l’Évangile. Et cette Église nouvelle, bien qu’elle ne doive peut-être rien conserver de la discipline scolastique et de la forme rudimentaire de l’Église antique, recevra néanmoins de Rome l’ordination et la juridiction canonique. Il est nécessaire que la loi de l’évolution reprenne le cycle ouvert par le Saint Évangile sous les pas de l’Humanité Nouvelle. La Synarchie possède la taille suffisante pour mener à bien cette rénovation générale. » (p. 199 et 200).
 

« Celui qui désire voir à la tête d’un “Concile œcuménique” de l’Humanité Synarchique, composé de sages, de chefs d’État, de cardinaux et d’évêques et constituant la “première chambre de la Synarchie Trinitaire, dont le marquis de Saint-Yves d’Alveydre a trouvé les marques dans l’antique enseignement des temples” “n’est pas un pontife de la foi ou du pistil (5), mais un pontife de la gnose ou de la science ésotérique”. » (p. 206 et 207).
 

« L’illuminisme et la théogonie aboutissent ainsi à une inversion des vérités fondamentales et incontestables de la révélation et, par conséquent, de la théologie catholique. » (p. 218 et 219).

 
« En conséquence, et ceci est important, c’est aussi la formule de la régénération (ou réintégration) de l’homme par le « Grand Œuvre » de l’hermétisme qui fait de l’homme (inférieur) un dieu (supérieur). La régénération de l’homme par la gnose (connaissance ésotérique et initiatique) s’oppose donc à la rédemption par le Christ. » (p. 219).

 
« Le sceau de Salomon est donc l’image parfaite de la création divinisée, plérômisée (6), comme disent les gnostiques, les hermétistes et les occultistes. Par rapport à l’homme, c’est la figuration parfaite des paroles de la Genèse : “eritis sicut dei” : “vous serez comme des dieux”. (p. 221).
 

« La voie ouverte et suivie est cela qui conduira rapidement et très bientôt à la modification des fondations humaines de l’Église, en remplaçant la monarchie pontificale par l’instauration de l’Église universelle démocratique. » (p. 263). Voilà pourquoi – soit dit en passant – on a pu voir Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI sans tiare. Et ces deux derniers, en outre, ne sont pas couronnés, ainsi que l’exige la sacro-sainte démocratie, car on sait déjà, grâce à la définition insurpassable de Nicolás Gómez Dávila, que la démocratie est une religion anthropothéiste.

 
« Un Bourbon s’est exclamé : “L’État, c’est moi !”. Un empereur a déclaré : “La Révolution, c’est moi”. Un Pape a soutenu : “La tradition, c’est moi”. Or, aucun de ces trois hommes n’a dit la vérité. Seul le vicaire de Jésus-Christ exprimera la vérité lorsqu’il dira : “La démocratie, c’est moi”. La démocratie, c’est le Pape, car elle est la fille de ce Christ et de cet Évangile qu’il représente sur la terre. » (p. 263-264).

 
« Relisons donc dans les pages de cette œuvre, et nous les comprendrons mieux (c’est capital), les sinistres prédictions de l’ex-abbé Rocca et d’autres personnages sur l’avènement de l’Église et de la “divine synarchie” (Roca) imaginée dans “les temples primitifs durant le cycle des sages initiations”. Nous ne pouvons mettre en doute la réalité du formidable complot se déroulant au sein même de l’Église, qui se croit fort d’une consécration Urbi et Orbi du “Nouveau Pontificat, de la Nouvelle Église et du Nouveau Sacerdoce”. » (p. 264).


