lundi 27 octobre 2014

Mgr Gaume, sa thèse et ses défenseurs. Les classiques chrétiens et les classiques payens dans l'enseignement par LUIGY (L'abbé Alexis Pelletier)


Nous publions l'œuvre de l'abbé Alexis Pelletier qui est probablement la plus populaire. Malheureusement, ce prêtre est trop mal connu, il doit sortir de l'oubli et être étudié la plume à la main. Un livre (si Dieu le veut) fera son apparition en 2015 qui contiendra des œuvres pratiquement inédits de l'abbé Pelletier, sur la question des classiques et dans un futur que nous espérons pas trop loin sur le libéralisme. Demandons l'aide de la Sainte Vierge pour que l'Église Catholique reprenne son dû chez les âmes dans ce bas monde.


MGR GAUME,

SA THÈSE ET SES DÉFENSEURS.

 

LES CLASSIQUES CHRÉTIENS ET LES CLASSIQUES PAYENS DANS L'ENSEIGNEMENT

 

Par LUIGY(Abbé Alexis Pelletier)

1865

 

J'ai lu avec un vif intérêt et un très sensible plaisir la série d'articles publiés dans Le Courrier du Canada, sous le titre de Christianisme et Paganisme. C'est, à mon jugement, un magnifique et splendide plaidoyer en faveur de la thèse de Mgr Gaume ; et je ne sais ce qu'on doit admirer le plus, ou de la profondeur des vues qui y sont émises, ou de la puissante érudition, tant  ecclésiastique que profane, qui s'y déploie avec la majesté d'un beau et grand fleuve.

 

La discussion, soulevé, à l'Institut de Montréal, touchant les causes de la Révolution française, a encore fourni à ce journal l'occasion de mettre dans un nouveau jour, en précisant davantage, un des points les plus culminants de cette importante question, je dirai mieux, de cette question vitale. Je félicite donc de tout cœur Mr. le Rédacteur du Courrier du Canada de l'heureuse inspiration qu'il a eue. Qu'on me permette ici d'exprimer un regret : il me semble qu'il y a une lacune dans ce travail. J'aurais désiré qu'on nous eut un peu fait connaître ce qu'est Mgr Gaume, quelles sont les sources où il a puisé les idées renfermées dans son système d'enseignement, et enfin quelles sont les autorités favorables à ce système.

 

Je sais bien que la thèse, telle qu'elle a été exposée, se recommande d'elle-même. Il devrait suffire d'avoir quelque teinture des Livres Saints, de l'histoire ecclésiastique et profane, de sentir battre dans sa poitrine un cœur chrétien, pour lui donner une entière et complète adhésion.

 

Toutefois, on n'ignore pas que les préjugés, issus de l'éducation première, exercent une influence considérable sur les meilleurs et les plus solides esprits, et que cette influence est d'autant plus forte que les préjugés datent de plus loin. Or, les préjugés en faveur du système actuel d'éducation, qui veut que les jeunes gens consument les plus précieuses années de leur vie à pâlir sur les livres païens, sont des préjugés qui remontent à trois siècles. Tout ce qu'on a eu le soin de nous faire lire, tout ce qu'on a jugé nécessaire de nous dire en matière d'éducation se résume à ceci : Les génies païens sont nos maîtres en tout ; leurs œuvres sont les dernières limites de la perfection dans le genre. Et nous, dans un âge où la foi tient lieu de raison et où les impressions déteignent si fortement sur l'âme et s'y gravent en caractères presque ineffaçables, de nous incliner avec respect et de recueillir religieusement de pareils oracles. C'est à un point tel, qu'après l'Evangile, nous ne connaissons rien de plus respectable que les œuvres de Platon et de Cicéron, de Virgile et d'Homère, de Pindare et d'Horace, et encore pour la forme les plaçons-nous bien au-dessus de nos Saintes Ecritures. Il y en a même eu, et ils étaient loin de se regarder comme ignares, qui ont eu la bonhomie de penser que Platon, s'il lui eut été donné de vivre encore quelques années, aurait révélé la religion chrétienne au monde ébahi.

 

On n'ignore pas encore que Mgr Gaume ne nous est guère connu que par ce qu'en ont ait ses adversaires, et, entr'autres aménités qu'ils ont fait parvenir à son adresse, ils n'ont pas oublié les épithètes d'utopiste, de novateur, d'exalté, d'exagéré, voir même d'insulteur de l'Eglise. Je ne dirai rien des fausses et malveillances interprétations qu'on a fait jaillir d'idées très clairement exprimées pourtant ; cet examen des mille et une petites ruses en usage dans les guerres à. coup de plume nous entraînerait trop loin.

 

Ces quelques réflexions me semblent justifier le .léger reproche que j'ai fait en commençant à Mr. le Rédacteur du Courrier du Canada, de ne nous avoir pas fait connaître Mgr Gaume; non plus que ses respectables défenseurs et les fondements qui servent à étayer son système. Elles me font de plus espérer qu'on me verra avec plaisir exposer ce que, dans mon humble opinion, je regarde comme indispensable pour .compléter le travail, déjà si palpitant d'intérêt, qui a été publié dans le Courrier du Canada.

 

On a dit, et sur tous les tons, que Mgr Gaume est un exalté, un exagéré, un homme à idées singulières. Soit. Mais à présent que les adversaires de cet illustre auteur veuillent bien examiner un instant avec moi certains de ses ouvrages où n'est pas traitée la question des classiques, son Manuel des Confesseurs, par exemple. Oh ! ici nous nous trouvons parfaitement d'accord pour louer et admirer. Nous n'hésitons pas à dire que ce Manuel est une œuvre unique, parfaite, si excellente que c'est quasi un devoir pour tout prêtre de le lire aussi assidûment que l'Ecriture Sainte. Nous proclamons encore que ce livre, ne fût-il qu'une pure compilation eût exigé comme tel dans son auteur une science, une érudition, une prudence, une sagesse, un esprit de discernement, un bon sens pratique chrétien plus qu'ordinaire.

 

Qui n'admirerait encore Les Trois Rome qui décèlent une étude si approfondie, une connaissance si parfaite des temps anciens et surtout des premiers âges de l'Eglise ? Et sans parler de plusieurs autres livres excellents, sortis de la plume du même auteur, ne suffit-il pas de nommer l'Histoire de la Société domestique, le Signe de la Croix au dix-neuvième siècle, que S. E. le cardinal prince Altiéri, préfet de la S. C. de l'Index., appelle un livre admirable, et particulièrement ce beau Catéchisme de Persévérance qui a conquis une popularité européenne et même américaine. Souvenons nous enfin que Grégoire XVI, dans un Bref adressé à Mgr Gaume et par lequel il le crée Chevalier de l'ordre de la Milice Dorée, lui dit, après les éloges les plus flatteurs donnés à ses grands talents et à sa piété, que ses ouvrages n'ont pas rendu un médiocre service à la religion.

