lundi 29 juin 2015

Catholique semper idem

— Sédévacantistes ?
— Non, Catholiques semper idem.
Notre position est fondée sur l’un des deux principes de base que la crise nous a conduits à choisir.
1er principe : refus de cette Église...
Pour tous, après Vatican II, le principe était que l’Église conciliaire était l’Église catholique, avec comme conséquence que, l’Église ayant décidé, l’on devait se soumettre.
Mais, petit à petit, ayant compris, surtout en 1970, que la nouvelle messe ne pouvait être catholique, un petit nombre de fidèles fut obligé de s’interroger sur toutes les réformes.
Ce petit nombre,
  1. conscient que l’Église ne pouvait ni se tromper ni nous tromper
  2. conscient que la vérité était connue
  3. conscient que sans la Foi on ne peut se sauver
  4. conscient que cette Foi était connue et ne pouvait changer
  5. conscient que le passé ne posait aucun problème
  6. conscient que seules les nouveautés posaient problème
  7. conscient que toutes ces nouveautés détruisaient la Foi catholique de toujours
  8. conscient que croire et faire ce qui a toujours été cru et fait ne posait aucun problème
  9. conscient que même si un ange venu du ciel nous annonçait un autre évangile que celui qui a été annoncé, cet ange devrait être anathème (Gal., I, 8)
  10. conscient que toutes ces nouveautés n’avaient qu’un but : détruire le passé et, si possible par la suppression du sacerdoce, tenter de détruire l’Église catholique d’une façon définitive
  11. conscient que Rome a perdu la Foi (Rome, et non l’Église catholique)
  12. conscient que de mauvais sacrements (surtout ceux de l’Eucharistie et de l’ordre) ne peuvent venir de l’Église catholique
  13. conscient qu’un catholique de base n’a pas à trier entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux dans toutes ces nouveautés
  14. conscient que la notion même de tri (de choix) n’était pas catholique
  15. conscient qu’il fallait choisir par un oui-oui ou un non-non, le oui-mais n’étant en fait qu’un non
  16. conscient que Dieu vomit les tièdes
  17. conscient que le Concile Vatican II est un châtiment et nous oblige à une profonde conversion, ce petit nombre, donc, refusa TOUTE cette Église conciliaire, appliquant un second principe.

2e principe : … cette Église qui n’est pas catholique
Ce second principe est que ces nouveautés ne peuvent venir de l’Église catholique ; la foi conciliaire (oecuménique, charismatique, gnostique, maçonnique, mondialiste, monothéiste, blasphématrice, syncrétiste, etc.) n’est pas la Foi catholique.
De toute façon, cette Église conciliaire est frappée de mort à très court terme, n’ayant aucune nourriture spirituelle, car le défaut d’intention fait que tous ses sacrements (surtout celui de l’Eucharistie) sont invalides.
Le petit groupe d’opposants s’est depuis divisé en cinq sous-groupes, suivant qu’ils acceptaient on non certaines réformes :
1° Les ralliés-apostats, qui veulent garder la Foi catholique tout en restant dans l’Église conciliaire. Ils veulent « s’attacher au même joug que les infidèles, mêler la justice et l’iniquité, mettre en commun la lumière avec les ténèbres, accorder le Christ et Bélial, partager avec le fidèle et l’infidèle, avoir le même rapport entre le temple de Dieu et les idoles » (II Cor., VI, 14-16). Ils sont allés jusqu’à la soumission, décidant la pleine communion avec cette secte. Pour eux l’Église conciliaire est l’Église catholique. Ils sont responsables de leur apostasie, car un prêtre ne peut pas se tromper longtemps sans le savoir. Ils n’existent que pour vider les chapelles de la FSSPX. L’abbé Aulagnier vient de les rejoindre. Ils sont eux aussi condamnés à l’égarement et à la perdition, car les nouvelles ordinations (même effectuées dans le rituel catholique) sont sans effet : les évêques-ordonnants, ayant été sacrés dans le nouveau rituel des sacres, ne sont pas évêques. Il est pensable que le successeur de Jean-Paul II les fera rentrer dans le rang d’un trait de plume.
Historiquement, les premiers ralliés-apostats furent les membres de la CRC de l’abbé Georges de Nantes. Adeptes de la « ligne de crête » essayant d’accorder Église conciliaire et Église catholique, ils furent à l’origine du slogan : « la “ nouvelle messe ” est valide ». Nous avons déjà plusieurs fois répondu à cette gravissime erreur qui pollue le combat de la vérité. Il est malheureux de voir un tel dérèglement cohabiter avec d’autres travaux d’indéniable qualité.
2° La FSSPX, qui veut garder la Foi catholique, refusant de rejoindre l’Église conciliaire, mais déclarant que cette « secte gnostique » est l’Église catholique. Elle va jusqu’à être en communion (mais pas tous ses prêtres et surtout pas tous ses fidèles, otages des prêtres) avec ces « antéchrists ». Elle ne dit jamais que le concile Vatican II est un châtiment, un châtiment pour des péchés commis bien en amont. Elle ne cite jamais ces péchés (surtout celui contre le Saint-Esprit), n’ayant même pas observé que les conciliaires font le plus grave de tous : aller contre la vérité connue. Elle ne dit jamais « qu’il est nécessaire au salut d’être soumis au Pontife romain » (Boniface VIII, Unam Sanctam, Denz. 875). Elle ne crosse que les « sédévacantistes » ou prétendus tels. Elle les craint beaucoup et pour eux, de persécutée, elle devient persécutrice. Ses prêtres et ses fidèles ne se forment pas, ne lisent pas. Ils sont comme les prêtres et les fidèles d’avant le Concile, distributeurs et consommateurs de sacrements. Souvent tièdes, libéraux, mondains, ils ne luttent pas pour ne pas être vomis de Dieu. Les attaques successives de Rome et de la Loge finiront-elles par leur ouvrir les yeux et leur faire étudier l’ennemi ? Leurs décisions dans l’action resteront maladroites tant qu’ils n’auront pas compris clairement les enjeux
3° Verrua-Sodalitium, l’abbé Ricossa et leurs amis, qui veulent garder la Foi catholique, ayant compris que l’Église conciliaire n’était pas catholique, n’étant pas en communion avec elle, mais estimant que cette Église conciliaire est matériellement l’Église catholique. Ils sont libéraux sur trop de points, n’ayant pas compris, eux aussi, les péchés qui ont mérité le châtiment du concile.
4° Ceux qui se veulent sédévacantistes ramenant tous les problèmes à celui de l’autorité et du Pape. Ils sont surtout occupés à écrire des centaines de pages sur ce problème. Pour eux l’Église conciliaire n’est pas l’Église catholique.
5° Les catholiques semper idem, que leurs ennemis appellent sédévacantistes (terme que récusent les intéressés), et qui, refusant ces incohérences et s’appuyant sur la Reine des théologiens, ne se limitent pas aux problèmes du Pape et de l’autorité, mais rejettent toute l’Église conciliaire, refusent toute communion avec elle et déclarent qu’elle ne peut pas être l’Église de Jésus-Christ. Pour eux l’Église EST éclipsée, Vatican II est Vatican d’eux (eux = les ennemis de l’Église). Ils sont fidèles à la « grille amis-ennemis », toujours pratiquée dans l’Église.
Ils ne voient qu’une seule solution, revenir à ce qui a toujours été cru et fait, toutes les réformes étant à rejeter. Conscients de l’impossibilité humaine de ce retournement, ils attendent tout de Dieu et de Sa Sainte Mère, et croient au triomphe de la Très-Sainte Vierge Marie et au Règne du Sacré-Coeur. Ils se préparent à la réalisation de cette prophétie, épurant les trois puissances de leur âme (mémoire, intelligence, volonté), en découvrant et appliquant au mieux l’enseignement des antilibéraux, qui se résume en une courte formule : aucun compromis entre l’erreur et la vérité.
Ils ont découvert dans les écrits des vénérables Anna-Maria Taïgi et Elizabeth Canori Mora, que saint Pierre et saint Paul viendront « choisir le nouveau Pontife [...] qui reconstituera l’Église ».
Ils ont combattu contre tout ralliement.
S’appuyant sur l’Interprétation de l’Apocalypse par le Vénérable Holzhauser, qui annonce pour notre époque un petit reste de croyants, avant le Règne grandiose du Sacré-Coeur, ils différent d’autres fidèles (D.F.T. et l’abbé Zins) qui attendent la Fin du Monde et le retour de Notre-Seigneur.
Ils ont combattu depuis 1999 en rappelant :
  •  que la religion conciliaire était une nouvelle religion. Plus personne ne le disait, plus personne ne l’écrivait (voir tous les bulletins). Ce 1° est admis maintenant par beaucoup ;
  •  que la religion conciliaire n’était pas catholique. Ce 2° est acquis. Voir le sermon de Mgr Tissier dans notre document Gesta Dei per Francos ;
  • que l’Église conciliaire n’est pas l’Église catholique. Malgré l’évidence, ce 3° passe difficilement ;
  •  que Vatican II est Vatican d’eux, que l’Église conciliaire est « d’eux ». Les documents sortent et seront probants. Il suffit de lire Histoire du Concile Vatican II, sous la direction de Giuseppe Alberigo, éd. du Cerf, (cinq volumes, dont quatre parus, de 600 pages environ) pour en avoir la preuve. Lire aussi les 180 pages que Gerhart M. Riegner, secrétaire général du Congrès juif mondial pendant soixante ans, consacre au Concile Vatican II, dans son livre Ne jamais désespérer, aux éd. du Cerf. Nous en reparlerons.

