samedi 25 octobre 2014

La « nouvelle messe » est-elle catholique?

Le 16 avril 1978
 
Défense de la TRADITION CATHOLIQUE
Troisième Dimanche après Pâques.
 
QUE PENSER de la « NOUVELLE MESSE » ?
 
La "nouvelle messe" est-elle catholique ?
 
L'hérésie qui l'a conçue marque profondément la "nouvelle messe". Il est normal que des théologiens protestants déclarent y retrouver leur propre li­turgie[1]. Nous devons donc I assimiler aux cultes non catholiques, car elle diffère essentiellement de la messe traditionnelle.
Voici comment, dans sa première rédaction, l'article 7 de la "présentation générale" du nouveau rite définissait la messe: "La Cène du Seigneur, autrement dit la Messe, est: la sainte assemblée du peuple de Dieu qui se réunit sous la présidence du prêtre pour célébrer le mémorial du Seigneur..." Une telle défi­nition est si opposée à notre Foi que Paul VI dut céder aux réclamations des fidèles et ordonner une autre rédaction de ce scandaleux article 7. Il avait, cependant, signé le premier texte qui révèle clairement l'intention hérétique des réformateurs. Et cette intention, qui commanda la falsification sacrilège du rite traditionnel, demeure dans ;'inflexion objectivement protestante du nouveau rite.
 
Aussi, le prêtre catholique, en utilisant ce rite, - hérétique dans son in­tention et dans la "texture" qui l'extériorise, - s'illusionne s'il croit alors célébrer la vraie messe; c'est à la cène protestante qu'il préside. Veut-il ef­fectivement dire la sainte messe catholique? Eh bien, qu'il observe le rite tra­ditionnel: il n'a aucune excuse de l'ignorer, il jouit d'un indult qui lui permet de s'en servir à perpétuité. il le sait pur de toute hérésie et de toute ambigüité. Agir autrement, c'est commettre un grave erreur, semblable à celle de l'homme qui prétendrait honorer Dieu en accomplissant des actes d'irrévérence et d'impiété.
 
Les fidèles peuvent-ils participer "activement"  le "nouvelle messe" ?
 
Puisque la "nouvelle messe" diffère essentiellement de la messe catholique, on doit la soumettre aux normes qui concernent la participation des fidèles aux cérémonies d'un culte non catholique (schismatique, hérétique, pa/en). Or, la loi de l'Eglise énonce à ce sujet un principe général (canon 1258, par. 1):
 
"Il est défendu aux fidèles d'assister activement de quelque manière que ce soit ou de prendre une part active quelconque aux cérémonies publiques d'un culte non catholique."
 
Commentant ce principe, dans son Traité de droit canonique (t. 3, Paris, Letouzey & Ané, 1948, p. 77), Raoul Naz écrit:
 
"Une telle participation est interdite, parce qu'elle implique profession d'une fausse religion et, partant, reniement de la foi catholique. Elle offre en tout cas, même si toute idée de reniement pouvait être écartée, un danger de perversion pour son auteur, un danger de scandale pour les fidèles et une approbation extérieure des croyances erronées qui inspirent les cuites dissidents."
 
Dans l'Eglise et hors de l'Eglise, se manifeste publiquement, depuis le concile, la conviction solidement établie selon laquelle l'amalgame du nouveau rite de la messe, de la nouvelle catéchèse, de la nouvelle pastorale et du mouvement œcuménique forme une nouvelle religion. La participation active à la "nouvelle messe" équivaut donc à la profession d'un autre credo, à l'apostasia de la foi traditionnelle, qui n'a pas cessé, qui ne peut pas cesser d'être la vraie foi.
 
D'autre part, même si, par ignorance ou irréflexion, quantité de fidèles et de prêtres ne s'en rendent pas compte immédiatement, cette participation active à la "nouvelle messe" comporte toujours un danger pour la foi; et, par l’approbation, donnée à l'hérésie qui l'a conçue, elle ne peut qu'induire en erreur et scandaliser (porter au mal, le mal de l'hérésie et du sacrilège) ceux qui en sont témoins. Au seul titre du danger qu'elle fait courir à la vraie foi, - danger reconnu par ceux-­là mêmes qui approuvent ou tolèrent le nouveau rite[2], - il est moralement interdit de prendre une part active à la célébration de la "nouvelle messe".
 
En effet, le canon 1324 souligne la grave obligation morale non seulement d'"é­viter la perversité de l'hérésie, mais aussi de fuir avec soir les erreurs qui s'en rapprochent plus ou moins". Et l'Eglise, qui n’oublie pas la signification objective de la conduite extérieure des fidèles, les avertit qu'en prenant part à un culte dissident, ils passent pour adhérer aux croyances erronées qui l'inspirent, et ils deviennent alors suspects d'hérésie (canon 2316).
 