 

Quand donc un prêtre, aussi grave, aussi savant, aussi zélé, aussi expérimenté que l'est celui qui a doté la bibliothèque chrétienne de ces précieux ouvrages, entreprend de parler de la réforme à opérer dans l'enseignement, on doit à priori, raisonnablement supposer qu'il n'a point entrepris de traiter une question de cette importance, sans savoir ce qu'il disait, sans faire de longues réflexions et de sérieuses études, sans prendre de nombreux et surs conseils Un bon sens, assez peu cultivé même, nous dit qu'il faut tenir compte de tout un ensemble de faits lorsqu'il s'agit de mesurer l'estime qu'on accorde à quelqu'un. Si les adversaires de Mgr Gaume eussent daigné suivre ce dictamen de la commune raison, ils n'auraient pas été aussi prompts à s'écrier qu'ils ne voyaient dans sa thèse contre le paganisme dans l'enseignement, qu'un amas d'accusations dont le titre seul révèle l'inanité, des témérités d'opinion et de langage, des emportements d'esprit, des déclamations violentes, bonnes seulement à produire le trouble et le scandale, enfin, une aberration.

 

Qu'est-ce donc maintenant que cette thèse de Mgr Gaume qui a soulevé en Fiance de si chaudes et de si vives discussions ? Cette thèse ? Elle se résume à dire : eu égard aux penchants de l'homme déchu, eu égard surtout à l'état du monde actuel, païen dans le luxe et l'immodestie de ses habits, païen dans sa littérature dont le fonds est ou puéril ou immoral, païen dans ses arts d'agrément, qui ont fait servir le pinceau, le ciseau, la musique à reproduire des objets que la pudeur ne nomme pas, à exalter des sentiments dont la présence est une souillure, païen dans sa philosophie qui ne tend qu'à émanciper la raison individuelle, païen dans sa politique qui nie les droits de Dieu en proclamant ceux de l'homme, qui veut le règne de la démocratie pure et l'anéantissement de toute influence religieuse sur le pouvoir civil, païen enfin dans toutes ses aspirations qui sont grossières, terrestres, bestiales, il est d'une extrême importance de nourrir la jeunesse chrétienne et catholique de christianisme et de catholicisme.

 

Mgr Gaume fait ensuite voir de quel contre-bon sens l'éducation se rend coupable depuis trois siècles en donnant, pour précepteurs et pour modèles, à des âmes baptisées toute cette pléiade de prétendus grands hommes de l'antiquité qui, sans en excepter le divin Platon et l'immaculé Cicéron, peuvent tous être désignés par ce mot d'un Père de l'Eglise: Animalia gloriæ et voluptatis. Il nous révèle les ignominies de ces grande modèles de perfection humaine et nous fait voir que tous leurs mouvements, au lieu de tendre vers en haut, tendent vers ce qu'il y a de plus bas ; qu'au lieu de s'élever comme l'aigle, ils rampent comme la chenille; qu'au lieu de se nourrir comme l'abeille du suc parfumé des fleurs, comme la mouche stercoraire ils s'abattent sur l'ordure. Pas une violation de la plus sainte des lois devant laquelle ils reculent ; pas une souillure qu'ils s'épargnent.

 

Voilà probablement ce qui a mérité à Mgr Gaume le titre d'insulteur de l'Eglise, et en effet il y avait de quoi. Passe pour jeter une poignée de boue à la face d'un saint Père avec un sourire niaisement impie, ce n'est là qu'une peccadille ; mais attaquer Cicéron ! Platon !! le divin Platon !!! oh ! pour le coup un tel attentat doit exciter une indignation universelle ; c'est un attentat trois fois sacrilège !

 

Qu'est-ce encore que la thèse de Mgr Gaume ? C'est un long et magnifique commentaire de l'uni des décrets du Ve concile général de Latran qui déclare que la philosophie et la littérature païenne sont inftectes dans leurs racines, et qui n'en permet l'étude qu'après avoir exigé des précautions infinies ; c'est la démonstration parfaite, histoire en main pour prouver par des faits nombreux les terribles ravages exercés dans le monde moderne par la mise en honneur du paganisme gréco-romain, de la sagesse divine qui inspirait le Saint Concile de Trente quand dans la VIIè des X règles de l'Index, éditées par son ordre, il défendait pour aucune raison de laisser lire aux enfants, même sous prétexte d'élégance de style et de langage, les livres des païens qui renferment des choses lascives et obscènes.

 

Il importe encore de signaler ici que l'Eglise avait formulé cette thèse, même dès les premiers siècles de son existence, par l'organe de ses membres les plus saints et les plus éclairés, je veux dire les Saints Pères. C'est ce que reconnaît Rollin lui-même, tout saturé de paganisme qu'il était lorsqu'il dit : "La lecture des poètes, condamnée si unanimement par les Pères, et même par les païens, peut-elle donc être permise dans les écoles? (Tr. des Et. p. 576.) Pour abréger, je n'en citerai que deux : saint Augustin et saint Jérôme. Le premier, qu'on ne traitera certainement pas d'esprit léger, regarde la coutume où l'on était, de son temps, d'expliquer les fables des poètes dans les écoles chrétiennes comme un funeste torrent auquel personne ne résistait, et qui entraînait les jeunes gens dans l'abîme éternel. (Conf. lett. ch. XVI.) Le second ne craint pas de qualifier très énergiquement l'ensemble de la philosophie et de la littérature païenne, en l'appelant nourriture des démons.. Cibus est, dæmoniorum, sæcularis philosophia, carmina poetarum, rhetoricorum pompa verborum (Lt.,Hier. Epist. ad. Dam. de decob. filiis opp. t. IV, p. 153).

 

Ces textes sont précis, comme on le voit, et vont directement au but ; ils ne permettent guère de regimber. Toutefois on a trouvé le moyen de leur faire signifier toute autre chose que ce qu'ils veulent dire, pris dans-leur sens naturel, et l'on a même eu le courage de composer de gros volumes pour prouver que donner la préférence aux classiques chrétiens sur les classiques païens, loin d'être conforme à l'esprit de l'Eglise, était en complète opposition avec lui, et que par conséquent les ouvrages de Mgr Gaume contre le Paganisme dans l'éducation était digne de censure. Il fallait une pareille sortie pour faire briller la vérité dans tout son jour. Aussi Mgr Gaume alla-t-il lui-même à Rome soumettre à la Congrégation de l'index les ouvrages où il avait traité la question des classiques, et, quelques temps après, le Père Cirino, consulteur des clercs réguliers, lui fit parvenir la consultation suivante :

 

"Monsieur et très respectable abbé, les principes de foi et de zèle, qui vous ont inspiré le rare courage de soulever une question aussi utile et aussi délicate qu'est la question de l'abus des classiques païens dans les écoles seront infailliblement reconnus et admirés de quiconque voudra se procurer l'avantage de lire ce que vous avez publié à ce sujet.

 

'"Attaquer de front une coutume invétérée et universelle a paru à quelques-uns une présomption et une injure envers l'Eglise. Rassurez-vous cependant ; car d'un autre côté des personnages, non point en petit nombre ou obscurs, mais en grand nombre et on ne peut plus distingués, vous encouragent, vous secondent et se font vos compagnons d'armes dans cette guerre contre le paganisme, infiltré dans l'éducation et débordé contre les sociétés modernes.