Pour l’Église conciliaire, tous, malgré les divergences, sont des ennemis. Rome sait que les ralliés-apostats ne lui posent aucun problème : ils seront supprimés d’un trait de plume ; elle souhaite absorber (carotte) ou casser (bâton) la FSSPX pour accomplir le Mystère d’iniquité. Ses seuls ennemis qu’elle sait irrécupérables sont les catholiques semper idem et les sédévacantistes, puisqu’ils refusent tout dialogue.
Nous devons combattre jusqu’à ce que les yeux de beaucoup soient ouverts et que la trahison et l’apostasie de la FSSPX n’ont pas été accomplies. Nous combattons pour essayer de prévenir ce mouvement vers la trahison, ce qui veut dire pour prévenir la prévarication des chefs de la FSSPX.
Elle est plus importante : c’est la dernière bataille contre le camp de la Vérité, c’est la justice de Dieu qui passe. Elle ne peut nous laisser indifférents, car nous avons le devoir d’enseigner les ignorants et d’aider ceux qui doutent.
Voilà notre seule motivation. Nous sommes surpris de voir de nombreuses personnes rejoindre nos
idées en nous lisant. Combattant POUR « DIEU ET LE ROI », nous n’avons aucune ambition.
Les Amis du Christ Roi de France, le 13 octobre 2004

NOTRE-DAME, REINE DE FRANCE, NOUS VOUS AIMONS !
NOTRE-DAME DU ROSAIRE, PROTÉGEZ-NOUS :
NOTRE-DAME DE FATIMA, ÉCLAIREZ-NOUS !

P.S. : À la question qui nous est souvent posée : « combien êtes-vous d'Amis du Christ Roi de France ? »,
nous répondons : « demain, après la purification, toute la France ».

mercredi 24 juin 2015

Saint Jean Baptiste


Bonne fête de la Saint Jean Baptiste à tous les Canadiens-français


vendredi 19 juin 2015

Père Onésime Lacouture - 2-3 - Le triple rôle de Jésus-Christ

http://www.gloria.tv/media/8GGeyhfuBDq

DEUXIÈME INSTRUCTION

JÉSUS, DANS LE PLAN DIVIN.

«Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis dans le Christ, de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux.  C’est en lui qu’il nous a choisis dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant dans son amour, prédestinés, à être des fils adoptifs par Jésus-Christ». 
Ephésiens I.

Plan Remarque.  Rôle du Verbe dans la Trinité.  (Créatures pour l’homme.  Rôle du Verbe dans le plan de la création: (L’homme pour le Christ.  (Le Christ pour Dieu.  (Glorifier Dieu.  Rôle du Verbe incarné: (Nous racheter.  (Nous diviniser.  

REMARQUE : Maintenant que nous sommes bien décidés d’étudier Jésus-Christ, il faut commencer par son rôle essentiel ou sa destinée afin de le juger selon cette fin propre qu’il a en lui-même.  Pour juger un instrument, il faut connaître ce à quoi on le destine: si j’ignore pourquoi on a fabriqué une machine, je ne puis ni la juger ni la connaître.  Eh bien!  Pour connaître Jésus, il faut connaître son rôle essentiel, et comme il existait avant de venir sur la terre, il faut connaître ce rôle qu’il avait dans son monde éternel.  Puisqu’il est divin il faut aller dans le ciel, l’étudier, avant de projeter ensuite ces lumières sur l’homme visible en cette terre.

Evidemment, ce n’est que par la Foi que nous pouvons connaître quelque chose de Lui avant sa manifestation sur la terre.  Dieu nous en a révélé assez par les prophètes et par Jésus que nous pouvons savoir ce qu’il faisait au moins en partie dans son éternité avant toute création.  Nous n’aurons qu’à prêter tout cela à Jésus sur terre, car le Verbe n’a rien changé ni rien perdu en s’incarnant.  Voilà pourquoi il faut aller au sein de la Trinité pour connaître son rôle essentiel qu’il avait là et qu’il a encore une fois devenu homme.  Nous pourrons mieux apprécier sa vie et son œuvre en fonction de ce rôle essentiel.  C’est d’autant plus important pour nous de connaître ce rôle et d’en tenir compte pour le juger ou mieux l’apprécier que nous devons prendre ce rôle comme membres du corps mystique de Jésus.  Nous devons devenir une seule chose avec lui, donc, dans toute notre activité, en autant que notre condition de simple créature le permet avec la grâce de Dieu.  Nous devrons donc prendre ce rôle pour notre vie et juger la providence divine selon ce rôle.  Car il est certain que Dieu a organisé sa providence pour nous faire remplir ce rôle qu’il nous assigne en nous créant.

Nous savons que le Verbe est venu sur la terre pour nous amener avec lui au ciel afin de participer à sa vie éternelle et à son bonheur éternel et donc à partager son rôle essentiel au sein de la Trinité.  Nous devons donc le connaître afin de commencer à l’accomplir tout de suite sur terre.

RÔLE DU VERBE DANS LA TRINITÉ.

C’est là qu’il faut du courage!  Nous entrons dans un monde qui dépasse non seulement les sens, mais aussi la raison.  Elle ne connaît rien ni de la Trinité, ni de son activité intérieure.  Ce n’est que sur le témoignage d’un autre qui est Dieu, il est vrai, mais enfin qui laisse la raison aveugle parce que ces vérités ne viennent pas de son activité intrinsèque, mais seulement par autorité.  Il est donc difficile pour elle de se maintenir dans ce monde révélé: il faut de l’effort réel et une grâce spéciale de Dieu qu’il faut demander dans la prière.  Mais enfin!  il le faut à tout prix!  Nous nous en allons là-haut, il faut nous familiariser un peu avec ce monde parce que notre bonheur éternel dépend de ce que nous saisissons de ce monde pour en vivre.  Alors, qu’on soit bien averti: c’est extrêmement aride pour notre nature humaine habituée à des jouissances plus ou moins sensibles et rationnelles.  L’idée que nous allons vers Jésus doit nous soutenir: avec lui, nous avons tout à gagner pour ce monde-ci et pour l’autre.  Les gens du monde ne se donnent-ils pas beaucoup de peine pour parvenir à quelques petits plaisirs momentanés et insignifiants?  Et nous serions moins courageux pour arriver au bonheur éternel du ciel?  

Accoutumons-nous au monde de la foi pure où nous entrons seulement par deux actes bien simples: Je sais et je veux!  Je sais que Dieu l’a dit; je le veux parce que Dieu l’a dit!  Cela donne la vie éternelle, que peut-on désirer de plus?  Si dans le monde des sens et de la raison, nous croyons ce qu’ils nous donnent, pourquoi ne pas croire ce que Celui qui les a créées nous affirme?  Il vaut plus que nos sens qu’il a créés.  Il est plus digne de croyance que ces sens si limités et pourtant que nous suivons si fidèlement.  N’allons donc pas chercher des consolations pour les sens et la raison dans un monde qui les dépasse infiniment.  Alors, agissons autant que possible comme si nous étions de purs esprits dans ces questions de foi pure.  Que Dieu nous aide!  Pour nous faire une idée de l’activité des Trois Personnes en Dieu, il est bon d’examiner l’échantillon de la Trinité que Dieu a mis en nous.  Nous avons une âme spirituelle et donc qui n’a pas de parties, mais qui a des actes différents, qui se distinguent réellement et tout de même sont la même âme.  Quand elle mène son existence, on dit qu’elle vit; quand elle comprend, on l’appelle: l’intelligence; quand elle est attirée, on dit qu’elle aime, et on l’appelle: la volonté.  Vivre, savoir et aimer sont trois activités de la même âme.  En Dieu, ces trois actes sont subsistants, et donc des personnes réellement distinctes, mais toutes étant Dieu, et donc n’ayant qu’une seule et même nature, la nature divine.

Il est bon de se rappeler qu’en Dieu, il n’y a aucune distinction entre la substance et son activité: c’est la substance elle-même qui est activité; cela aide à mieux comprendre que ces trois Personnes réellement distinctes aient la même nature divine, ou la même substance ou la même activité.

Comme Dieu est infiniment intelligent, il met toute son activité divine pour penser; il passe donc toute sa substance ou il met toute son essence dans cette Pensée qui se trouve infinie comme l’Intelligence divine qui la produit.  C’est pour cela que nous disons que le Verbe est consubstantiel au Père.  Par analogie avec l’acte d’un père qui communique sa nature à son enfant, on appelle ce Verbe divin, le Fils et Celui qui l’a produit: le Père.  Cette idée est dans l’Ecriture.  Isaïe 66-9: «Est-ce que moi qui fais enfanter les autres je n’enfanterais pas?  dit le Seigneur.  Si je donne aux autres la vertu d’engendrer, serais-je stérile, dit le Seigneur ton Dieu.» Ps.  109-3: «De mon sein, avant l’aurore, je t’ai engendré.» Donc avant le commencement du jour de l’éternité, donc il est éternel.  Cette pensée du Père, ou son Verbe intérieur, est subsistant et infiniment intelligent: c’est ce que nous appelons une personne.  Comme ces deux Personnes se comprennent parfaitement et s’admirent infiniment, elles sont attirées l’une vers l’autre: c’est cet amour divin que nous appelons le Saint Esprit, qui est la troisième Personne divine.

Ces Personnes sont donc des relations essentielles, qui existent entre la Vie, l’Intelligence et l’Amour.  Le Père donne sa nature au Fils qui la reçoit.  Donner n’est pas la même chose que recevoir; ce sont deux relations différentes.  Maintenant le Père et le Fils ne donnent rien au Saint Esprit, mais ils l’exhalent comme un soupir d’Amour.  On dit qu’il procède du Père et du Fils.

On voit maintenant comment le Père se manifeste par son Fils, comme un homme manifeste ce qu’il a dans l’esprit par sa parole.  Pour ceux qui sont en dehors, ils ne peuvent connaître ce qu’il y a dans l’esprit que par ses paroles.  Eh bien!  nous aussi nous ne pouvons connaître ce qu’il y a en Dieu que par le Fils qui seul peut le révéler.  Ce Fils est comme l’auréole du Père, ou son rayonnement et l’empreinte de sa substance.  Comme il est dit de la Sagesse, Sag.  7-26: «Elle est le souffle de la puissance de Dieu, une pure émanation de la gloire du Tout-Puissant.  Aussi rien de souillé ne peut entrer en elle: elle est le resplendissement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu et l’image de sa bonté.» C’est donc à travers ce miroir que nous pouvons connaître le Père et avoir accès à sa vie intime.