Tous ces textes sont éloquents en eux-mêmes, car ils démontrent comment l’Église est devenue victime de ses pires ennemis. Cela conduisit du reste le Père Pío, dont nul ne met la sainteté en doute, à charger en 1957 l’Abbé Luigi Villa de se consacrer à l’étude approfondie de la maçonnerie, et en particulier de la maçonnerie ecclésiastique, ce qui est relaté ainsi : « … Le Père Pío lui donna la mission suivante : “Tu devras consacrer toute ta vie à défendre l’Église du Christ contre les agissements de la franc-maçonnerie, en particulier la franc-maçonnerie ecclésiastique” » ; puis, lors de la deuxième rencontre entre les deux prêtres, en 1963 : « À la fin de la rencontre, le Père Pío donna l’accolade à l’Abbé Villa et lui dit : “Courage ! Courage ! Car l’Église est déjà envahie par la franc-maçonnerie”, avant d’ajouter : “La franc-maçonnerie est déjà parvenue jusqu’aux pantoufles du Pape” (Paul VI !). » (« Quién es el Padre Luigi Villa ?» par le Dr Franco Adessa, p. 4 et 6).

 
L’Abbé Villa a écrit que les trois derniers Papes – Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI (abstraction faite de Jean-Paul 1er, qui a régné moins d’un mois) – étaient des Juifs et des francs maçons ; il a même affirmé que Paul VI, qui fut un parfait homosexuel, donc vulnérable au chantage, avait servi d’informateur (espion) au KGB en dénonçant à ce dernier les prêtres clandestins envoyés à travers le Rideau de Fer par le Pape Pie XII, de telle sorte que : « … les soviétiques faisaient chanter Montini pour qu’il leur nomme les prêtres que le Vatican envoyait clandestinement en Union Soviétique, à travers le Rideau de Fer, durant la Guerre froide. La police secrète soviétique était donc toujours prête, et à peine ces prêtres clandestins avaient-ils franchi la frontière russe qu’ils étaient appréhendés et fusillés ou expédiés au Goulag. » (Chiesa Viva, n° 441, septembre 2011, p. 58).

 
Et dans cet autre texte, nous apprenons que : « L’Abbé Villa était au courant du fait que le Cardinal Pietro Palazzini avait envoyé au postulateur de la cause de béatification de Paul VI une lettre qui contenait les noms des trois derniers amants de Paul VI. Le Cardinal Pietro Palazzini était une autorité en la matière, car il conservait deux dossiers de documents démontrant à l’évidence la réalité du vice impure et contrenature de Paul VI. » (Quién es el Padre Luigi Villa ?, p. 33 et 34).
 

En plus de cela, l’Abbé Villa dénonce le fait que Paul VI portait en sautoir l’insigne caractéristique du Sacerdoce suprême de l’Ancien Testament, à savoir le pectoral portant douze pierres symbolisant les douze tribus de l’Israël de Dieu. « Or, la vérité, c’est que dans la hiérarchie maçonnique, Paul VI était vraiment au sommet. » (Chiesa Viva, n° 441, p. 42). Puis, faisant allusion à la sculpture maçonnique placée en l’honneur de Paul VI dans la cathédrale de Sacro Monte, à Varèse (7), L’Abbé Villa écrit : « Par ce geste de reconnaissance envers Paul VI, la maçonnerie le déclare donc officiellement Pontife Juif. » (Chiesa Viva, n° 441, p. 40). Cela explique pourquoi Paul VI se découronne (c’est-à-dire abdique) en se défaisant de la tiare et pourquoi il arbore mystérieusement le pectoral en question (que beaucoup confondent par erreur avec l’efod).
 

L’ascendance juive de Jean-Paul II ne fait aucun doute non plus, ce que confirme l’application qu’il fit de sa devise selon saint Malachie : De labore solis, c’est-à-dire l’éclipse du soleil, qui, en parcourant le monde, a fait disparaître l’Église sous les ténèbres de l’erreur : « Pour Wojtyla, la religion juive faisait aussi partie de lui, d’abord en tant qu’archevêque de Cracovie, puis en tant que Pape. Cette relation au judaïsme soulève une question : Wojtyla était-il juif ? Que tel fut le cas, on en doit le témoignage à Yaskov Wise, spécialiste de la généalogie judaïque. Wise étudia l’ascendance féminine de la famille Wojtyla. On sait qu’en vertu d’un décret rabbinique, le lignage juif n’est transmis que par la mère, non le père. Or, la mère de Karol avait épousé un catholique, mais son nom de jeune fille, Emilia Kaczorowski, est une adaptation polonaise de Katz, nom judaïque très commun dans le monde yiddish. Quant à la grand-mère de Karol, elle s’appelait Marianna Scizh, autre nom judaïque (Schulze, Shultz). » (Chiesa Viva, n° 430, septembre 2010, p. 22).
 