 

"Empêcher les jeunes gens qui doivent étudier le grec et le latin de puiser leurs premières idées dans les auteurs païens, desquels, excepté la langue, on n'apprend rien de bon et dont on peut apprendre beaucoup de mal, et d'autre part, leur mettre entre les mains des livres chrétiens où, tout en apprenant une langue, qui est aussi une langue grecque ou latine, l'esprit et le cœur des enfants, faciles à recevoir et fidèles à retenir les premières impressions, se pénètrent, presque sans s'en apercevoir, de religion, de vertu, de piété, qui,. en fin de compte, sont l'essentiel de la vie morale de l'homme : rien de tout cela assurément ne peut être appelé un outrage à l'Eglise. Je dirai plutôt que c'est un moyen de seconder ses vues.

 

" Il me semble que c'est faire trop d'honneur à Homère et à Virgile, à Démosthène et à Cicéron, que de déclarer l'Eglise solidaire de l'injure qu'on leur fait en les bannissant de quelques écoles. Je ne sache pas que l'Eglise ait jamais fait de canon pour sanctionner une règle, un programme d’étude élémentaire. Aussi, chaque évêque, chaque congrégation religieuse, a pleine liberté de suivre telle méthode qu'elle reconnaît plus appropriée aux circonstances des temps et plus conforme à la pratique des lieux, ou bien d'introduire un système qui lui soit tout à fait propre. Dans ce dernier cas, ce serait une nouveauté, jamais une injure aux autres évêques ou aux autres congrégations, bien moins encore à l'Eglise.

 

"L'Eglise n'a pas imposé l'usage des classiques païens, elle l'a toléré. Elle ne regardera donc pas comme une injure si on éloigne d'elle ce qui était en elle, mais qui ne venait pas d'elle. L'usage des classiques païens fut imposé par les exigences du siècle, et à grand regret adopté par les pasteurs spirituels. Que ne fit pas saint Charles pour exclure du programme d'études de son séminaire les auteurs païens ? Par une prudente condescendance, il dut cependant tolérer qu'on les y introduisit".

 

On sait en effet que la crainte, hélas ! trop fondée, de voir la jeunesse milanaise prendre le chemin des universités et des gymnases protestants, où régnaient Homère et Virgile, contraignit saint Charles à modifier son premier plan.

 

Le Père Cérino termine en disant : "Pour conclure je dirai à Votre Révérence que, suivant ma manière de voir, elle peut sans inquiétude, sans difficulté ou inconvénient soutenir sa thèse, laquelle seconde les vues de l'Eglise, loin de les contrarier".

 

Voilà ce qui peut s'appeler un témoignage fort explicite en faveur de la thèse ; il part de haut comme on voit, et de toute son autorité il confirme l'interprétation qu'a donné Mgr Gaume aux paroles des Saints Pères, aux actes solennels de l'Eglise dans les conciles de Trente et de Latran.

 

Mais voici bien autre chose ; une voix part encore de plus haut et parle absolument dans le même sens que celle que nous venons d'entendre. C'est à décourager tous les représentants des vieilleries païennes. En réponse à une lettre de S. E. le Cardinal Gousset, partisan zélé du plan d'études de Mgr Gaume et qui l'a même adopté pour tous les séminaires de son diocèse, comme nous le verrons tout à l'heure, le cardinal Antonelli écrivait de Rome le 30 Juillet 1852 :

 

"Eminentissime et Révérendissime Seigneur, outre le grand prix que j'ai coutume d'attacher aux communications de Votre Eminence, celle que vous avez adressée, sous le pli du 13 du courant, à propos de la fâcheuse divergence qui s'est récemment élevée en France, sur le choix des livres pour l'enseignement littéraire, a une extrême importance.

 

"La parfaite connaissance, que l'on a de la sagesse et du profond discernement qui distinguent votre Eminence, était déjà une raison plus que suffisante de compter sur la justesse et l'étendue de vos vues dans l'appréciation de la susdite controverse. Cette assurance, conçue d'avance, et que le Saint Père, à bon droit, partageait avec moi a été parfaitement confirmée.

 

"En applaudissant hautement à l'intérêt que Votre Eminence a attaché à cette affaire, et qu'elle a fait servir avec un zèle et une sagesse admirables à atteindre un but pleinement conforme aux vues du Saint Siège, je suis heureux de vous offrir en même temps l'assurance du profond respect avec lequel je vous baise humblement les mains".

L'année suivante, 1858, la thèse de Mgr Gaume recevait de Rome l'approbation la plus encourageante, bien qu'implicite, par la confirmation de tous les actes et décrets du concile d'Amiens, tenu le 10 janvier de cette année sous la présidence de S. E. le Cardinal Gousset. Voici les décrets de ce concile relatifs à l'éducation. La citation est longue, mais comme le concile parle d'or, je crois qu'on la lira avec un sensible plaisir.

 

Voici quel est le principe fondamental qui doit présider au régime des écoles ; le but de l'Education est de former les jeunes gens à la vie chrétienne surtout, et en même temps à la vie civile et aux sciences qui s'y rapportent. Les collèges, qui sont pour les enfants comme une seconde famille, ne doivent pas satisfaire moins parfaitement à ce devoir que l'éducation domestique à laquelle ils suppléent.

 

"Pour que les écoles soient vraiment dirigées vers cette fin, il ne suffit pas que les jeunes gens assistent aux instructions religieuses qui leur transmettent la connaissance des vérités surnaturelles, mais il est nécessaire en outre que les sciences naturelles qu'ils apprennent dans les classes non seulement ne nuisent pas à la culture chrétienne des esprits, mais lui servent et en dépendent, de sorte que la religion soit comme une âme qui donne le mouvement à la masse des études et se répande dans tout le corps de l'enseignement.

 

"Cet ordre a dû sans doute être toujours suivi dans l'éducation de la jeunesse, mais les conditions du .temps présent l'exigent plus strictement encore, car il n'est rien que l'éducation ne doive tenter pour rendre les jeunes gens fermes et robustes dans la foi, puisqu'au sortir des écoles ils sont entourés de tous côtés par les séductions et les assauts des mauvaises doctrines.

 

"Dans cette organisation chrétienne des études, il faut porter une attention spéciale sur trois grandes parties de l'enseignement qui embrassent les lettres, l'histoire et la philosophie. Leur sage direction dépend d'une vérité que les professeurs doivent méditer avant tout, et sur, laquelle roule toute éducation chrétienne, savoir que l'ordre naturel et l'ordre surnaturel, quoique essentiellement distincts, sont tellement unis chez les chrétiens, que, par suite de cette union, l'ordre naturel reçoit de l'autre des lumières supérieures, qui le pénètrent et le perfectionnent de diverses manières".

 

"Ainsi, dès le début, nous voyons les Pères du concile désapprouver cette séparation qui, cependant, fait le fond, la base et l'essence de toute la philosophie actuellement enseignée. En effet, on fait une profession ouverte de n'enseigner en philosophie que ce qui peut être découvert par les seules forces de la Raison.