Le rôle du Verbe est donc comme le trait-d’union entre les deux autres Personnes.  C’est Lui qui extériorise les trésors infinis de science et de sagesse renfermés en Dieu.  L’essence du Verbe est de manifester, de faire connaître et de rayonner les merveilles de la divinité.  Vivre, connaître et aimer constituent l’activité de la Trinité à laquelle, nous sommes destinés.  Comme ces trois actes essentiels constituent le bonheur de la Trinité, ils constituent aussi notre seul véritable bonheur en ce monde dans la foi et par la grâce de Dieu.  Vivre divinement, connaître divinement, et aimer divinement devrait faire l’objet unique de toute notre vie ici-bas.  Or, pour faire cela, il faut absolument connaître le rôle du Verbe dans la Trinité pour essayer de le reproduire dans notre vie comme membre du corps mystique de Jésus.  Un chrétien devrait donc vivre habituellement en état de grâce afin de vivre la vie du Père, avoir la mentalité de Jésus afin de faire connaître le Père par tous les moyens que Jésus a mis à notre disposition; enfin, vivre d’amour de Dieu pour en être tellement saturé qu’il ne pense qu’à Dieu, qu’il ne parle que de Dieu et des choses de Dieu, et qu’il n’agisse que comme l’enfant de Dieu, divinement, par des motifs uniquement surnaturels.  On ne peut pas le répéter trop: le ciel n’est pas un endroit où l’on voit Dieu seulement, mais où l’on participe à sa vie intime, où l’on vit comme les trois Personnes de la Trinité.  Donc un chrétien doit savoir que son rôle essentiel est de rayonner Dieu; toute sa vie jusque dans les moindres détails doit suinter le divin comme le soleil, la lumière et la chaleur.  Combien y pensent?  Combien le savent?  N’est-ce pas ce que Jésus nous recommande de faire par le Notre Père: Que Votre Nom soit sanctifié!  Que votre règne arrive!  Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel!  Voilà la gloire de Dieu, que tout chrétien est tenu de procurer par son rôle essentiel qui lui vient de ce qu’il est un membre du corps mystique de Jésus.  Il faut être une seule chose avec Jésus et cela dans son activité propre et divine en autant que notre condition le permet avec la grâce de Dieu.  Quelle sublime destinée!  Quel fameux stimulant pour la sainteté!  Quel fondement pour le zèle et des prêtres et des fidèles.  

RÔLE DU VERBE DANS LA CRÉATION.

Je dis indifféremment le Verbe et Jésus parce que le rôle du Verbe n’est aucunement changé du fait qu’il est incarné.  Ici, je le considère surtout dans le plan de la création et donc ce qu’Il est par rapport aux créatures, surtout raisonnables.  St.  Paul nous l’indique dans sa première épître aux Corinthiens, 323: «Tout est à vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu.» Voyons le détail de ce plan.

1)         Les Créatures pour l’homme.

Les Proverbes disent que Dieu a tout créé pour Lui-même ou pour sa gloire, 6-4.  Or l’homme est le seul être sur terre capable d’orienter toute la création à la gloire de Dieu.  C’est en elle qu’il prend ce qui est nécessaire à sa propre substance et les éléments de sa connaissance des perfections divines afin de pouvoir glorifier et aimer Dieu.  C’est donc l’homme qui doit faire servir toute la création à Dieu, mais pour cela il faut qu’elle passe par lui, par ses mains pour ainsi dire.  C’est pourquoi Dieu a mis en l’homme tout ce qu’il y a dans le monde créé: la matière de l’esprit.  Par ses sens matériels il vient en contact avec les êtres matériels et par son esprit il peut s’élever jusqu’à Dieu pour lui en faire hommage.  Les créatures sont donc des moyens pour que l’homme monte jusqu’à Dieu sa fin dernière.  Il ne doit jamais s’attacher aux moyens comme à sa fin.  Il doit s’en servir selon son utilité et sa nécessité, puis filer vers Dieu avec ce qu’elles lui ont fourni de divin comme on l’a expliqué dans la méditation sur les échantillons.  On ne s’arrête pas aux échelons d’une échelle, mais on met le pied dessus pour monter plus haut.  Les créatures sont des échelons vers Dieu à condition de les fouler aux pieds!  Les créatures sont donc pour l’homme simplement comme des moyens pour arriver à Dieu.  Là encore nous avons l’exemple de Jésus qui a méprisé souverainement les créatures pour être tout au Créateur.  Nous devons être une seule chose avec Jésus et donc agir comme Lui!  Connaître le rôle des créatures dans le plan divin empêcherait de nous faire prendre par leur ensorcellement!  Elles ne sont pas des fins, mais uniquement des moyens.  Quand on veut aller à tel port, on quitte le bateau, une fois rendu là, quelque beau et quelque riche que soit ce bateau.  Eh bien!  les créatures nous sont données pour nous transporter dans le monde divin; nous devons donc les mépriser et les quitter une fois qu’elles nous ont donné le divin que Dieu avait mis en elles.  Elles ne sont pas notre fin!  En ce monde notre fin c’est le Christ!

2)         L’homme pour le Christ!

Dieu n’accepte au ciel que son Fils.  Comment pouvons-nous alors espérer arriver au ciel?  C’est en étant tellement unis à Jésus que le Père nous laisse passer comme les membres du corps de son Fils.  Ce n’est qu’en Jésus et par Jésus que nous pouvons arriver au ciel.  C’est lui qu’il nous faut reconnaître comme notre Dieu et notre Sauveur et vivre sa vie si bien que nous soyons une seule chose avec lui.  C’est la doctrine bien claire des Apôtres et surtout de St Paul.  Il a inventé tout un vocabulaire pour exprimer cette idée.  Nous naissons avec lui, nous travaillons avec lui, nous sommes configurés avec lui, nous souffrons avec lui, nous mourons avec lui et nous ressuscitons avec lui.  C’est toute l’idée donnée par Jésus en parlant de la Vigne.  Il est le cep et nous sommes les branches.  Or une vigne n’a qu’une vie dans le tronc et dans ses branches.  Eh bien!  c’est la même vie qui doit circuler dans les chrétiens et dans Jésus, pas seulement la même vie divine, mais les mêmes actes divins, la même mentalité; ce n’est donc pas seulement par la grâce sanctifiante, mais dans toute l’activité libre de la mentalité.  Jésus l’affirme clairement: «Personne ne vient au Père que par Moi.»

Il s’ensuit que Jésus doit être le but de tous nos actes et de tous nos efforts: toute notre activité doit converger là: nos actions sans aucune exception doivent nous faire progresser vers Jésus, nous aider à reproduire Jésus dans notre vie.  Il doit être notre ambition, notre idéal et notre stimulant pour toutes nos pensées, toutes nos paroles et toutes nos actions.  Il ne suffit pas de connaître son rôle dans la création, il faut faire revivre en nous Jésus dans toute la force du mot.  Voyons les mondains comme nos modèles dans la poursuite de leur amour: les plaisirs du monde.  Comme ils sont tout entiers aux jouissances de toutes sortes!  Comme ils en parlent du matin au soir et avec n’importe qui: amis ou étrangers!  Dans les trains, en voiture, dans les magasins, dans les usines, partout où ils se rencontrent, ils parlent de jouissances.  Ils se démènent fiévreusement, ils sont à la course en tout: pourquoi?  pour venir en contact de leur idole.

Eh bien!  c’est justement ce que devraient faire les chrétiens pour arriver à s’unir à Jésus.  Comme ils sont loin de leur but, de leur fin dernière!  Comme ils sont peu intéressés à leur modèle selon le plan divin!  Au contraire, tout le monde le fuit, personne ne veut parler même de lui: tous sont ennuyés de ce sujet qui est à cent lieues de leur coeur puisque la bouche n’en parle jamais ou à peu près.  Devant cette constatation, ce n’est pas moi qui essaierais de prouver le grand nombre des élus comme plusieurs essaient contre Jésus qui dit clairement que le nombre des élus est petit.  Est-ce que ce n’est pas un tout petit nombre qui s’intéressent aux choses de Dieu et donc qui les aiment?  Or c’est l’amour de Dieu qui donne le ciel… et comme peu de chrétiens même l’ont!  Jésus condamne tout de suite la masse quand il dit que la bouche parle de l’abondance du coeur.  Ceux qui ne parlent pas des choses de Dieu avec amour ne l’ont donc pas dans le coeur… et donc ils ne seront pas avec les élus qui ont aimé Dieu sur la terre.  Si le voile des affections pour les créatures obscurcit leur vue des choses divines maintenant, ce même voile continuera de le faire dans l’éternité, puisque la mort ne fait qu’immortaliser ce qu’elle trouve dans l’âme.  Que tous se réveillent pendant qu’il en est encore temps!  Videz votre coeur de l’amour des créatures ou des échantillons, pour transporter votre amour sur Jésus, votre Dieu et votre fin dernière, que vous devez aimer comme l’exige le premier commandement: de toutes les capacités de votre être.

3)         Le Christ pour Dieu!

Comme Dieu est la fin de tout, étant la source infinie de tout, il faut que tout ce qui vient de lui retourne à lui d’une façon ou d’une autre.  Or, Jésus vient du Père, il faut donc qu’Il retourne au Père.  Jo.  13-3: «Jésus qui savait que son Père lui avait remis toutes choses entre les mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il retourne à Dieu.» Mais il ne retourne pas seul: «Que votre coeur ne se trouble pas; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.  Dans la maison de mon Père il y a de nombreuses demeures.  Si cela n’était, je vous l’aurais dit, car je vais vous préparer une place; et après que je m’en serai allé et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous retirerai à moi afin que là où je suis, vous soyez aussi.» Jo.  141.