L’Abbé Villa consacre à Benoît XVI un de ses derniers articles pour la revue Chiesa Viva (numéro de septembre 2012), qu’il a intitulé de façon suggestive : Les Tauber, une des principales branches kabbalistes de la Synagogue, et où il développe ce titre ainsi : « Il importe d’avertir le lecteur que Joseph Alois Ratzinger (Tauber-Peintner), aujourd’hui Benoît XVI, descend d’une des principales branches kabbalistiques de la Synagogue (le Grand Rabbinat de Prague). En outre, il convient de mettre en relief l’effort accompli depuis plus de cinq cents ans par les tribus juives (en particulier celle de Neftali), pour usurper le siège de Pierre, comme l’a affirmé John Retcliffe dans le chapitre “Le cimetière juif de Prague et le Conseil des représentants des douze Tribus d’Israël” de son livre “Biarritz”, qui peut être consulté dans les Protocoles des Sages de Sion, édition spéciale (complète). » Plus avant, sous le sous-titre « Quelques faits historiques sur le “Maharal” (8) de Prague – Le passé antérieur de Benoît XVI », l’auteur écrit ceci : « Parmi ses passés antérieurs, le Juif Joseph Alois Ratzinger (en réalité, Tauber) provient d’une succession de neuf rabbins d’Autriche-Hongrie et d’Allemagne, mais de façon particulière du Maharal (Yeouda Loew ben Bezalel), considéré comme un des principaux sages occultistes de l’histoire. Le Maharal, connu des kabbalistes satanistes, acquit sa grande célébrité en tant que chef spirituel de la communauté juive de Prague. » (p. 30). Voilà pourquoi on a vu se succéder des pontifes découronnés, sans tiare papale.
 

Qu’ajouter à semblable dénonciation ? Les faits exposés ci-dessus expliqueraient la mystérieuse renonciation de l’intéressé et son ahurissante proclamation comme Pape émérite conservant le titre de « Sa Sainteté », qui, au de s’éloigner de Rome comme il le devrait pour ne pas créer d’interférences, non seulement y demeure, mais s’y enracine dans un couvent du Vatican après ses vacances hivernales à Castel Gandolfo, afin de continuer à régner de façon occulte (sous camouflage), assurant ainsi le triomphe de la Synagogue de Satan au sein de l’Église comme le révèle la devise que lui avait affectée saint Malachie : De gloria Olivae. Ainsi se comprend – à la lumière de la Kabbale – pourquoi un franc-maçon comme le Cardinal Achille Liénart a pu s’exclamer : « Humainement parlant, l’Église est perdue ! », et il est permis d’affirmer qu’une telle situation ne pourra se régler sous l’action d’un Pape, quelque bon et saint qu’il soit (car on ne voit pas d’où il pourrait bien surgir), d’un saint Pie V, d’un saint Pie X ou de saint Pierre lui-même, mais uniquement sous celle de Notre Seigneur Lui-même lors de Sa Parousie, dont chaque jour qui passe nous rapproche sous l’action de l’histoire et qui arrivera sans doute bien plus tôt que nous ne persistons à le penser. Voilà pourquoi le Pape Pie XII, après avoir dit qu’on avait enterré la vérité, leva un jour les yeux au ciel en s’exclamant : « Venez, Seigneur Jésus ! L'humanité n'a pas la force d'écarter l'obstacle qu'elle-même a créé en cherchant à empêcher Votre Retour…Venez, Seigneur Jésus ! Il y a tant de signes que votre Retour n'est pas loin ! » (Message pascal de 1957).
 