 

"Les Pères du concile continuent en disant : "Et d'abord, dans la littérature, on voit briller les éléments du beau naturel, que le génie de l'homme perçoit et élabore par ses propres forces. Ce genre de beauté se fait remarquer dans un grand nombre d'ouvrages païens, où il consiste, en grande partie, dans un soin exquis de la forme et dans un art merveilleux. (Remarquons ici en passant que le beau naturel, que les Pères du concile reconnaissent exister dans un grand nombre d'ouvrages païens, est surtout le beau de la forme ; ils ne préconisent pas les idées que revêtent ces belles formes). Mais après que l'Évangile eut éclairé et échauffé les âmes, lorsqu'il eut ouvert à l'intelligence et au coeur de l'homme des régions plus hautes et de plus vastes espaces, on voit apparaître un nouvel ordre de beauté surnaturelle, qui, plus sublime en soi, perfectionne la substance de l'autre ordre, et, tout en recevant les formes du beau naturel, produit néanmoins une expression qui lui est propre, comme le prouvent une foule de livres, de poèmes et de discours, dans lesquels éclate la majesté du génie chrétien. Les professeurs ne doivent donc pas expliquer les monuments de la littérature païenne sans exposer aussi les principes et les modèles de la littérature chrétienne, en ayant soin de bien faire remarquer l'influence des éléments qui lui sont propres.

 

"Il faut en dire autant de l'histoire. On retrouve chez tous les peuples les éléments naturels de la société civile, savoir : la famille, le mariage, les relations des parents et des enfants, la distinction des riches et des pauvres, les droits publics et privés, le pouvoir et l'obéissance, et tout ce qui dérive de cet ordre de choses. Mais il est évident que chez les peuples éclairés par la lumière surnaturelle de I'Evangile, ces termes ont une signification, à certains égards, différente de celle qu'ils avaient dans les ténèbres du paganisme, et que la notion chrétienne de ces éléments sociaux, non seulement diffère beaucoup des idées corrompues qui dominaient chez les païens, mais aussi qu'elle est bien supérieure aux notions même justes qu'ils pouvaient concevoir par la seule lumière naturelle. D'où il suit que les principes de la société civile, élaborés et comme transformés par la vertu de la révélation évangile, ont été élevés à un degré supérieur de dignité et d'excellence. Que les professeurs d'histoire n'épargnent donc aucun soin pour faire saisir graduellement à leurs élèves cette union des éléments naturels et de l'élément surnaturel, ainsi que les merveilleux effets qu'elle a produits.

 

"Quant à la philosophie, (redoublons ici d'attention) il y a sans doute dans les écoles catholiques, plusieurs éléments que les forces de l'esprit humain ont fourni même aux philosophes païens ; mais il y en a d'autres qui ne dérivent pas de cette unique source. Il est très faux de dire que l'enseignement de la philosophie soit chez nous le produit de la seule raison naturelle.

 

"Car les professeurs ont, dans la doctrine catholique, une règle qui leur indique les thèses à rejeter, et qui les avertit en outre que tel ou tel raisonnement renferme quelque chose de vicieux, par cela même qu'il conduit à des conclusions contraires aux dogmes. De là vient que, dans les écoles catholiques, il y a un parfait et solide accord sur plusieurs vérités démontrées par des arguments philosophiques, vérités sur lesquelles on ne trouve que le doute ou les plus grandes discussions dans les écoles auxquelles la lumière de la foi ne sert pas de flambeau. Ceux donc qui soutiendraient que les leçons de philosophie dans les collèges catholiques doivent être faites de telle sorte qu'on s'y tienne en dehors de la lumière surnaturelle, rêveraient une abstraction purement fictive, ou, si cette abstraction avait réellement lieu, les enseignements philosophiques, perdant l'unité qu'il y a dans nos écoles, s'égareraient à la suite de doctrines diverses et étrangères, et le plus souvent se laisseraient emporter à tout vent de doctrine, comme il arrive dans les écoles qui sont en dehors de notre influence.

 

"Il y a plusieurs notions sur Dieu et Ses attributs, sur l'origine de l'univers, la Providence, la religion, les vertus, la fin de l'homme, que les philosophes chrétiens, après qu'ils les ont apprises de la révélation, prouvent par leurs arguments, mais qui n'ont pas été inventées par la philosophie humaine.

 

"La philosophie, étant donc unie de plusieurs manières avec la lumière surnaturelle de la Révélation, étant dirigée, vivifiée et agrandie par elle, on livrerait l'esprit des jeunes gens à une bien dangereuse illusion sur les forces de la Raison, si leur enseignement était conçu de telle sorte dans nos écoles qu'ils pussent attribuer à l'opération de la Raison seule, la droite méthode, le progrès et la perfection de l'enseignement philosophique. Les professeurs doivent donc leur faire comprendre que cette science, à divers égards, n'est pas chez nous celle qu'un philosophe formerait en employant le seul secours de l'esprit humain ; mais celle que la théologie, fondée sur la Révélation, éclaire, régularise et complète".

 

Après avoir posé ces règles générales, le Concile en vient à des dispositions particulières sur les parties fondamentales qui composent un cours d'études classiques. Nous ne citerons que celles lui ont trait aux études littéraires.

 

"Nous estimons, dit-il, qu'un grand nombre d'ouvrages chrétiens, latins, grecs et français, écrits avec talent, doivent être adoptés comme livres classiques, dans les écoles de notre province, soit par extraits, soit entiers, s'ils ne sont pas trop longs ; et que cette mesure doit être exécutée de telle sorte que les âmes des jeunes gens soient abondamment abreuvées de ces eaux vivifiantes dans le cours de leur éducation littéraire, et qu'elles puisent assidûment l'esprit chrétien dans un commerce familier avec ces auteurs.

 

"Et en effet, si l'on fait attention à l'influence contagieuse de ce siècle, il est à craindre que ces jeunes intelligences ne puissent être pendant plusieurs années, dans un contact journalier avec les maximes, les exemples et l'esprit de la littérature païenne, sans que bien souvent la constitution chrétienne des esprits ne soit affaiblie en respirant cette atmosphère, et qu'au sortir des écoles ils ne soient, pour cette raison, trop peu en état de repousser les séductions des mauvaises doctrines, à moins que, grâce à la sage fréquentation des auteurs chrétiens, une inspiration religieuse, vivace, n'ait corroboré ces esprits de sa continuelle influence".

 

Je le demande, qu'eussent dit les Pères de ce concile s'ils avaient eu à s'occuper de l'éducation qui doit répondre aux besoins d'un pays comme le nôtre, où la foi est attaquée par tant de mauvaises doctrines, surtout par les funestes doctrines du protestantisme ?

 

Ils ajoutent : "Il faut remarquer en outre que beaucoup d'enfants, admis dans les établissements d'éducation, viennent de familles médiocrement chrétiennes ; qu'après avoir achevé leurs études, ils sont lancés au milieu d'une société qui ne s'appuie plus comme autrefois, sur des institutions catholiques ; qu'enfin livrés à des études ou à des fonctions, d'où la religion est maintenant absente, ils sont privés des secours puissants au moyen desquels, dans les siècles passés, l'éducation chrétienne de la jeunesse adulte se continuait jusque dans la virilité. Pour cette raison, quand elle serait seule, il faut profiter avec plus de prévoyance des précieuses années passées au collège, afin que, même dans l'enseignement littéraire, l'enfance soit continuellement nourrie de notions, de sentiments et d'exemples chrétiens, et que l'âme tendre des adolescents, jetée dans un moule chrétien, en reçoive profondément l'empreinte à l'âge où elle offre le moins de résistance à la forme qu'on doit lui imprimer.

 

"Nous sommes persuadés que cette manière d'enseigner peut être adoptée comme salutaire, sans qu'on fasse injure par là aux usages reçus pendant une longue série d'années dans les collèges catholiques. Les annales de l'Église nous font voir en effet que bien des choses qui, à certaines époques, ne renferment rien de funeste, deviennent ensuite, quand les circonstances sont changées, dangereuses ou même nuisibles.