Comme la pensée appartient à l’intelligence qui l’a produite, comme le rayonnement appartient à la source qui le produit, comme toute gloire appartient à Dieu, ainsi le Sauveur qui est tout cela appartient à Dieu et il travaille pour Dieu comme il existe pour Dieu.  Comme on a dit que la création doit passer par l’homme pour glorifier Dieu, ainsi la création et l’homme doivent passer par Jésus pour être agréables à Dieu et donc les créatures sont pour l’homme et l’homme pour le Christ, le Christ est pour Dieu, qui est la fin dernière de tout ce qui existe.  Notre seule planche de salut est donc en Jésus; en proportion que nous devenons une seule chose avec lui, nous avons des chances d’être sauvés.  Tous ceux qui espèrent arriver au ciel selon leur destinée surnaturelle doivent s’efforcer de tout leur être de reproduire la vie de Jésus dans le détail et dans le concret de la vie.  Il ne suffit pas du tout de le savoir, il faut le faire.  Comme Jésus était tout aux choses de son Père, nous devons être tout aux choses de Dieu.  Or, par nature, notre coeur est déjà avec les créatures; pour le transférer sur Dieu, il faut donc se divorcer des créatures; ce divorce est non seulement permis, mais obligatoire pour tout chrétien qui veut arriver à Dieu.  Ces deux amours sont contraires l’un à l’autre; chacun peut donc tout de suite savoir quel sorte d’amour de Dieu il a.  Il n’a qu’à surveiller ses conversations; de quoi parle-t-il habituellement?  De quoi aime-t-il à entendre parler?  Les conversations sont les émanations de l’amour humain, ou des manifestations de ce qu’on a dans le coeur.  Ceux qui ne sont pas épris des choses de Jésus ne s’en vont donc pas vers Jésus, ni par conséquent vers le ciel.

Suivons donc le plan indiqué ici par S.  Paul: que les créatures soient pour nous, dans ce sens, de nous conduire à Jésus parce que nous sommes pour Jésus; il faut donc que nous usions des créatures de manière à ce qu’elles nous poussent vers Jésus, et cela se fait en les méprisant, en mettant le pied dessus afin de monter vers Jésus.  Ce n’est que selon ce plan que nous pouvons espérer arriver à la participation de la vie intime de la Trinité.  Ce ne sera que par Jésus ou à travers Jésus que nous arriverons aux Trois Personnes divines au ciel.  Donc c’est aussi à travers Jésus ou par Jésus et en Jésus dans ce monde de la foi par la grâce de Dieu que nous pouvons espérer ce bonheur éternel.  Que Jésus donc devienne tout de suite le centre de toute notre vie terrestre: nous devons en être pleins et saturés de lui et de sa doctrine.  Les deux nous sont donnés pour commencer notre vie céleste même en ce monde d’une certaine façon et donc pour notre bonheur en ce monde.  Tous les maux de la terre seraient guéris par Jésus et par sa doctrine.  Que de réformateurs même dans le clergé cherchent des remèdes aux misères humaines dans la sociologie, dans la philosophie et dans les sciences humaines!  Sans la doctrine de Jésus diffusée dans tous les rangs de la société, ils perdent leur temps.  Tous ces maux viennent de ce que les hommes ne pratiquent pas cette doctrine céleste que Jésus a pris la peine de nous apporter en ce monde.  Que tous donc se mettent à l’étude et à l’amour de Jésus et de sa doctrine afin de finir par reproduire toute sa vie dans la leur!  Le ciel commencera tout de suite sur terre pour se continuer dans l’éternité!

RÔLE DU VERBE INCARNÉ 

Maintenant que nous avons vu le rôle du Verbe avant sa venue sur terre, voyons son rôle en ce monde où il s’est fait semblable à nous afin de nous rendre semblables à lui.  Puisque le Verbe ne change en rien lorsqu’il s’unit à notre humanité, on peut être sûr de trouver en Jésus sur terre le même rôle essentiel que dans la Trinité.  Là il glorifiait le Père en le manifestant; eh bien, en ce monde, dans la chair, il va… 

1) Glorifier Dieu.  

Le Verbe vient s’incarner pour nous apporter la vie du Père avec les moyens de la mériter.  Comme c’est une vie qui nous dépasse infiniment, il faut bien aussi que les moyens aussi nous dépassent.  Ces moyens sont contenus dans sa doctrine selon son plan avant tout péché; elle suffit pour transformer notre vie naturelle en vie surnaturelle avec la grâce de Dieu et notre vie humaine en vie divine.  Il vient nous enseigner à cesser d’agir comme des hommes pour agir comme des enfants de Dieu que nous sommes.

«Personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils et ceux à qui il le révèle.» Donc ni les anges ni les hommes ne peuvent connaître le Père sans le Verbe qui est obligé de descendre à notre niveau pour nous instruire.  Comme Jésus, ou le Verbe plutôt, est sorti de l’Intelligence divine par essence pour manifester le Père et donc pour le glorifier, il faut que cette fin essentielle du Verbe soit aussi la fin essentielle de sa venue en ce monde.  Il est donc venu avant tout pour faire connaître le Père aux humains en faisant connaître les perfections infinies de Dieu.  La réparation du péché ne peut être qu’une mission accidentelle, comme le péché lui-même a été un accident dans le plan divin.  C’est impossible que tout ce plan Divin de réunir les hommes au Christ pour le bonheur éternel du ciel avec toutes ses conséquences pour la gloire de Dieu ait dépendu d’un péché mortel.  Puisque l’Eglise autorise la croyance en la venue du Verbe en ce monde pour s’incarner même sans le péché, nous pouvons donc nous en servir pour notre bien spirituel.  Autrement tout pivote autour de ce péché mortel, ce qui répugne en Dieu.  Tandis qu’en faisant reposer tout ce magnifique plan sur la gloire de Dieu on prend le point de vue divin et céleste tout de suite, et l’on n’est pas attristé ni assombri par le spectre du péché.

Tout en venant pour faire connaître aux hommes la Trinité, le Verbe les trouve blessés par le péché; il panse leurs plaies par son sacrifice sanglant, qui lui, vient du péché ou est fait pour expier le péché.  Alors Jésus se fait rédempteur au lieu d’instructeur des hommes.  Au lieu de simplement croire à la divinité du Messie en pratiquant sa doctrine pour mériter le ciel, il nous faut souffrir avec lui en plus de croire et de pratiquer sa doctrine céleste.  N’est-ce pas le même triste esprit qui oriente encore la masse du clergé toujours à aller chercher leurs arguments pour le salut des hommes dans le péché?  Tout pivote sur le péché, tout est comparé au péché, on ne parle que de péché en général; c’est le péché qui fournit le thème principal à la prédication.  Tout cela est pauvre, vide et aride, pour le coeur.  En proportion que les prêtres s’éloignent de l’amour de Dieu ils parlent de péché.  Moins ils ont de foi et plus toute leur prédication roule sur le péché ou pour éviter le péché.  C’est justement toute cette théologie concernant le péché qui fait laisser de côté les merveilles de l’amour de Dieu et de la gloire de Dieu.  On ne trouve pas toute la théologie de la Trinité dans cette pourriture: la foi, l’espérance et la charité ne jaillissent pas de cette offense à Dieu.  Ces prêtres ne voient plus la gloire de Dieu telle que Jésus nous l’apporte dans sa doctrine du renoncement à soi-même, qui serait nécessaire même sans le péché originel, et dans le mépris des créatures, également nécessaire sans le péché originel.  Eh bien, il nous faut revenir au rôle essentiel du Messie qui est la gloire de Dieu, la manifestation de Dieu aux hommes indépendamment de tout péché.  Il ne faut pas que cette laideur vienne obscurcir notre vision du Messie nous apportant les trésors de science et de sagesse divines et la splendeur des perfections divines.  Quelle différence alors dans l’idéal de tout chrétien!  Il ne s’agit pas d’éviter le péché comme fin dernière de la vie, ni comme but essentiel de la vie, ainsi que tant de chrétiens le pensent, quoiqu’il faille l’éviter, mais il lui faut comme son divin modèle, Jésus, être tout aux choses de son Père pour le faire connaître au monde, pour le faire rayonner, le faire aimer et le faire servir.  Voilà un idéal autrement élevé, autrement noble et efficace que de simplement ne pas se souiller dans le péché, de ne pas tuer Dieu dans l’âme, de ne pas l’insulter, de ne pas aller brûler en enfer, etc., sujet ordinaire de prédication, et seule préoccupation des fidèles.  Aussi, quelle insouciance dans la vie de nos chrétiens!  C’est l’effet normal de cette idée que le Messie n’est venu que pour effacer le péché et qu’il nous aide encore que pour que nous ne tombions pas dans le péché.  Triste idée!  Prenons donc à l’avenir le rôle de faire connaître Dieu le plus possible, enfin de le faire aimer pour mieux le faire servir et la vie sera embellie énormément, sera incomparablement plus efficace et pour soi et pour les autres, d’autant plus que l’autre effet s’en suivra automatiquement: nous éviterons le péché facilement et spontanément.  Tous ceux qui prennent pour rôle de simplement éviter le péché ne réussissent pas et de plus ne glorifient pas Dieu, n’ont aucune ambition de le faire; ils sont enténébrés pour les choses spirituelles et comme insouciants.  Ce qui prouve que leur système spirituel est bon à rien; que leur théologie, pivotant sur le péché, est bien pauvre.  Jésus n’avait pas du tout comme but de sa vie d’éviter le péché, quoiqu’il l’évitait nécessairement.  On voit que toute sa préoccupation est de faire connaître Dieu et de le faire aimer.  Eh bien!  quoique nous soyons sujets à pécher, prenons donc sa mentalité par rapport à cette gloire de son Père avec toute la théologie des perfections divines et non pas celle du péché, et nous arriverons à l’éviter bien plus sûrement.  Il nous dit que notre victoire sur le monde viendra