Abbé Basilio Méramo
Bogotá, le 11 mars 2013

 

(1) Publié en espagnol sous le titre La Masonería dentro de la Iglesia (La maçonnerie au sein de l’Église), par la maison d’édition Cruy y Fierro (Buenos Aires, Argentine, 1968).

 
(2) NdT : le dix-neuvième.

 
(3) NdT : idem.

 
(4) NdT : Retour à la vie, renaissance, régénération.
 

(5) NdT : ?????

 
(6) NdT : néologisme construit sur le substantif Plérôme, qui désigne, dans le langage des gnostiques, le monde de l’Esprit pur, la plénitude divine.

 
(7) NdT (d’après Wikipédia) : Dans la cathédrale de Sacro Monte, on peut voir une statue de Paul VI commandée au sculpteur Floriano Bodini par Mgr Pasquale Macchi. Quoique cette œuvre offre une ressemblance avec le Pape, elle exalte en réalité la franc-maçonnerie du fait des symboles visibles sur elle, notamment un mouton à cinq pattes. La statue fut inaugurée le 24 mai 1986 par Giulio Andreotti, ministre italien des Affaires étrangères, et le Cardinal Casaroli, Secrétaire d’État du Vatican, qui la bénit. Tant l’archevêque Pasquale Macchi que Giulio Andreotti et le cardinal Agostino Casaroli appartenaient à la franc-maçonnerie, ainsi que l’a révélé la liste de Pecorelli, notamment.
 

(8) NdT (d’après Wikipédia) : Rabbi Yeouda Loew ben Bezalel (1512 - 1609), dit « Notre enseignant, le Rav Loew » (Morenou HaRav Loew), abrégé en MaHaRaL (dénomination par laquelle il est le mieux connu) est l'un des plus grands Aharonim (terme générique désignant dans l'histoire du peuple juif, et en particulier dans l'évolution de la Halakha (Loi juive) et de l'exégèse talmudique, les rabbins, décisionnaires religieux et figures spirituelles du judaïsme à partir du XIVème siècle dans le monde ashkénaze, et du XVIème siècle dans le monde sépharade. L'ère des Aḥaronim se poursuit de nos jours).

Libéralisme Ch. 39 et 40


XXXIX

Que dire de l'horrible secte du laïcisme, secte qui selon quelques-uns cause depuis peu de si grands ravages dans notre pays.

C’est ici le lieu de parler du laïcisme, de cette épouvantable secte, comme on l'a nommée, et qui a eu en ces derniers temps le singulier privilège d'attirer l'attention publique, alors que presque aucune autre question théologique n'obtenait le même honneur. Bien terrible doit être ce monstre, puisque jetant le même cri d'alarme tous ont cru devoir fondre sur lui, jusqu'aux hommes les moins portés à la polémique religieuse et à veiller sur l'honneur de l'Église. Le laïcisme a été une étrange hérésie contre laquelle s'est déchaînée la haine de tous ceux qui haïssent Jésus-Christ. A-t-on jamais vu chose plus extraordinaire ? En revanche, dès qu'un séculier ou un ecclésiastique s'est élevé contre le ‘’laïcisme’’, le camp franc-maçon lui en a fait immédiatement un titre de gloire et l'a couvert de ses plus chaleureux applaudissements. Voilà un fait que personne ne peut démentir car il s'est passé sous les yeux de tous. Cette donnée ne serait-elle pas suffisante pour résoudre pleinement dès le premier pas cet effrayant problème ?

Mais qu'est-ce que le laïcisme ?

Ses farouches contradicteurs, du haut de leurs chaires respectives plus ou moins autorisées, ont pris la peine de l'anathématiser, bien plutôt que celle de le définir. Pour nous, qui depuis plusieurs années avons des relations publiques et privées avec lui, nous essaierons d'épargner à ses ennemis l'embarras qui résulte pour eux de cet état de choses, et nous allons tâcher de leur donner une définition du laïcisme afin qu'ils aient une base sur laquelle appuyer leurs invectives.