 

"Après avoir posé ces principes, qui tiennent à l'essence de la méthode à suivre dans l'enseignement des lettres, nous laissons de côté les questions littéraires, dont nous n'avons pas à nous occuper. Nous voulons seulement repousser des assertions injurieuses à l'Eglise que nous avons vues se produire à l'occasion de controverses qui ont eu lieu sur ce point. Il n'est pas possible de passer ici sous silence l'opinion de quelques écrivains ennemis de la religion catholique, qui, pour recommander l'emploi à peu près exclusif de la littérature païenne dans les collèges, affectent de mépriser comme barbare la langue qu'on retrouve dans les meilleurs écrits des Pères, et qui a été consacrée par la liturgie même de l'Église. Ils ne comprennent pas qu'en conservant les éléments et les locutions de l'idiome antique, l'Eglise catholique a formé avec eux une langue élaborée de telle sorte qu'elle s'adapte d'une manière intime aux sentiments chrétiens et aux objets qui !es inspirent. Ces écrivains devraient rougir d'outrager celte sainte Mère, qui, héritière et gardienne de la Parole divine, s'est toujours montrée la nourrice soigneuse et la sage protectrice de toutes les sciences humaines qui servent à dissiper la barbarie. Éloignons donc de nos écoles une assertion également fausse et indécente qui offenserait les oreilles des élèves et scandaliserait leurs âmes".

 

Encore une fois rappelons-nous que les actes et décrets du Concile d'Amiens doivent être reconnus exempts d'erreur, puisqu'ils ont été examinés et révisés par Rome, avec toute la maturité et gravité ordinaire en pareille circonstance. Grâce donc aux Pères du concile d'Amiens, la cause des classiques chrétiens est gagnée sans exclusion complète des classiques païens, et sans aucun détriment pour la perfection des études littéraires. Ce résultat est le seul qu'ait ambitionné Mgr Gaume.

 

Outre ces approbations si solennelles et qui émanent de l'autorité la plus haute et la plus compétente en pareille matière, Mgr Gaume a encore reçu toutes celles des intelligences d'élite qui, comme M. Alberdingk Thyim, le grand catholique de Hollande, l'immortel Pugin et le pieux lord Philipps, en Angleterre, le célèbre publiciste baron Moy de Sens, le docteur Reithmeier, en Allemagne, Donoso Cortès, en Espagne, Louis Veuillot et Montalembert, en France, l'abbé Martinet, le R. P. Ventura et tant d'autres l'ont honoré de toutes leurs sympathies et encouragé de tous leurs efforts dans sa lutte contre le paganisme dans l'éducation.

 

Les paroles de Donoso Cortès sont trop remarquables pour ne pas être citées. Il écrivait â Mgr Gaume, le 25 avril 1851, la lettre suivante : "Mon cher ami, votre ouvrage, le Ver Rongeur, est excellent. Il n'y a que deux systèmes possibles d'éducation : le chrétien et le païen. La restauration du dernier nous a conduits à l'abîme dans lequel nous sommes, et nous n'en sortirons certainement que par la restauration du premier. Cela veut dire que je suis complètement d'accord avec vous. Il faut que votre ouvrage soit publié et répandu. L'exécution répond au but : vous êtes toujours clair, logique, perspicace, et personne jusqu'ici n'a mis si décidément le doigt dans la plaie".

 

Et cette autre lettre qu'écrivait à Mgr Gaume, le 6 décembre 1857, un des plus nobles enfants de l'Angleterre, pourrions-nous la passer sous silence ? Impossible, dut-on nous accuser de citer trop souvent ; voici ce qu'on y lit à propos de La Révolution, récent ouvrage de Mgr Gaume, en douze volumes, qui est le magnifique développement de la thèse soutenue dans le Ver Rongeur, et d'où, M. le Rédacteur du Courrier du Canada a extrait les belles pages qui font connaître les causes de la Révolution française : "Laissez-moi vous dire une parole sur votre œuvre. Ayez courage, mon cher ami. Dieu, je pense, vous a suscité, comme Jean-Baptiste dans l'esprit d'Elie, pour préparer les voies du Seigneur et prêcher la pénitence à toutes les nations chrétiennes qui ont offensé Dieu en beaucoup de choses, mais surtout, et avant tout, par ce péché abominable d'avoir restauré le damnable art païen en couvrant l'Europe des exécrables représentations de la mythologie idolâtrique des païens, et en étudiant plus les ouvrages des auteurs païens que ceux des auteurs illuminés de l'esprit de Dieu et des sublimes vérités de son Eglise catholique. Votre glorieux ouvrage a levé l'étendard. Déjà ce livre a eu un immense retentissement dans toute la chrétienté, ici, en Angleterre surtout. J'ai entendu un des premiers ministres de la Reine dire en propres termes : Oui, M. Gaume a mille fois raison ; et si le catholicisme est vrai, nul Homme ne peut contester sa thèse.

 

"Même dans nos grandes universités d'Oxford et de Cambridge, les hommes les plus éminents commencent à voir et à proclamer que vous êtes logique, que vous avez raison, que ce que vous dites est incontestable. Que vous rencontriez une grande opposition, c'est tout naturel. L'orgueil des hommes en est la cause ; ils n'aiment pas à fléchir tout d'un coup. Il est difficile de chasser le démon qui a si longtemps possédé l'esprit public des nations chrétiennes. Et aussi, Dieu, je pense, permet cette opposition afin de faire éclater davantage la logique de votre argument, et afin que tous ceux qui travaillent pour cette grande réforme s'affermissent dans l'humilité et dans le sentiment de leur propre néant".

 

"J'ai fait lire La Révolution, dit encore à Mgr Gaume un savant théologien de Rome, à l'un de vos plus chauds adversaires. En me la remettant il m'a dit : La négation n'est plus possible, la démonstration est mathématique".

 

Ajoutons que les journaux de toutes les parties de l'Europe, les mieux inspirés et qui ont toujours été les organes les plus accrédités de la presse catholique se sont empressés d'annoncer La Révolution de Mgr Gaume, d'en rendre le compte le plus avantageux, et surtout, ils ont conjuré tous les hommes sérieusement préoccupés du mal actuel et des dangers de l'avenir, de méditer cet ouvrage.

 

En France, le Messager du Midi, la Bretagne, le Messager de l'Ouest, l'Univers, ont consacré à La Révolution plusieurs articles très remarquables. La Sentinelle du Jura s'exprime ainsi : " Dans notre numéro du 23 novembre, 1857, nous avons annoncé l'ouvrage de Mgr Gaume, LA RÉVOLUTION, recherches historiques sur l'origine et la propagation du mal en Europe, depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, en promettant d'en rendre compte.

 

"Il n'y a pas aujourd'hui deux questions en Europe, il n'y en a qu'une : c'est la question révolutionnaire. L'avenir appartiendra-t-il oui ou non, à la Révolution ? Tout est là. Poser une semblable question, c'est en montrer l'importance. Mais comment l'Europe est-elle arrivée dans ce défilé redoutable, où d'un instant à l'autre elle petit périr ? Cette situation extrême n'est pas l'œuvre d'un jour. Ce qui est, émane de ce qui fut. Nous sommes fils de nos pères, et nous portons le poids de leur héritage. Cela dit assez que l'histoire généalogique du mal actuel est d'une importance capitale.