de la foi.  Eh bien!  la foi ne nous apporte pas le péché, mais les perfections divines.  Prenons donc le même rôle que notre Sauveur dans notre vie et nous glorifierons Dieu d’une manière merveilleuse tout en évitant le péché.  La vue des perfections divines est autrement plus efficace pour le travail de la perfection que la vue de la pourriture du péché.  Est-ce que l’amour d’un mari pour sa femme n’est pas plus efficace pour le bonheur de la famille que s’il passait son temps à penser de ne pas la tuer?  de ne pas la blesser?  Pas un homme de coeur va chercher dans le meurtre de sa femme la source de sa vie de famille.  Est-ce que les enfants bien élevés prennent comme but de leur vie en famille de ne pas battre leur père, de na pas le blesser?  de ne pas l’offenser?  Ils évitent cela, mais ils ont dans le coeur et dans l’esprit de lui faire plaisir et de l’aimer le plus possible.  Le premier commandement si positif est bien plus sanctifiant que de vouloir simplement éviter les péchés défendus par les commandements négatifs.  J’insiste sur ce point qu’il faut aller chercher non pas chez le diable, mais chez Dieu les motifs de nous sanctifier et de le glorifier.  Laissons donc une bonne fois le péché de côté pour nous appliquer uniquement à manifester Dieu partout et toujours.  Nous glorifierons ainsi Dieu tout en évitant les péchés bien plus efficacement.

Ainsi dans le ministère, ne parlons donc pas aux gens d’éviter le péché seulement, puis une fois cela fait, les laisser tranquilles.  Poussons-les à entrer tout de suite dans le même rôle que Jésus pour vivre le plus possible de l’activité de la Trinité.  Nous leur ferions un bien immense.  Voilà les idées qui viennent en feuilletant les évangiles souvent, en cherchant l’amour divin qui s’y cache.  Jésus condamne dans Le sermon sur la montagne toute la théologie des Pharisiens sur les péchés mortels à éviter.  C’est tout ce que ces docteurs en Israël prêchaient au peuple: éviter le péché mortel!  Comme il y en a de ces Pharisiens dans notre clergé!  Comme ils se contentent d’éviter et de faire éviter le péché mortel!  Or, ils n’y arrivent pas.  Ils devraient voir qu’ils sont de travers avec Jésus.  Lui prêche: «Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait! 

Soyez saints parce que je suis saint.  Suivez-moi en vous renonçant, etc… Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa sainteté!» Quelle perfection sublime il met toujours devant nos yeux.  Il veut que nous agissions comme des dieux, comme notre Père dans le ciel.  Voilà ce qui est glorifier le Père, le manifester au monde!  Quand les prêtres vont-ils prendre ce rôle au sérieux et revenir à la théologie de l’amour de Dieu et sortir de celle du péché comme pivot de leur vie spirituelle?  Qu’ils se saturent de l’esprit de Jésus et ils viseront plus souvent la vision béatifique pour organiser leur propre vie et leur enseignement.

2)         Nous racheter.

Quoique ce que nous avons dit sur l’importance de mettre dans notre intention d’abord la nécessité de glorifier Dieu, il faut tout de même tenir compte du caractère de Rédempteur que Jésus possède.  Dans l’ordre de l’exécution, il faut qu’il satisfasse la justice divine par ses souffrances et qu’ainsi il expie le péché pour que Dieu donne ses faveurs aux hommes et qu’il accepte la gloire que Jésus et les hommes vont lui donner après cette satisfaction et par elle.  Il y a donc dans la vie de Jésus ce coté pénible d’expiation qui pénètre absolument toutes ses actions dans le concret.  Toute sa vie est pénible d’une façon ou d’une autre.  Dieu exerce sa justice sur lui pour nous montrer ce qui nous attend aussi dès que nous voulons Jésus au ciel.  «Nous régnerons avec lui, pourvu que nous souffrions avec lui.» Ne l’oublions pas un instant quand nous étudions la vie de Jésus.  Ne nous détournons pas de cette expiation de peur de nous détourner du divin que Jésus nous apporte malgré ce côté pénible à la nature, et l’on peut dire aussi à cause de lui.  Le divin est maintenant voilé derrière la croix, ou derrière Jésus en croix.  Pour nous pécheurs, comme pour Jésus, qui prend sur lui nos péchés, c’est la justice divine qui se montre la première. 

Si nous la fuyons, nous n’aurons pas les faveurs divines qui suivent l’expiation.  Que de chrétiens se détournent avec horreur des souffrances de Jésus!  Pourtant nous sommes les vrais pécheurs qui méritons tous ces tourments, toutes ces humiliations.  Il faut en prendre sa part sous peine de ne jamais participer aux délices du ciel.  L’homme n’a pas voulu se soumettre au magnifique plan divin qui nous donnait le ciel à bon marché; eh bien, maintenant il faut l’acheter au prix de notre sang d’une façon ou d’une autre, et cela en union avec l’expiation de Jésus.  Jésus nous rachète donc au prix de son sang et de sa vie; lui, notre Maître souverain et Seigneur, il daigne mourir pour des pécheurs qui sont absolument insouciants de lui.  Comment pouvons-nous lui marchander nos aises et notre misérable vie pour avoir son bonheur éternel?  Comme nous devrions être contents qu’il accepte ce vil prix pour nous rendre participants de sa vie divine au sein des trois Personnes de la Trinité!  C’est à force de réfléchir sur ce qu’est Jésus pour nous que nous arriverons à comprendre son infinie miséricorde envers nous pour, enfin nous montrer plus généreux envers lui.  Jésus travaille encore à la gloire de son Père en mourant pour nous, parce que toute la gloire que Dieu voulait de nous en nous créant était perdue à tout jamais par le péché originel.  Alors en nous rachetant, il rend cette gloire encore possible si les hommes veulent bien coopérer avec Jésus en souffrant comme ses membres mystiques.  Nous ne pouvons pas assez insister sur ce point absolument nécessaire; il faut que nous expiions nos péchés d’abord pour que Jésus se donne à nous; il faut satisfaire la justice divine pour être les objets de la miséricorde divine.  Dans la mesure que nous accomplissons la première partie, dans la même mesure nous éprouverons les effets de la bonté divine par toutes sortes de faveurs spirituelles pour nous sanctifier.  Mais cette expiation est tellement contraire à notre nature que nous nous en détournons avec horreur et cependant nous voudrions jouir des faveurs divines; c’est aussi impossible que d’avoir le ciel sans la rédemption.  Nous voudrions Jésus après sa résurrection, mais pas le Jésus de Gethsémani.  C’est impossible!  Allons à Jésus crucifié d’abord pour le suivre dans le portement de sa croix et dans ses humiliations, et dans la même proportion nous entrerons dans sa divinité avec toutes les heureuses conséquences pour nous en ce monde et en l’autre.  Soyons courageux et obéissants à Jésus qui nous dit carrément qu’il nous faut porter notre croix afin de le suivre.  Le suivre vient après la croix!

3)         Nous diviniser en nous communiquant sa propre vie, par la grâce sanctifiante et par les grâces actuelles de toutes sortes.  Si l’expiation dont on vient de parler semble pénible, qu’on songe à ce qu’elle nous procure dans notre divinisation en Jésus.  Nous devrions nous remplir l’esprit et le coeur de cette merveilleuse destinée à la participation à la vie intime de la Trinité.  St.  Paul, au début de son épître aux Ephésiens, nous en fait une magnifique description que nous devrions méditer souvent.  «Béni soit le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus Christ qui nous a comblés en Jésus Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles et de biens célestes.  De même qu’en lui il nous a choisis avant la création du monde afin que nous soyons saints et sans tache en sa présence par la charité, et qui nous a prédestinés à l’adoption de ses enfants par Jésus-Christ, en union avec lui, selon le dessein de sa volonté, pour faire éclater la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a comblés de faveurs en son Fils bien-aimé, dans lequel nous avons la rédemption par son sang et la rémission de nos péchés, selon les richesses de sa grâce, qu’il a répandue sur nous avec abondance, en nous remplissant d’intelligence et de sagesse, pour nous découvrir le mystère de sa volonté selon la bienveillance, par laquelle il avait résolu en lui-même, lorsque les temps seraient accomplis, de tout restaurer en Jésus-Christ, tant ce qui est dans le ciel que ce qui est sur la terre.» Tout cela est pour nous à condition que nous vivions la vie de Jésus!  Il ne suffit pas de l’avoir pour garder comme un objet précieux dans une armoire, mais pour nous en servir.  Il nous communique sa nature divine par la grâce sanctifiante afin de nous permettre d’agir comme des dieux.  C’est l’usage que nous en faisons qui le glorifie, non pas le fait de l’avoir.  Des parents sont contents de leurs enfants quand ils se servent habilement de la nature humaine que les parents leur ont donnée.  Des idiots ont la nature humaine, mais ils font le malheur des parents parce qu’ils ne s’en servent pas.  Jésus surveille donc l’usage que nous faisons de notre grâce sanctifiante, non pas le fait que nous la gardons, sans nous en servir comme des idiots spirituels.  Nous devons nous laisser diviniser non seulement dans notre être, mais dans nos facultés spirituelles: dans l’intelligence et dans la volonté.  Cela se fait par la pratique des vertus et théologales et cardinales.  C’est quand on vit de Foi, d’Espérance et de Charité que nous glorifions Jésus et que nous méritons le ciel dans la même mesure.  Comment le faire?  C’est en suivant la doctrine de Jésus telle qu’on la trouve dans les Evangiles et les Epîtres des Apôtres.  Il indique suffisamment un peu partout comment aller chercher en Dieu tous nos motifs d’agir divinement et toute la science et la sagesse dont nous avons besoin pour vivre divinement.