C'est pourquoi, comme la participation active au. culte dissident de la "nou­velle messe" implique objectivement une attitude contraire à la vraie foi; comme cette attitude rend un fidèle suspect d'hérésie et, si elle persévère, équivaut à une profession ouverte des erreurs et ambiguïtés perverses qui caractérisent la réforme actuelle de toute la liturgie, il n'y a aucun doute que cette participation offense  gravement la Majesté infiniment sainte de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ.
 
Les fidèles peuvent-ils assister "passivement" à la "nouvelle messe" ?
 
Une fois acquise la certitude concernant le grave devoir de ne jamais parti­ciper activement à la "nouvelle messe", une autre question surgit à la conscience des fidèles: peuvent-ils, en certaines circonstances, y assister passivement, c'est-à-dire d'une manière purement matérielle et sans y prendre part ? Le problème se pose surtout lors de funérailles ou de mariages, auxquels la politesse ou l'honneur dû à un personnage suggère d'assister.
 
Pour le résoudre, nous avons un principe fourni par la législation de l'Eglise. Il se trouve au paragraphe 2 du canon 1258.
 
"La présence passive ou simplement matérielle des fidèles aux funérailles, aux noces ou autres solennités semblables des non-catholiques, par pure civilité ou en hommage envers une per­sonne, peut être tolérée; pour un motif sérieux, qu'on doit, en cas de doute, soumettre à l'ordinaire, et pourvu qu'il n'y ait aucun danger de perversion et de scandale."
 
Le droit ecclésiastique exige donc deux conditions un motif sérieux d'honneur ou de politesse, l'absence de risque de perversion et de scandale Se vérifient-elles dans le cas de la "nouvelle messe", qui, par une fraude monumentale, passe pour catholique et se célèbre universellement dans nos églises ? La première - une raison grave - peut se vérifier, même fréquemment, tandis que la seconde - absence de risque de perversion et de scandale - ne le peut jamais.
 
Soyons réalistes. La présence passive, occasionnelle et socialement motivée d'un catholique ; une quelconque cérémonie clairement identifiée comme non catholique ne soulève habituellement aucune difficulté, ni même aucun soupçon. Il en va tout autrement de sa présence passive â la "nouvelle messe", qui, sans être catholique, jouit, par la faute des autorités ecclésiastiques, d'une reconnaissance et d'un prestige publics absolument illégitimes. En y assistant, même d'une manière pure­ment passive, un catholique ne peut éviter de signifier, aux yeux des membres de "l'Eglise conciliaire" qui se croient abusivement fidèles, son approbation exté­rieure de leur nouvelle religion. Conscient de sa responsabilité, le catholique renseigné doit, en toute circonstance, refuser même sa présence passive â la "nouvelle messe".
 
En effet, vu que la foi catholique est aujourd'hui minée gravement, universelle­ment et sournoisement par les erreurs perverses de la nouvelle liturgie, un catholique n'a, en aucune circonstance, le droit de se rendre complice de cette entreprise de perversion. Au contraire, il lui faut non seulement dénoncer "avec mille langues" la conspiration de l'hérésie sacrilège, mais clairement affirmer la vraie et sainte doctrine eucharistique. Car "les fidèles du Christ sont tenus de professer ouvertement leur foi dans toutes les circonstances où leur silence, leurs hésitations ou leur attitude signifieraient une négation implicite de la foi, un mépris de la religion, une injure à Dieu ou un scandale pour le prochain" (canon 1325, par. 1).
 
Constatant l'actuelle "décomposition du catholicisme", selon l'expression du. R.P. Louis Bouyer, et la faillite scandaleuse de la révolution liturgique, les fidèles comprennent qu'ils ont le devoir grave de professer courageusement leur orthodoxie et que cette profession entraîne le refus décisif et absolu du nouveau culte, destructeur de la vraie foi.
 
Comment observer aujourd'hui le précepte dominical ?
 
Si pour persévérer dans la foi catholique, les fidèles ne doivent assister ni activement ni passivement à la "nouvelle messe", comment, dans les circonstances actuelles, observeront ils le précepte dominical ?
 
Entendu que l'objet du précepte dominical ne concerne et ne peut concerner que la participation à la messe catholique, les fidèles doivent la rechercher et ne pas hésiter à consentir de lourds sacrifices pour venir y assister, là où elle est encore célébrée. Par les sacrifices qu'ils s'imposeront pour prendre part à la messe de la tradition catholique, ils prouveront la vérité de leur foi et de leur amour envers Notre-Seigneur Jésus-Christ. S'il leur était réellement impossible de se rendre à la messe traditionnelle, le précepte dominical institué par l'Eglise tombe pour eux quant à son obligation morale, car "à l'impossible nul n'est tenu."
 