 

"Or personne, à notre connaissance, n'a sondé cette question avec plus de pénétration et de profondeur que le célèbre auteur de La Révolution ; personne n'a mis au service d'une raison supérieure une érudition plus abondante et plus sûre. A proprement parler, ce n'est pas Mgr Gaume qui raisonne, c'est l'histoire qui parle. Les raisonnements sont des faits. Ou ne pas lire l'ouvrage ou se soumettre ; car si rien n'est éloquent comme un chiffre, rien n'est brutal comme un fait : et ici il y en a des milliers. Mais comment ne pas lire; c'est-à-dire comment rester indifférent à la question révolutionnaire ? Qui donc n'est pas intéressé à connaître l'origine et la nature de cette puissance formidable qui menace également le trône des rois et la borne des champs, le coffre-fort du capitaliste et la caisse d'épargne de l'ouvrier ?

 

"N'avons-nous pas quelque chose à faire pour remédier au mal ? et si nous avons quelque chose à faire, quel est ce quelque chose ?

 

"A quiconque veut avoir la réponse à ces questions capitales, nous conseillons la lecture des ouvrages de Mgr Gaume. Nous la conseillons aux personnes qui désirent avoir la clef des événements contemporains, si étranges, si complexes, quelquefois si effrayants et toujours si mystérieux par la rapidité même avec laquelle ils s'accomplissent, aussi bien dans l'ordre politique que dans l'ordre religieux".

 

Le plus courageux comme le plus distingué défenseur de la Religion et de l'Eglise en Piémont, l'Armonia s'exprime ainsi : "Qui ne connaît Mgr Gaume et l'ouvrage intitulé le Ver rongeur des sociétés modernes, qui a fait tant de bruit en Europe ? Cet illustre écrivain, fortement convaincu que le mal actuel vient de l'élément païen, réintroduit par la Renaissance au sein des sociétés chrétiennes, a entrepris de le prouver dans un ouvrage intitulé La Révolution. Il ne discute pas, il raconte. Les volumes parus sont on ne peut plus graves, riches de faits et de témoignages, et méritent une sérieuse attention. On s'est trop habitué à juger un ouvrage par le nom qu'il porte. Cela n'est ni poli ni équitable. Il faut d'abord lire et ensuite prononcer, en opposant les faits aux faits, les documents aux documents. La patiente Germanie, qui étudie sérieusement, s'est empressée de s'approprier l'ouvrage de Mgr Gaume en le traduisant en allemand. Ce serait rendre un grand service à l'Italie que de le traduire dans notre langue".

 

Cet article est du 15 novembre 1856.

 

Le Bien Public de Gand et la Regeneracion, qui dans la noble Espagne se dévoue au triomphe pratique du catholicisme, parlent de La Révolution absolument dans le même sens que l'Armonia.

 

Enfin les suffrages les plus illustres et qui portent comme un cachet d'autorité viennent confirmer et corroborer tous les autres. Les princes de l'Eglise, les prélats n'ont, comme les laïques pieux et éclairés qu'une voix pour préconiser les œuvres de l'immortel Mgr Gaume sur le Paganisme dans l'Education et débordé sur les sociétés modernes.

 

Le 25 janvier 1857, S. E. le cardinal prince Altieri lui adressait de Rome la lettre suivante :

 

"Monseigneur, j'ai lu avec une inexprimable satisfaction votre excellent ouvrage intitulé La Révolution. J'y ai trouvé le développement des idées fort justes et fort sages qui, appuyées sur le témoignage de faits irrécusables, jettent une immense lumière sur une thèse jusqu'ici très peu considérée, et dont on ne peut cependant contester l'évidence sans se mettre en opposition avec la vérité la plus manifeste, et sans compromettre l'avenir religieux de la société humaine.

 

"Tous ceux, qui désirent voir éloigner les effrayants dangers qui de toutes parts nous menacent, espèrent que vous continuerez à travailler toujours avec le même zèle pour la défense et la propagation: d'une réforme de l'instruction de la jeunesse, réforme éminemment utile à la religion et à la véritable civilisation".

 

S. E. le cardinal Gousset, écrivait à Mgr Gaume, en date du 2 juin 1852 : "N'ayant pas été tout à fait étranger à la publication du Ver rongeur des sociétés modernes, je n'ai pu être insensible aux attaques violentes dont vous avez été l'objet à l'occasion de cet ouvrage. On ne peut vous accuser d'avoir émis des opinions exagérées, absurdes, irrespectueuses envers l'Eglise et capables de troubler les consciences, etc., sans faire retomber une accusation aussi grave sur ceux qui en approuvant votre livre d'une manière ou d'une autre, comme je l'ai fait moi-même, se seraient rendus solidaires des erreurs qu'on vous reproche. Néanmoins, comme le procès me paraît suffisamment établi, et que vos Lettres à Monseigneur l'Evêque d'Orléans ne laissent rien à désirer pour le fond et pour la forme, je n'entrerai pas dans la discussion ; je préfère mettre la main à l'œuvre en adoptant incessamment, pour les petits séminaires de mon diocèse, le plan d'éducation que vous proposez"[1].

 

Mgr de Montauban s'est aussi fait un honneur et un devoir de représenter les mêmes idées, et, dans une lettre au Rédacteur de l'Univers, il lui rappelle que les Jésuites, ces glorieux athlètes de tous les grands combats du Seigneur, se sont montrés dignes d'eux-mêmes en luttant contre le paganisme dans l'éducation. Il lui écrit : "En fait, pour qui connaît l'histoire du 16e et du 17e siècle, il est manifeste que la Compagnie de Jésus, entre toutes les autres, s'est appliquée avec le zèle le plus énergique à ce travail de dépaganisation, et rien ne démontre qu'elle ne l'eut pas poussé plus loin, si elle y avait trouvé moins d'obstacles".

 

Qui maintenant croirait ce que je vais avancer, si je n'avais les preuves en main pour convaincre les incrédules les plus fortement trempés ? Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, abonde dans le sens de Mgr Gaume. il suffit d'avoir un peu lu ce qu'il a écrit sur ce sujet pour reconnaître qu'au fond il pense à peu près comme l'auteur du Ver Rongeur, au moins dans ce qui est essentiel. Il reconnaît en effet la nécessité de faire une large part aux auteurs chrétiens dans l'enseignement de la jeunesse, la beauté supérieure du latin de l'Eglise, une langue latine chrétienne enfin qui n'est pas celle de Cicéron. Dans un mandement qu'il adressait le 30 mai 1852, à MM. les supérieurs, directeurs et professeurs de ses petits séminaires, on lit les paroles qui suivent :

 

"Dès 1850, dans une autre lettre que nous vous adressions, vous avez remarqué que nous vous indiquions des auteurs chrétiens pour toutes les classes : C'étaient l'Évangile selon saint Luc, les Actes des Apôtres, les Extraits Bibliques, Minulius Félix, Lactance, saint Léon le Grand, saint Jean Chrysostôme, saint Athanase, saint Jérôme, saint Cyprien, saint Grégoire de Nazianze, saint Basile.