C’est surtout la théologie de St.  Paul qu’il nous faut approfondir pour entrer dans ce merveilleux plan de notre divinisation.  C’est lui qui insiste le plus et qui nous montre comment le faire d’une façon pratique en attaquant partout nos motifs naturels pour n’admettre que des motifs surnaturels.  «Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses du ciel, où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu, n’ayez de goûts que pour les choses du ciel, et non pour celles de la terre, car vous êtes morts et votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ… Tout ce que vous faites, faites-le de bon coeur comme le faisant pour le Seigneur, et non pour les hommes.» Col.  3.  Ce n’est pas lui qui fait pivoter toute sa théologie sur le péché, mais toujours sur la vision béatifique avec toutes ses exigences pour nous en ce monde où nous devons commencer notre vie du ciel dans la foi et par la grâce.  Voilà l’esprit que tout chrétien et tout prêtre devraient avoir pour le salut de son âme et pour la gloire de Dieu!

mardi 16 juin 2015

Saint Curé d'Ars - Catéchisme sur le prêtre


Mes enfants, nous en sommes au sacrement de l'Ordre. C'est un sacrement qui semble ne regarder personne parmi vous, et qui regarde tout le monde. Ce sacrement élève l'homme jusqu'à Dieu. Qu'est-ce que le prêtre? Un homme qui tient la place de Dieu, un homme qui est revêtu de tous les pouvoirs de Dieu. « Allez, dit Notre-Seigneur au prêtre. Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie.... Toute puissance m'a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc, instruisez toutes les nations.... Celui qui vous écoute m'écoute ; celui qui vous méprise me méprise. »

Lorsque le prêtre remet les péchés, il ne dit pas : « Dieu vous pardonne. » Il dit : « Je vous absous. » A la consécration, il ne dit pas : « Ceci est le Corps de Notre-Seigneur. » Il dit : « Ceci est mon corps. »

Saint Bernard nous dit que tout nous est venu par Marie, on peut dire aussi que tout nous est venu par le prêtre : oui, tous les bonheurs, toutes les grâces, tous les dons célestes.

Si nous n'avions pas le sacrement de l'Ordre, nous n'aurions pas Notre-Seigneur. Qui est-ce qui l'a mis là, dans ce tabernacle ? C'est le prêtre. Qui est-ce qui a reçu votre âme, à son entrée dans la vie? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme, pour la dernière fois, dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à mourir, qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et la paix? Encore le prêtre. Vous ne pouvez pas vous rappeler un seul bienfait de Dieu, sans rencontrer, à côté de ce souvenir, l'image du prêtre.

Allez vous confesser à la sainte Vierge ou à un ange vous absoudront-ils? Non. Vous donneront-ils le  corps et le sang de Notre-Seigneur? Non. La sainte Vierge ne peut pas faire descendre son divin Fils dans l'hostie. Vous auriez deux cents anges là, qu'ils ne pourraient vous absoudre. Un prêtre, tant simple soit-il, le peut; il peut vous dire « Allez en paix; je vous pardonne. »

Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand !

Le prêtre ne se comprendra bien que dans le ciel... Si on le comprenait sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais d'amour...

Les autres bienfaits de Dieu ne nous serviraient de rien sans le prêtre. A quoi servirait une maison remplie d'or, si vous n'aviez personne pour vous en ouvrir la porte ? Le prêtre a la clef des trésors célestes c'est lui qui ouvre la porte ; il est l'économe du bon Dieu, l'administrateur de ses biens.

Sans le prêtre, la mort et la passion de Notre-Seigneur ne serviraient de rien. Voyez les peuples sauvages quoi leur a-t-il servi que Notre-Seigneur fût mort? Hélas ! ils ne pourront pas avoir part au bienfait de la rédemption, tant qu'ils n'auront pas des prêtres pour leur faire l'application de son sang.
Le prêtre n'est pas prêtre pour lui : il ne se donne pas l'absolution; il ne s'administre pas les sacrements. Il n'est pas pour lui, il est pour vous.

Après Dieu, le prêtre, c'est tout !... Laissez une paroisse vingt ans sans prêtres : on y adorera les bêtes.
Si M. le missionnaire et moi nous nous en allions, vous diriez : « Que faire dans cette église ? il n'y a plus de messe; Notre-Seigneur n'y est plus; autant vaut prier chez soi... Quand on veut détruire la religion, on commence par attaquer le prêtre, parce que là où il n'y a plus de prêtre, il n’y a plus de sacrifice, et là où il n’y plus de sacrifice, il n’y a plus de religion.

Lorsque la cloche vous appelle à l'église, si l'on vous demandait « Où allez-vous?» vous pourriez répondre: « Je vais nourrir mon âme. » Si on vous demandait, en vous montrant le tabernacle : « Qu'est-ce que c'est que cette porte dorée? — C'est l'office; c'est le garde-manger de mon âme. —Quel est celui qui en a la clef, qui fait les provisions, qui apprête le festin, qui sert à table? —C'est le prêtre. —Et la nourriture? — C'est le précieux corps et le précieux sang de Notre-Seigneur... » O mon Dieu! mon Dieu! que vous nous avez aimes    

Voyez la puissance du prêtre ! La langue du prêtre, d'un morceau de pain fait un Dieu! C'est plus que de créer le monde... Quelqu'un disait : « Sainte Philomène obéit donc au Curé d'Ars? » Certes, elle peut bien lui obéir, puisque Dieu lui obéit.

Si je rencontrais un prêtre et un ange, je saluerais le prêtre avant de saluer l'ange. Celui-ci est l'ami de Dieu, mais le prêtre tient sa place... Sainte Thérèse baisait l'endroit où un prêtre avait passé... Lorsque vous voyez un prêtre, vous devez dire : « Voilà celui qui m'a rendu enfant de Dieu et m'a ouvert le ciel par le saint baptême, celui qui m'a purifié après mon péché, qui donne la nourriture à mon âme... » A la vue d'un clocher, vous pouvez dire : « Qu'est-ce qu'il y a là? Le corps de Notre-Seigneur. Pourquoi y est-il? Parce qu'un prêtre a passé là et a dit la sainte messe. »

Quelle joie avaient les apôtres, après la résurrection de Notre-Seigneur, de voir le Maître qu'ils avaient tant aimé ! Le prêtre doit avoir la même joie, en voyant Notre-Seigneur qu'il tient dans ses mains... On attache un grand prix aux objets qui ont été déposés dans l'écuelle de la sainte Vierge et de l'Enfant Jésus, à Lorette. Mais les doigts du prêtre, qui ont touché la chair adorable de Jésus-Christ, qui se sont plongés dans le calice où a été son sang, dans le ciboire où a été son corps, ne sont-ils pas plus précieux?... Le sacerdoce, c'est l'amour du cœur de Jésus. Quand vous voyez le prêtre, pensez à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

vendredi 12 juin 2015

Saint Alphonse de Liguori - Le Sacré-Coeur



Cœur aimable de Jésus

Celui qui se révèle aimable en tous points se fait nécessairement aimer. Ah Î si nous nous appliquions à étudier les innombrables charmes de Jésus, l'aimer deviendrait, pour nous tous, une heureuse nécessité.

Parmi tous les cœurs, nous en chercherions en vain un seul qui soit plus aimable que celui de Jésus.

Cœur entièrement pur; cœur parfaitement saint; cœur si rempli d'amour pour Dieu et pour nous, que ses désirs ne tendent qu'à la gloire de Dieu et à notre bonheur.

C'est le cœur où Dieu trouve toutes ses délices, toutes ses complaisances.

Dans ce cœur, se donnent rendez-vous perfections et vertus : un très ardent amour pour Dieu son Père, avec la plus grande humilité, le respect le plus profond qui se puissent rencontrer; une souveraine confusion causée par nos péchés, dont il a pris la charge, unie à la plus absolue confiance du plus tendre des fils; une extrême horreur pour nos fautes et une vive compassion pour nos misères; l'excès de la souffrance, dans la plus totale conformité à la volonté divine. Ainsi est renfermé en Jésus tout ce qui se peut trouver d'aimable.

Pour certains, ce qui provoque leur affection, c'est la beauté; pour d'autres, c'est ou l'innocence, ou la familiarité des relations, ou encore la piété. Mais que ces charmes, et bien d'autres, soient réunis dans la même personne, qui pourra ne la point aimer ? Si on nous parle d'un prince beau, humble, courtois, pieux, plein de charité, affable avec tous, rendant le bien pour le mal; fût-il d'un pays étranger et lointain, sans le connaître, sans être connus de lui, sans aucun lien entre lui et nous, notre cœur est ravi et contraint de l'aimer. Or, Jésus-Christ, ne les possède-t-il pas, toutes ces vertus, et toutes au suprême degré ? En outre, il nous aime avec une indicible tendresse. Comment se fait-il donc qu'il trouve si peu d'affection parmi les hommes, qu'il ne soit pas l'unique objet de notre amour ? Lui l'amabilité incomparable, lui si prodigue envers nous des preuves de son amour, lui seul, oserai-je dire, est assez malheureux avec nous pour ne pas arriver à gagner notre cœur, comme s'il n'était pas assez digne de notre amour.

Voilà ce qui arrachait des larmes aux Rose de Lima, aux Catherine de Gênes, aux Thérèse, aux Marie-Madeleine de Pazzi.

Devant ce spectacle de l'ingratitude des hommes, elles s'écriaient en pleurant : l'Amour n'est pas aimé!

Cœur aimant de Jésus

Oh ! si nous comprenions l'amour dont brûle pour nous le Cœur de Jésus ! Il nous a aimés à ce point que, si les hommes, les anges, les saints unissaient toutes leurs forces pour aimer, ils n'arriveraient pas à la millième partie de l'amour que nous porte Jésus.