Trois choses sont qualifiées de laïcisme.

1° - La prétendue exagération de l'initiative laïque dans la qualification des personnes et des doctrines.

2° - La prétendue exagération de l'initiative laïque dans la direction et l'organisation des œuvres catholiques.

3° - Le prétendu manque de soumission de certains laïques envers l'autorité épiscopale.

Voilà les trois points du haineux procès intenté aux laïcistes depuis deux ou trois ans. Inutile de dire que ces trois points, clairement indiqués ici par nous pour la première fois, ne l'ont jamais été dans les fougueuses et fatigantes harangues de l'accusateur ampoulé qui a principalement porté la parole contre nous. Particulariser les charges, préciser les idées, ne doit point entrer dans les lois de sa polémique singulière au plus haut point. Beaucoup vociférer et crier à tue-tête : « Schisme, schisme ! Secte, secte ! Rébellion, rébellion ! », exalter les privilèges et les prérogatives de l'autorité épiscopale, démontrer à grands renforts d'auteurs et de droit canon des vérités que personne ne nie au sujet de cette autorité, mais ne point s'approcher, même de loin, du véritable point du débat, n'apporter aucune preuve justificative des plus graves accusations oubliant que toute accusation, non prouvée, se transforme en impudente calomnie, à la bonne heure ! Voilà une vraie manière de discuter ! Oh ! quel luxe d'érudition, quelle profondeur de théologie, quelle subtilité en droit canonique, quelle emphase de rhétorique on a gaspillés pour démontrer que les plus fermes défenseurs de la cause catholique ne sont autres que ses plus grands ennemis, et que les inventeurs et les fauteurs du laïcisme étaient précisément ceux-là même qu'on accuse sans cesse de cléricalisme, pour prouver enfin que ceux qui de tout temps se sont distingués par leur dévouement et leur docilité à la houlette pastorale en ce qui relève de sa juridiction, ont au contraire tendu à s'émanciper du magistère sacré de l'épiscopat ! Cette dernière phrase, en ce qui relève de sa juridiction, les implacables adversaires de ce qu'on appelle à tort laïcisme, l'ont tenue en un lamentable et peut-être volontaire oubli. Ils citent sans cesse et en tout sens l'encyclique ‘’Cum multa’’, et on dirait qu'ils ne sont pas encore parvenus à y lire cette parenthèse qui donne la légitime et naturelle explication de ce qu'elle contient de plus substantiel. En effet, toutes les accusations de révolte dirigées contre certaines associations et contre certaines feuilles périodiques seraient justifiées à la condition de prouver (ce qui ne s'est jamais fait et ne se fera jamais) que ces associations et ces journaux, en refusant avec une fermeté virile de faire partie de la malencontreuse union catholico-libérale qu'on voulait canoniquement leur imposer, ont désobéi à leurs chefs religieux en quelque chose qui fût de leur juridiction. L'intelligence incommensurable des hommes qui ont découvert et qui poursuivent le laïcisme pouvait bien s'occuper de cela, c'eût été une tâche digne de leurs goûts laborieux, car sans nul doute ils n'en auraient vu la fin que fort tard. Mais, qu'y faire ? L'idée n'en est pas venue aux anti-laïcistes. Leur petit manuel de logique ne doit pas leur avoir signalé le sophisme appelé mutatio elenchi. Celui-là même qui les fait sans cesse chanter extra chorum, pour ne pas employer une autre expression, plus imagée mais moins littéraire, de l'énergique idiome catalan.