 

"Nous insistions, avec Fénelon, pour qu'en rhétorique et en seconde, on s'appliquât à faire comprendre aux enfants l'incomparable beauté des Saintes Ecritures et nous indiquions les Psaumes, et des morceaux bien choisis dans les Prophéties."

 

Ce dernier paragraphe porte une note de Mgr Dupanloup dans laquelle il dit :

 

"Douze ans auparavant, dès 1838, nous publiions les éléments et le projet d'une Rhétorique sacrée pour les élèves du Petit Séminaire de Paris, et, dès 1840, nous faisions à la Sorbonne, devant de nombreux auditeurs, des leçons sur la beauté supérieure du latin ecclésiastique, ET LES SUBLIMES TRANSFORMATIONS DE LA LANGUE ROMAINE".

 

Prêtons encore l'oreille aux remarquables paroles d'un de nos plus illustres prélats qui gouvernent l'Eglise de France, Mgr Parisis, évêque d'Arras.

 

Voici ce qu'il écrivait à Mgr Gaume, le 5 juillet 1851 :

 

"Je n'ai encore lu que la moitié de votre ouvrage sur l'appréciation chrétienne de ce qu'on a malheureusement appelé la RENAISSANCE. Je me sens le besoin de vous dire tout de suite combien j'y trouve de profonds et courageux aperçus.

 

"Comptez bien cependant, et pour cela même, sur de nombreux et puissants contradicteurs.

 

"On vous dira que vous êtes un téméraire, et presque un sacrilège ; que les plus grands génies, qui ont paru dans l'Église au 17e siècle, que les ordres religieux qui ont rendu les plus signalés services à la religion, sont indignement outragés par vos accusations; on vous dira qu'il est ridicule d'attribuer à un détail de pédagogie le déplorable affaiblissement de la foi dont nous souffrons si cruellement encore ; que, depuis trois cents ans, l'éducation, faite avec les auteurs païens, a produit des chrétiens éclairés, fervents, parfaits, etc.

 

"Il y a beaucoup à répondre à ces reproches qui m'ont été faits à moi-même.

 

" Non, le grand siècle, comme on l'a dit, n'a pas été infaillible, et le jour viendra où ses erreurs en littérature chrétienne seront aussi palpables que le sont déjà ses impertinences et ses insolents dédains sur les plus étonnantes constructions inspirées par le christianisme. Que n'aurais-je pas à dire de sa statuaire, de sa peinture, de sa musique, de son théâtre ! Que prouvent des noms illustres ou même des institutions respectables contre des faits de cette évidence, dont il nous reste encore tant de monuments que je ne crains pas d'appeler honteux pour une nation qui porte le nom de fille aînée de l'Église ?

 

"Hélas ! si nous eussions, vous et moi, vécu à cette époque, nous eussions vraisemblablement pensé et parlé comme tous alors parlaient et pensaient, parce qu'il y a des influences publiques que des individus ne dominent jamais.

 

" N'en fut-il pas ainsi du Gallicanisme? Aujourd'hui le Gallicanisme est jugé ; eh bien ! il faut que le Paganisme le soit : il faut que l'on sache comment son introduction a été une faute, comment son règne dans la société chrétienne, a été un grand danger.

 

"Pour moi, je disais, il y a déjà bien quinze ans, à ceux qui m'entourent : Avant un demi-siècle on comprendra que la Renaissance a été la plus redoutable épreuve de l'Eglise de Dieu depuis son berceau".

 

Ces paroles se recommandent par elles-mêmes ; mais quelle force n'acquièrent-elles pas lorsqu'on se rappelle qu'elles sont tombées de la bouche de Mgr Parisis !

 

Pour ne pas prolonger cette esquisse outre mesure, je me contenterai maintenant de nommer quelques-uns des vénérables prélats qui ont adopté la Réforme proposée par Mgr Gaume, ou qui du moins lui ont donné des encouragements du plus grand prix. Ces prélats sont : Mgr Gerbert, Evêque de Perpignan, Mgr l'Archevêque d'Avignon, Mgr l'Evêque de Rodez, Mgr Mabille, Evêque de Saint Claude, aujourd'hui de Versailles, Mgr de Gap, Mgr Pie, Evêque de Poitiers, Mgr l'Evêque de Moulins, Mgr de Salinis, Evêque d'Amiens, mort Archevêque d'Auch, Mgr de Prilly, Evêque de Chalons, Mgr l'Archevêque de Myre, nonce apostolique à Paris, Mgr l'Evêque de Birmingham, Mgr l'Evêque de Nottingham, Mgr l'Evêque de Ratisbonne, le vénérable confesseur de la foi, Mgr d'Urgel, qui témoigne que les vues de Mgr Gaume ont été adoptées en Espagne ; Mgr l'Archevêque d'Erlau, primat de Hongrie, qui a fait traduire le Ver Rongeur pour le mettre à la disposition de tous ses prêtres, Mgr l'Archevêque de Lima, Mgr l'Evêque de la Havane, Mgr de Jassen, au Maïssour, Mgr l'Archevêque de Santiago, Mgr Retord, nonce apostolique au Tong King.

 

L'Union, organe des puséistes anglais à Londres, dit dans son numéro du 3 décembre 1858 : "Il est temps quelle que soit la politique des rois et des cours, que les parents chrétiens songent à ce qu'ils ont à faire, pour conduire leurs enfants dans la voie qui sauvegardera leur honneur dans cette vie et qui assurera leur bonheur dans l'autre. Mgr Gaume a proposé une réforme à cet égard en France. Cet éminent écrivain demande que les études des enfants, jusqu'en quatrième, soient consacrées à l'Ecriture Sainte, aux écrits des Pères et aux actes des martyrs, en même temps qu'on leur donnerait toutes les connaissances d'histoire, de science ou d'industrie qui pourraient être en rapport avec les diverses professions qu'ils doivent embrasser plus tard. Il ne veut pas qu'on les initie à l'étude des auteurs païens avant que ces études aient été faites, et encore demande-t-il que l'élément païen n'entre dans l'enseignement qu'en de faibles proportions.

 

"Ce plan d'enseignement a reçu les plus hautes approbations dans toutes les parties du monde chrétien. Le Pape, pour marquer son approbation a élevé son auteur à la haute dignité de protonotaire apostolique. Le cardinal Gousset, archevêque de Reims, l'a encouragé par une lettre où il lui annonce qu'il adopte son plan pour tous les séminaires de son diocèse. Plusieurs autres Evêques de France ont suivi cet exemple, ainsi qu'un grand nombre d'Evêques d'Autriche et de Lombardie".

 

Le plan d'études irrévocablement adopté dans le diocèse de Mgr Filippi, Evêque d'Aquila, suivi avec des succès de plus en plus brillants d'année en année, et propagée dans plus de quarante diocèses du royaume de Naples, ainsi que le témoigne les lettres de l'illustre prélat, est celui de Mgr Gaume avec tous les classiques qu'il a publiés[2].

 

Ne soyons pas surpris de voir la réforme de Mgr Gaume suivie dans un si grand nombre de diocèses du royaume de Naples, car pour les évêques de ces diocèses cette réforme était un devoir de conscience. "Nous ne croyons pas, disent-ils, dans une lettre collective en date du 1er octobre 1853, qu'un évêque qui la connaît et qui ne l'embrasse pas puisse être en sûreté de conscience et tranquille au moment de la mort".