Toutefois, ils demeurent alors toujours obligés en conscience d'observer le troisième commandement de Dieu, qui leur fait un grave devoir de sanctifier le Jour du Seigneur. Lorsqu'il ne peut pas assister à la messe, un catholique sanctifie le jour du Seigneur, qui est le dimanche et non pas le samedi, d’abord en s'abstenant de toute œuvre servile et en passant cette sainte journée dans la prière et le recueillement. Les plus belles prières sont celles de la liturgie catholique; voilà pourquoi avant toute autre prière, il convient de lire dans son missel les prières de la messe dominicale, afin de s’unir ainsi par l’esprit et le cœur aux vraies messes qui se célèbrent ici et là dans le monde entier. S'ils sont empêchés, pour une raison ou pour une autre, de lire les prières de la messe dans leur missel, les fidèles peuvent toujours réciter avec dévotion le saint rosaire, en en médi­tant les mystères, sans omettre jamais de faire une fervente communion spirituelle.
 
C'est par leur fidélité à observer de cette manière le jour du Seigneur que, dans le passé, des communautés entières, privées de la messe et des sacrements catholiques[3], ont pu conserver bien pure leur foi, triompher des plus graves obstacles extérieurs à leur salut éternel, et même grandir sans cesse dans l'amour de Dieu en subordonnant tous leurs intérêts, même spirituels, à la conser­vation et ; la défense de la foi catholique.
 
 
Père Joseph, ermite de saint François



[1] Le n. 118 de la revue Concillium est entièrement consacré à la réhabilitation de Luther. En voici la conclusion: qui est du théologien Otto H Pesch: 

"En ce qui concerne la question du caractère sacrificiel de la messe et de la forme "liturgique de la célébration du repas du Seigneur, la théologie et la pratique liturgique ont pris au sérieux, d'une manière inespérée, la critique de Luther et créé une "célébration eucharistique qui correspond aux exigences du premier Luther réformateur. 

"En théologie et en liturgie, te caractère du sacrifice de la messe est devenu presque un adiophoron (une chose indifférente), parce que les reproches, décisifs de Luther n'ont plus d'objet... Bref, Luther est aujourd'hui, pour la théologie catholique, un témoin de la foi commune, aussi bien en direction du passé qu'en direction de l'avenir. Il est notre "maître commun", comme le disait le cardinal Willebrands, à Evian, en 1970."


[2] Comme l'abbé de Nantes, qui a écrit, "Nous sommes contre la Nouvelle Messe parce qu'elle renferme les intentions perverses de ses inventeurs, provoquant les simples fidèles à l'hérésie et les entraînant au schisme." (La Contre-Réforme catholique au XXe siècle, n. 60, sept 1972.  


[3] Au temps de l’arianisme, les catholiques fidèles - afin de ne communiquer en rien avec les hérétiques selon la doctrine même des apôtres (II Jean 10,11) ­- refusaient catégoriquement de participer à leurs messes et à leurs sacrements qui, étant célébrés par des prêtres validement ordonnés, pouvaient en certains cas réa­liser les strictes conditions de validité.
 

Plus près de nous, au temps de la rébellion protestante, dans les pays où elle a sévi, n'ont pu demeurer catholiques que les âmes qui opposèrent un refus absolu au nouveau rite de la messe célébrée par les prêtres passés au protestantisme. Il est à remarquer que ces prêtres étaient validement ordonnés, et il est bien possible qu’au début de leur évolution vers le protestantisme, leur messe équivoque ait pu satisfaire aux strictes conditions de validité: elle n'en demeurait pas moins un très grave sacrilège, étant une incitation à l’hérésie où elle a conduit effectivement. Pour ce qui concerne le triomphe de la Réforme protestante en Angleterre - conséquence d'une attitude de compromis des prêtres « conservateurs » qu'on lise: Michael Davie, Cranmer Godly Order, Augustine Publishing Co., Devon, 1976, surtout le chapitre 16: The Pattern of Compromise.
 

Veut-on, par contre, un exemple de résistance héroïque à la doctrine et à la liturgie de la Réforme en Allemagne, l'histoire nous a conservé, parmi bien d'au­tres, celui des moniales clarisses de Nuremberg Ces religieuses, afin de rester fi­dèles à la religion catholique, subirent toutes sortes de vexations et de persécutions tant du pouvoir civil que du pouvoir religieux: elles furent réduites au dénuement le plus absolu matériellement et spirituellement. "Elles demeurèrent, écrit le Père Ubald d'Alençon, cinq années privées de la sainte communion, n'ayant plus jamais de messe. Avec peine, le Père Léonard. Graf, ancien gardien de Bamberg ou un autre, venait les visiter. Finalement le temps éteignit les unes après les autres ces vies anémiées; qui finirent comme les lampes à bout d'huile, mais ayant donné jusqu’au bout une lumière pure et toujours brillante." (Leçons d’histoire franciscain, librairie Saint-François, Paris, 1918, p. 203).

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