C'est tout d'abord, un bien singulier laïcisme que celui qui, en Espagne et surtout en Catalogne, marche à la tête de toutes les œuvres catholiques, vulgairement appelées ultramontaines. Au nom du pape, il organise des pèlerinages ; en faveur du pape, il recueille des milliers d'adhésions et de signatures ; pour secourir le pape, il envoie sans cesse à Rome aumônes sur aumônes, il se tient toujours à côté de ses prélats et il exécute tous leurs ordres relatifs à la guerre contre l'impiété. Il fonde, il paie, il soutient des écoles catholiques, pour les opposer aux écoles dites laïques et aux écoles protestantes ; en un mot, dans les assemblées littéraires, dans le temple, dans la presse, il forme et il enrôle les plus ardents défenseurs de la foi et du Saint-Siège ! C'est un laïcisme vraiment rare et phénoménal que celui dont les amis et les inspirateurs sont les prêtres les plus exemplaires, et dont les foyers principaux sont les maisons religieuses les plus ferventes, qui, en peu d'années a reçu à lui seul plus de bénédictions particulières de Sa Sainteté le Pape que toute autre association en un demi-siècle, et qui porte le signe le plus authentique des serviteurs du Christ, puisque les ennemis les plus déclarés du nom chrétien le regardent avec tant de haine et le persécutent avec tant de rage. N'est-il pas vrai que ce ‘’laïcisme’’ ressemble en tous points au plus pur catholicisme ?

En résumé ce laïcisme (tel que nous l'avons dépeint) n'existe pas, ni rien qui lui soit semblable. Ce qui existe, oui, c'est une poignée de catholiques laïques qui valent une armée et gênent singulièrement la secte catholico-libérale, qui a pour cela une raison très légitime et très justifiée de les détester.

Il y a plus encore.

1°- Le catholique laïque a toujours pu, il peut et doit, avec encore plus de raison aujourd'hui, prendre une part très active à la controverse religieuse, en exposant des doctrines, en qualifiant des livres et des personnes.

Il lui est permis d'arracher leurs masques aux visages suspects et de tirer droit aux blancs que d'avance l'Église lui a marqués. Parmi eux le blanc préféré doit être de nos jours l'erreur contemporaine du libéralisme et sa triste progéniture, son complice et son receleur, le catholicisme libéral, contre lequel le pape a dit cent fois que tous les bons catholiques, même laïques, devaient combattre sans cesse.

2° - Le fidèle laïque a toujours pu et peut aujourd'hui comme par le passé entreprendre, organiser, diriger, et mener à bonne fin toutes sortes d'œuvres catholiques, en suivant avec soumission la voie tracée par le droit canonique et sans autres réserves que celles imposées par ce droit. L'exemple d'un tel pouvoir nous est donné par de grands saints qui n'étaient que de simples laïques, et qui ont néanmoins créé dans l'Église de Dieu de magnifiques institutions de tout genre, et jusqu'à de véritables ordres religieux. Témoin François d'Assise : Il ne fut jamais prêtre. Que les anti-laïcistes en tombent en syncope : il ne fut jamais prêtre, il n'était pas même sous-diacre, mais simplement un pauvre laïque quand il jeta les fondements de son ordre. A plus forte raison on peut donc fonder un journal, une académie, un cercle, un cercle de propagande, sans autre obligation que de s'en tenir aux règles générales établies, non par le critère d'un homme quel qu'il soit, mais par la sage législation canonique, à laquelle tous sont soumis et tous doivent obéissance, depuis le plus grand prince de l'Église jusqu'au laïque le plus obscur.

3°- Dans les questions libres, il n'y a pour un journal, une association ou un individu, ni révolte ni insoumission à vouloir les résoudre d'après leur jugement privé.