 

Aussi, malgré les criailleries et les oppositions inévitables, ils ont mis résolument la main à l'œuvre. Dieu a béni leurs efforts. Dans un mandement envoyé à tous les évêques d'Italie, l'illustre évêque d'Aquila a publié le résultat de son expérience. Voici un court passage de cette pièce capitale, que nous regrettons vivement de ne pouvoir citer en entier. Elle est du 4 novembre 1855.

 

"Nous ne voulons pas le dissimuler ; en inaugurant un nouveau système d'études, nous éprouvâmes un moment d'hésitation. Nous craignions que la pureté de nos vues n'eût pour résultat un tardif et irréparable mécompte. Mais, d'une part, soutenu par la bonté de la cause et par la haute raison des hommes illustres qui la défendent, nous étions d'autre part, poussé par les motifs irrésistibles qui rendent nécessaire, dans les temps actuels, la réforme chrétienne de l'enseignement. Aussi nous attendions avec empressement, dans le silence des plus longues et des plus sérieuses réflexions, l'effet que nous devions nous en promettre.

 

"Grâce à Dieu, l'expérience est faite. Nous sommes désormais en état de l'affirmer hautement ; "Le succès est aussi heureux qu'il est incontestable", et nous pouvons en toute confiance, prescrire d'une manière invariable la pratique de cette méthode d'enseignement, suivie jusqu'à ce jour à titre d'essai".

 

L'Union, que nous citions tout à l'heure, ajoute : "L'illustre Evêque d'Aquila a montré tant de zèle à appliquer la réforme proposée par Mgr Gaume que Pie IX n'a pas craint de l'honorer du titre d'Apôtre de la réforme dans l'Education".

 

Ce digne et zélé prélat a prononcé le 1e septembre dernier, dans la séance de clôture de l'Académie de la Religion Catholique à Rome, un discours qui a été publié dans cette ville et que la Correspondance de Rome résume en ces termes :

 

"Nous ne surprendrons personne en disant que ce discours a produit sur l'auditoire une profonde impression. L'éloquent prélat a parlé de la maladie actuelle de la société et du remède le plus propre à y mettre un terme. Les caractères de cette maladie sont au nombre de quatre : le rationalisme, ou l'émancipation de la raison de toute autorité divine en matière doctrinale ; le sensualisme, ou l'émancipation de la chair de toute autorité divine en matière de morale publique et privée; le cesarisme, ou l'émancipation du pouvoir social de toute autorité divine en matière politique ; l’anti-catholicisme, ou la haine implacable et systématique que professent un si grand nombre d'hommes contre le catholicisme et ses institutions.

 

Après avoir montré que la maladie de notre époque, s'est produite dans le monde païen sous les mêmes caractères qu'aujourd'hui, a été guérie par le christianisme, et a reparu à l'époque connu dans l'histoire sous le nom de renaissance, l'orateur établit avec une vigueur de dialectique irrésistible que le remède consiste dans l'enseignement chrétien ; c'est en effet par la fausse direction de l'enseignement que le paganisme s'est infiltré de nouveau dans la société.

 

"Mgr l'évêque d'Aquila développe avec la hauteur de vues qui le distingue cette thèse qui a exercé et exerce encore les plus profonds penseurs de notre siècle. Il conclut en rappelant les sages dispositions de l'encyclique Inter multiplices, du 21 mars 1853.

 

Un extrait de cette encyclique a récemment paru sur le Courrier du Canada, à la suite d'un Communiqué tendant à blâmer fortement les allégués d'un correspondant au sujet de l'enseignement religieux dans les collèges, allégués que nous ne voulons ni soutenir ni défendre. A ce propos, il ne sera peut être pas inutile de constater ici que l'encyclique Inter multiplices ne contredit en rien les documents que nous avons cités et qui émanent de la même source qu'elle.

 

Cette encyclique, en effet, a été provoquée par M. L. Veuillot, qui en a appelé au Saint-Siège lorsque le Journal dont il était le Rédacteur en chef, l'Univers, a été condamné par Mgr Sibour, Archevêque de Paris, et par un certain nombre d'autres Evêques. Une verte semonce, donnée à M. l'abbé Gaduel par M. L. Veuillot, qui défendait Donoso Cortès, donna lieu à cette condamnation. Les partis s'échauffèrent, on prétendit que l'Univers s'aventurait en aveugle dans les questions de théologie dont il n'avait point à parler, qu'il ridiculisait et rendait méprisables les ministres de l'église, etc. Les Evêques de France prirent parti pour et contre l'Univers, et les choses en vinrent à ce point que le Pape fut obligé d'intervenir.

 

Mais comme on peut le voir en lisant l'encyclique en son entier, raison fut donnée à M. L. Veuillot. Sa Sainteté exhorta d'abord les évêques de France à la paix et à l'union, et ensuite Elle leur recommanda de favoriser de toute leur bienveillance et de toute leur prédilection les hommes qui, animés de l'esprit catholique et versés dans les lettres et dans les sciences consacraient leurs veilles à écrire et à publier des livres et des journaux pour la défense de I'Eglise. Elle leur disait de plus que si ces hommes manquaient en quelque chose, ils devraient les avertir avec des paroles paternelles et avec prudence.

 

Les quelques mots qui, dans cette encyclique ont trait à l'éducation de la jeunesse, sont tout à fait favorables à la thèse de Mgr Gaume, puisqu'il y est dit que les auteurs païens les plus célèbres ne doivent être mis entre les mains des élèves qu'après avoir été purifiés de toute souillure. Si ces derniers mots étaient bien compris, les livres païens seraient réduits à une très simple expression.

 

Je terminerai ici cette vue générale de la grande question des classiques, prise, pour ainsi dire à vol d'oiseau.Ce ne sont pas quelques dizaines de pages qu'il faudrait écrire sur cet inépuisable sujet, mais des ouvrages en plusieurs volumes. Ces ouvrages existent ; et ils sont fort bien écrits. C'est surtout pour exciter l'appétit des hommes qui aiment les choses sérieuses et solides que j'ai fait ce petit travail. J'ose espérer qu'on me pardonnera les nombreux défauts qui le déparent, et qu'on ne le regardera pais comme une attaque contre des individus en particulier ou contre nos institutions littéraires.

 

Mon but unique a été de faire valoir une thèse incontestable, suivant moi, ou qui du moins, si elle n'est pas encore évidemment vraie pour tout le monde, est infiniment respectable eu égard aux imposantes et nombreuses autorités alléguées en sa faveur.




[1] Les Lettres de Mgr Gaume â Mgr Dupanloup sont véritablement admirables pour le fond et pour la forme. Elles sont peut être plus concluantes encore que le Ver Rongeur. Nous exhortons fort tous ceux qui s'intéressent à la question à se procurer ce charmant petit volume.
 
[2] Il est bon de rappeler ici que Mgr Gaume a publié un cours complet de classiques pour les collèges, et qu'il n'est pas nécessaire pour les suivre de changer la distribution actuelle des classes. Dans ce cours on trouve un choix d'auteurs païens parfaitement expurgés, et de très nombreux extraits de l'Ecriture Sainte, des Saints Pères, des Actes des Martyrs, etc. On a aussi composé des dictionnaires en rapport avec ce nouveau cours

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