Il nous aime immensément plus que nous ne pouvons nous aimer nous-mêmes.

Il nous a aimés jusqu'à l'excès, selon le mot de l'Evangile dans le récit de l'apparition du Thabor : Ils disaient que c'était une folie, ce qu'il allait accomplir à Jérusalem (Luc 9, 31.) Quel excès, en vérité, que celui-ci : un Dieu mourant pour ses créatures.

Il nous a aimés, dit saint Jean, jusqu'à la fin (Jean 13, 1), c'est-à-dire jusqu'à l'extrême. Il nous aimait depuis une éternité, de telle sorte qu'il n'y a pas un seul instant, durant l'éternité, où il n'ait pensé à nous et n'ait aimé chacun de nous en particulier : Je t'ai aimé d'un amour éternel. Mais ensuite, pour notre amour, il s'est fait homme; pour nous, il a choisi une vie de souffrances et la mort de la croix. Il nous a donc aimés plus que son honneur, plus que son repos, plus que sa vie, puisqu'il a tout sacrifié pour nous témoigner son amour. N'est-ce pas là, je le demande, un excès qui, éternellement, jettera dans la stupeur les anges et tout le paradis ?

Son amour l'a conduit plus loin encore : il le retient dans le très saint Sacrement comme sur un trône d'amour. Là nous le voyons sous les apparences d'un peu de pain, enfermé dans un ciboire, ne révélant rien de Sa Majesté qui paraît totalement anéantie; il est sans mouvement, privé de l'usage des sens; on dirait qu'il n'exerce plus d'autre fonction que d'aimer les hommes.

L'amour aspire à la continuelle présence de la personne aimée : voilà l'amour, voilà le désir qui fixe Jésus-Christ près de nous dans le très saint Sacrement. Trente-trois ans passés sur la terre au milieu des hommes, c'était trop peu pour sa tendresse : pour nous manifester son désir de demeurer toujours avec nous, il juge bon d'opérer le plus grand de ses miracles, qui fut l'institution de la sainte Eucharistie. Cependant, l'œuvre de la Rédemption était accomplie, les hommes étaient réconciliés avec Dieu : quelle nécessité y avait-il pour Jésus de rester sur la terre dans son Sacrement ? Il y reste, parce qu'il ne peut pas se séparer de nous et qu'il déclare trouver parmi nous ses délices.

Son amour ne s'arrête pas là. Voici ce Dieu qui devient notre nourriture, pour s'unir à nous, pour faire, de nos cœurs et du sien, une même chose. Celui qui mange ma chair demeure en moi, et moi en lui. (Jean 6, 57). O prodige ! ô excès de l'amour divin !

Si quelque chose, disait un serviteur de Dieu, pouvait ébranler ma foi au mystère de l'Eucharistie, ce ne serait pas la question de savoir comment le pain se transforme en chair, comment Jésus-Christ se trouve en plusieurs endroits, comment il est enfermé tout entier en un si petit espace. A cela je réponds : Dieu peut tout. Mais si l'on me demande comment un Dieu peut aimer l'homme jusqu'à se faire sa nourriture, je n'ai plus que cette réponse : C'est là une vérité de foi qui dépasse mon intelligence; l'amour de Jésus-Christ ne se peut comprendre.

O amour de Jésus, faites-vous connaître aux hommes, faites-vous aimer !

Cœur de Jésus tout désireux d'être aimé

Nous ne sommes pas nécessaires à Jésus-Christ : avec ou sans notre amour, il est immuablement heureux, immuablement riche et puissant. Et cependant, dit saint Thomas, Jésus-Christ, parce qu'il nous aime, a un aussi vif désir de notre amour que si l'homme était son Dieu et que son propre bonheur dépendit du nôtre.

Le saint homme Job en était dans la stupeur : Qu'est-ce que l'homme, disait-il, pour que vous en fassiez tant d'estime, et que vous fixiez sur lui votre attention. (Job. 7, 17). Eh quoi ! un Dieu désirer et solliciter avec de telles instances l'amour d'un vermisseau !

Ce serait déjà grande faveur si seulement Dieu nous avait permis de l'aimer. Qu'un humble sujet dise à son roi : Seigneur, je vous aime, — il passera pour téméraire. Mais qu'un roi dise à son serviteur : Je veux que tu m'aimes, quel étonnement I Les potentats de la terre ne s'abaissent pas ainsi. Or Jésus, le Roi du ciel, que fait-il ? Il réclame avec empressement notre amour : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. Il demande notre cœur avec insistance : Mon fils, donne-moi ton cœur. (Prov. 23, 26.) Et si une âme le repousse, il ne s'en va pas ; il se tient dehors, à la porte du cœur, il appelle, il frappe pour entrer : Je me tiens à la porte et je frappe. (Apoc. 3, 20.) Il prie cette âme de lui ouvrir, lui donnant les appellations les plus tendres : Ouvre-moi, ma sœur, mon épouse. (Cant. 5, 20.) En un mot, il trouve ses délices à se voir aimé de nous, et c'est pour lui une joie profonde quand une âme lui dit et fréquemment lui répète : Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime.

Tout cela est un effet du grand amour qu'il nous porte. Qui aime, désire nécessairement être aimé. Le cœur sollicite le cœur, l'amour demande l'amour. « Le dessein de Dieu, en aimant, c'est d'être aimé », dit saint Bernard. Et Dieu lui-même l'avait déclaré le premier : Qu'est-ce que le Seigneur ton Dieu demande de toi, sinon que tu lui obéisses et que tu l'aimes. (Deut. 10, 12.)

Et Jésus-Christ, que nous apprend-il ? Qu'il est le bon Pasteur : retrouvant la brebis égarée, il invite tous ses amis à partager sa joie.

Il nous apprend encore qu'il est le Père du prodigue : quand son enfant revient se jeter à ses pieds, non seulement il lui par donne, mais il l'embrasse avec tendresse. (Luc 15.)

Il nous apprend que celui qui ne l'aime pas reste dans la mort (I Jean 3, 14) et sous le coup de la condamnation. Celui qui l'aime, au contraire, Jésus le garde avec lui et se donne à lui : Qui demeure en la charité demeure en Dieu et Dieu en lui. (I Jean 4, 16.)

Ces demandes, ces instances, ces menaces, ces promesses, ne nous décideront-elles pas à aimer un Dieu qui désire à ce point être aimé de nous ?

Cœur meurtri de Jésus

Il est impossible de considérer combien le Cœur de Jésus souffrit ici-bas pour notre amour, sans en être ému de compassion. Lui-même nous fit entendre que l'accablante tristesse de son cœur alla jusqu'à ce Point qu'elle aurait suffi, à elle seule, à lui enlever la vie, à le faire mourir de pure douleur, si la puissance de sa divinité n’avait, arrêté la mort par un miracle : Mon âme est triste jusqu'à la mort. (Marc 14, 34.)

La plus grande douleur, l'affliction la plus cruelle du Cœur de Jésus, ce ne fut point, la vue des tourments et des opprobres que les hommes lui préparaient, mais le spectacle de leur ingratitude envers son immense amour.

Distinctement, il prévit chacun des péchés que nous commettrions, malgré toutes ses souffrances, malgré sa mort amère et ignominieuse.

Il prévit en particulier les outrages que recevrait des hommes son adorable Cœur, dans le très saint Sacrement, où il nous le laissait en témoignage de sa tendresse. Et, grand Dieu ! quels traitements odieux n'a pas subis Jésus-Christ dans ce Sacrement d'amour ! Il a été foulé aux pieds, on l'a jeté dans les cloaques, on s'en est servi pour en faire hommage au démon !

Et dire que la vue de ces procédés insultants n'a pas empêché Jésus de nous livrer ce gage suprême de son amour ! Certes, il a une souveraine horreur du péché ; mais son amour envers nous semble lui avoir fait oublier cette haine du péché : en effet, il consent à permettre tant de sacrilèges, plutôt que de priver de cette nourriture divine les âmes qui le chérissent.

Nous en faudra-t-il davantage pour' nous réduire à aimer un cœur qui nous a tant aimés ? En vérité, Jésus-Christ n'a-01 pas assez fait pour mériter notre amour ? Irons-nous encore nous joindre à la multitude infinie des ingrats qui abandonnent Jésus seul sur son autel ? Ah ! plutôt, unissons-nous au petit groupe des âmes ferventes qui savent reconnaître Dieu ; aspirons 14 nous consumer d'amour, plus encore qu ne se consument les cierges allumés devant le tabernacle. Là, nous trouvons le Cœur de Jésus et il y brûle d'amour pour nous : et nous, en sa présence, nous ne brûlerions pas d'amour pour lui ?

 Cœur compatissant de Jésus

Où pourrons-nous jamais trouver un cœur plus rempli de pitié et de tendresse, un cœur qui se soit montré plus compatissant pour nos misères que le Cœur de Jésus ?

Cette tendre pitié l'attira du ciel sur la terre. C'est elle qui fit de lui, comme il le proclame, le bon Pasteur, venant donner sa vie pour sauver ses brebis. Afin de nous obtenir notre pardon, à nous pécheurs, il ne s'épargne pas lui-même ; il veut s'immoler sur la croix, se substituant à nous pour le châtiment que nous avons mérité.

Cette même pitié, cette même compassion lui fait redire, encore maintenant : « Pourquoi voulez-vous périr, maison d'Israël ?... Revenez à moi, et vivez. » (Ezéch. 18, 31¬32.) 0 pauvre humanité, ô mes enfants, nous dit-il, pourquoi me fuir et courir ainsi à votre perte ? Ne le voyez-vous pas : vous séparer de moi, c'est marcher à la mort éternelle ? Ce n'est pas moi, certes, qui veux votre perdition. Rassurez-vous, dès lors que vous voulez revenir à moi : revenez et vous recouvrerez la vie.