Ce qu'il y a de très remarquable, bien que la chose n'ait rien d'extraordinaire, c'est que nous avons, nous les catholiques, à faire la leçon aux libéraux, à leur apprendre quelles sont les lois de la véritable liberté chrétienne, et combien la noble soumission de la foi est distincte du servilisme bas et rampant. Le confesseur n'a pas le droit d'imposer à son pénitent les opinions libres, encore qu'il les juge plus profitables et plus sûres ; il en est de même du curé à l'égard de ses paroissiens et de l'évêque vis-à-vis de ses diocésains, et il serait fort utile que nos savants contradicteurs relussent un peu Bouix, ou tout au moins le P. Larraga. Pour la même raison il n'y a ni crime, ni péché, ni même faute vénielle, encore bien moins hérésie, schisme ou autre infidélité que ce soit dans certaines résistances. Car il est des résistances autorisées par l'Église, et que pourtant nul ne peut condamner. Et tout cela sans préjuger si de telles résistances sont quelquefois non seulement permises, mais encore recommandables, non seulement recommandables, mais encore obligatoires en conscience ; comme il arriverait si de bonne ou de mauvaise foi, avec des intentions droites ou non, un supérieur voulait contraindre un inférieur à souscrire des formules, à prendre des positions, à tremper dans des connivences ouvertement favorables à l'erreur, désirées, ourdies et applaudies par les ennemis de Jésus-Christ. En ce cas le devoir du bon catholique est de résister à outrance, et de mourir plutôt que de céder.

C'est tout ce qu'il y avait à dire sur la question si débattue du laïcisme qui considérée sous son vrai jour et avec une connaissance moyenne de la matière n'est pas même une question. Si la théologie établie par les très graves frères du catholicisme libéral était certaine, il ne resterait pas grand-chose à faire au diable pour être maître du champ de bataille, parce que nous le lui livrerions de nos propres mains. Pour rendre tout mouvement catholico-laïque impossible dans la pratique, il n'existe pas de meilleur moyen que celui de le soumettre à des conditions telles qu'il en devienne moralement impraticable. En un mot, ce n'est là qu'un pur jansénisme, mais par bonheur ce jansénisme a laissé choir son masque.

 

XL

S'il est plus convenable de défendre in abstracto les doctrines catholiques contre le libéralisme que de les défendre au moyen d'un groupe ou parti qui les personnifie ?

Vaut-il mieux défendre in abstracto les doctrines catholiques contre le libéralisme que de les défendre en formant un parti qui les représente ? Cette question a été posée mille fois, mais assurément jamais présentée aussi nettement que nous osons le faire ici. La confusion des idées sur ce point, même pour beaucoup de catholiques vraiment sincères, a donné lieu à toutes ces formules d'union, en dehors ou avec abstraction de la politique, formules bien intentionnées sans doute chez quelques-uns, mais couvrant chez quelques autres d'astucieuses et perfides manœuvres.

Posons donc de nouveau la question en toute candeur et sincérité : vaut-il mieux défendre in abstracto les idées anti-libérales ou les défendre in concreto, c'est-à-dire personnifiées dans un parti franchement et résolument anti-libéral ?

Une bonne part de nos frères, ceux qui prétendent, quoiqu'en vain, rester neutres en politique, optent pour la défense abstraite. Quant à nous, nous soutenons résolument que non. A notre avis le meilleur moyen, le seul pratique, viable et efficace, c'est d'attaquer le libéralisme et de lui opposer les idées anti-libérales, non in abstracto mais in concreto, en d'autres termes, non de vive voix ou en écrit seulement, mais par le moyen d'un parti d'action parfaitement anti-libéral.

Nous allons le prouver.

De quoi s'agit-il ici ? Il s'agit de défendre des idées pratiques, et d'une application pratique à la vie publique et sociale, ainsi qu'aux relations des États modernes avec l'Église de Dieu. Or, lorsqu'il s'agit de chercher, avant tout, des résultats immédiatement pratiques, les meilleurs procédés pour atteindre ce but sont les procédés les plus pratiques. Eh bien ! le plus pratique ici n'est pas de défendre théoriquement les doctrines, mais d'aider et de soutenir ceux qui travaillent à les implanter sur le terrain pratique, de combattre, de discréditer, de réduire à néant, si c'était possible, ceux qui sur le même terrain pratique s'opposent à leur triomphe.

Nous sommes fatigués d'idéalismes mystiques et poétiques qui ne mènent qu'à une vague admiration de la vérité, si tant est qu'ils y mènent ! L’Église, comme Dieu, doit être servie spiritu et veritate : « en esprit et en vérité », cogitatione, verbo et opere : « par pensée, parole et action ». Le problème qui tient actuellement le monde dans l'angoisse, est brutalement pratique dans toute la force de l'adverbe souligné. Pour le résoudre, il faut donc moins des raisonnements que des œuvres, car : « l'amour est œuvres et non belles raisons », dit le proverbe. Ce n'est pas le bavardage libéral qui a principalement bouleversé le monde, mais le travail efficace et pratique des sectaires du libéralisme. Dieu et l'Évangile ont été dépossédés de leur souveraineté sociale de dix-huit siècles bien plus par la main que par la langue, c'est par la main plutôt que par la langue qu'il faut les replacer sur leur trône. Nous l'avons dit plus haut, les idées ne se soutiennent pas toutes seules, toutes seules elles ne font pas leur chemin, toutes seules elles ne mettent pas le monde entier en feu. Cette poudre ne s'enflamme que dans le cas ou quelqu'un en approche la mèche allumée. Les hérésies purement théoriques et doctrinales ont peu donné à faire à l'Église de Dieu, le bras qui brandit l'épée a mieux servi l'erreur que la plume qui aligne de vicieux syllogismes. L'arianisme n'eût rien été sans l'appui des empereurs ariens ; le protestantisme n'eût rien été sans la faveur des princes allemands désireux de secouer le joug de Charles V ; rien non plus l'anglicanisme, sans l'appui des lords anglais gagnés par Henri VIII avec les biens des chapitres et des monastères. Il est donc urgent d'opposer la plume à la plume, la langue à la langue, mais surtout le travail au travail, l'action à l'action, le parti au parti, la politique à la politique et même dans certaines occasions l'épée à l'épée.

Ainsi se sont toujours passées les choses dans le monde, ainsi elles se passeront jusqu'au dernier jour. Dieu pour l'ordinaire n'accomplit des prodiges en faveur de la foi que dans ses commencements, il veut que celle qui est descendue sur la terre pour y vivre humainement, et par les moyens humains dès qu'elle est enracinée dans un peuple, y soit défendue humainement et par des moyens humains.

Ce que l'on nomme un parti catholique, quel que soit d'ailleurs l'autre nom qu'on lui donne, s'impose aujourd'hui comme une nécessité. Ce qu'il représente est comme un faisceau de forces catholiques, un noyau de bons catholiques, un ensemble de travaux catholiques militant en faveur de l'Église sur le terrain humain où l'Église hiérarchique ne peut en bien des occasions descendre. Qu'on travaille à se donner une politique catholique, une légalité catholique, un gouvernement catholique, par des moyens dignes et catholiques, qui pourra jamais le blâmer ? L'Église au Moyen-âge n'a-t-elle pas béni l'épée des croisés, et de nos jours la baïonnette des zouaves pontificaux ? Ne leur a-t-elle pas donné leur drapeau ? Ne leur a-t-elle pas attaché sur la poitrine ses propres insignes? Saint Bernard ne se contenta pas d'écrire de pathétiques homélies sur la croisade, mais il recruta des soldats et les lança sur les côtes de la Palestine. Quel inconvénient y a-t-il à ce qu'un parti catholique se lance aujourd'hui dans la croisade permise par les circonstances : croisade du journalisme, croisade des cercles, croisade du scrutin, croisade des manifestations publiques, en attendant l'heure historique où Dieu enverra au secours de son peuple captif l'épée d'un nouveau Constantin ou d'un second Charlemagne ?

Nous serions bien surpris si ces vérités ne paraissaient pas autant de blasphèmes à la secte libérale ! Raison de plus pour qu'elles nous paraissent, à nous, les maximes les plus solides et les plus appropriées au temps présent.