Cette pitié, elle éclate encore dans le tableau que Jésus nous fait de sa tendresse paternelle. Père, il s'est vu méprisé par son enfant : chassera-t-il ce prodigue, quand le repentir le ramènera vers lui ? Il ne le peut ; tout au contraire, il le presse avec effusion sur sa poitrine, et il oublie toutes les injures qu'il en a reçues : De toutes ses iniquités je ne me souviendrai plus. (Ezéch. 18, 22.) Cela se rencontre-t-il parmi les hommes ? Même lorsqu'ils pardonnent, ils gardent la mémoire de l'offense subie et ils se sentent portés à en tirer vengeance ; et si la crainte de Dieu les empêche de se venger, tout au moins ils éprouvent une grande répugnance à vivre eu bonne amitié avec les personnes qui les ont maltraités. Vous, ô mon Jésus, vous pardonnez aux pécheurs repentants et vous ne refusez pas de vous donner à eux tout entier : dès la vie de la terre, dans la sainte communion ; dans là vie du ciel, par le moyen de la gloire ; une âme qui vous a offensé, vous ne gardez pas la moindre répugnance à la tenir embrassée pour toute l'éternité. Vraiment, où trouver un cœur aimable et compatissant à l'égal du vôtre, ô mon Rédempteur bien-aimé ?

Cœur libéral de Jésus

C'est le propre d'un bon cœur de désirer satisfaire tout le monde, et particulièrement les plus indigents et les plus malheureux. Or, est-il au monde un bon cœur qui soit comparable à Jésus-Christ ?

Parce qu'il est la bonté infinie, immense est son désir de nous communiquer ses biens : Avec moi sont les richesses.., pour enrichir ceux qui m'aiment. (Prov. 8, 18-21.)

Il s'est fait pauvre, dit saint Paul. Mais à quelle fin ? Pour que son indigence devint notre opulence. (II Cor. 8, 9.)

Il a voulu rester près de nous dans le saint Sacrement. Mais dans quel but ? Il s'y tient les mains pleines de grâces, ainsi qu'il se fit voir au P. Balthazar Alvarez, afin de les dispenser à qui vient lui rendre visite.

Ce même dessein éclate dans le don qu'il nous fait de lui-même en la sainte communion, nous marquant par là qu'il ne saura nous refuser ses largesses, après s'être donné sans réserve. Comment, avec lui-même, ne nous aurait-il pas tout donné ? (Rom. 8, 32.)

Ainsi, dans le Cœur de Jésus, nous trouvons tout bien, toute grâce que nous pouvons désirer : Dans le Christ, vous avez été comblés de toutes les richesses... de sorte qu'il ne puisse rien vous manquer en aucun don de grâce. (I Cor. 1, 7.)

Comprenons-le bien, c'est au Cœur de Jésus que nous sommes redevables de toutes les grâces reçues : rédemption, vocation à la foi, lumières, pardon de nos péchés, assistance pour résister aux tentations ou pour supporter les épreuves. En effet, privés de son secours, nous n'étions capables d'aucun bien : Sans moi, vous ne pouvez rien faire. (Jean 15, 5.)

Et si, par le passé, nous dit Notre-Seigneur, vous n'avez pas reçu des grâces plus nombreuses, ne vous plaignez pas de moi, mais de vous-mêmes, qui avez négligé de me les demander : Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé... Demandez et vous recevrez. (Jean 16, 24.)

Oh ! comme il est riche, le Cœur de Jésus, et comme il est libéral envers quiconque recourt à lui ! Il enrichit tous ceux qui l'invoquent. (Rom. 10, 12.)

Oh ! les largesses miséricordieuses qu'attirent sur elles les âmes attentives à demander assistance à Jésus-Christ ; David s'écriait : Vous êtes bon, Seigneur, et clément, et plein de miséricorde pour tous ceux qui vous implorent. (Ps. 85, 5.)

Allons donc toujours à ce Cœur, demandons avec confiance, et nous obtiendrons tout.

Cœur reconnaissant de Jésus

Le Cœur de Jésus est reconnaissant à l'extrême. La moindre bonne action accomplie pour son amour, la moindre parole prononcée pour sa gloire, la simple pensée de lui plaire : à rien de tout cela il ne sait refuser la récompense méritée par chacun.

En outre, il pousse la reconnaissance jusqu'à rendre toujours cent pour un : Vous recevrez le centuple. (Matth. 19, 29.)

Les hommes, quand ils sont reconnaissants et qu'ils rendent un bienfait reçu, ne le font qu'une fois : ils se déchargent ainsi de cette obligation, comme ils disent, et puis ils n'y pensent plus. Ce n'est pas ainsi que Jésus-Christ en agit avec nous : tout bon acte accompli en vue de lui plaire nous vaut de sa part, non seulement le centuple en cette vie, mais, dans l'autre, une récompense renouvelée à l'infini, à chaque instant, durant toute l'éternité.

Qui sera donc assez insouciant pour ne pas contenter, de tout son pouvoir, un cœur aussi reconnaissant ?

Hélas ! grand Dieu ! quel soin prennent les hommes de satisfaire Jésus-Christ ? Di-sons mieux : comment pouvons-nous être aussi ingrats envers notre Sauveur ? S'il n'avait répandu qu'une seule goutte de sang, une seule larme pour notre salut, nous lui serions infiniment redevables : cette goutte de sang, cette larme auraient eu, en effet, une valeur infinie auprès de Dieu pour nous obtenir toute grâce. Mais Jésus a voulu nous consacrer tous les instants de sa vie ; il nous a donné tous ses mérites, toutes ses souffrances et humiliations. Or, nous sommes reconnaissants même aux animaux : qu'un petit chien nous donne quelque signe d'affection, notre cœur n'y sait pas résister. Comment donc expliquer notre lamentable ingratitude à l'égard de Dieu ? Les bienfaits de ce Dieu changent-ils de nature et deviennent-ils des mauvais traitements ? On le dirait, en voyant les hommes y répondre, non par la reconnaissance et l'amour, mais par les offenses et les outrages. Eclairez, Seigneur, ces ingrats : faites-leur connaître l'amour que vous leur portez.

Cœur de Jésus méprisé

La peine la plus sensible à un cœur aimant, c'est de voir son amour méprisé. Et cette peine s'avive encore lorsque l'amour a donné de lui-même des preuves éclatantes, et que, d'autre part, l'ingratitude est plus grande.

Si chaque créature humaine renonçait aux biens d'ici-bas, se retirait dans un désert, y vivant d'herbes sauvages, dormant sur la terre nue, se livrant aux plus terribles pénitences, et que, enfin, elle endurât le martyre pour Jésus-Christ : quelle proportion y aurait-il entre ce sacrifice et les souffrances, l'effusion du sang, l'immolation de lui-même acceptées par l'auguste Fils de Dieu pour son amour ?

Si nous pouvions, à chaque instant, subir une nouvelle mort, par là encore, assurément, nous n'arriverions pas à payer, même en minime partie, l'amour que Jésus-Christ nous a témoigné en se donnant à nous dans la sainte Eucharistie. Un Dieu se cacher sous l'apparence d'un peu de pain et se faire l'aliment de sa créature !

Mais, ô ciel ! quelle est la récompense, quelle est la reconnaissance que les hommes donnent à Jésus-Christ ? Ce qu'il en reçoit ? Des outrages, le mépris de ses lois et de ses maximes, des injures telles qu'ils ne les feraient point subir à un ennemi, à un esclave, au plus vil manant de la terre.

Et nous pouvons, nous, penser à tous ces mauvais traitements qui ont été et qui sont chaque jour infligés à Jésus-Christ, et ne pas en éprouver de peine ?

Et nous ne nous emploierons point à reconnaître, par notre amour, l'amour immense de son Cœur divin, de ce Cœur qui est présent dans l'Eucharistie, toujours brûlant de la même flamme d'amour pour nous, consumé du désir de nous communiquer ses biens et de se donner à nous tout entier, prêt à s'ouvrir pour nous recevoir dès lors que nous allons à lui ? Celui qui vient à moi, dit-il, je ne le jetterai point dehors. (Jean 6, 37.)

Nos oreilles se sont accoutumées à ces mots : création, incarnation, rédemption ; à entendre parler de Jésus né dans une étable, de Jésus mort en croix. Grand Dieu ! si nous savions devoir un de ces bienfaits à quelqu'un de nos semblables, nous ne pourrions moins faire que de l'aimer. Dieu seul, semble-t-il, est assez malheureux avec les hommes, si l'on peut ainsi parler, pour avoir tout tenté afin de gagner leurs cœurs, sans y parvenir : au lieu d'amour, il recueille mépris et dédain. Cela vient de l'oubli, où vivent les hommes, de l'amour de ce Dieu.

Cœur fidèle de Jésus

Oh ! comme l'aimable Cœur de Jésus est fidèle aux âmes qu'il appelle à son saint amour ! Celui qui vous a appelés est fidèle, et il réalisera lui-même ses desseins sur vous. (I Thess. 5, 24.)

La fidélité de Dieu fait naître en nous la confiance de tout obtenir, alors que nous ne méritons rien.

Ce Dieu, l'avons-nous chassé de notre cœur ? ouvrons-lui la porte, et aussitôt il entrera, car il en a fait la promesse : Si quelqu'un m'ouvre sa porte, j'entrerai chez lui, et je m'assiérai à sa table. (Apoc. 3, 20.)

Nous désirons des grâces ? demandons-les au nom de Jésus-Christ ; il nous garantit que nous les obtiendrons : Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera. (Jean 16, 23.)

Si nous sommes tentés, confions-nous dans les mérites de notre Sauveur ; il mettra un frein à la fureur de nos ennemis : Dieu est fidèle, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. (I Cor. 10, 13.)

Oh ! comme il fait bon traiter avec Dieu, plutôt qu'avec les hommes ! Les hommes, bien souvent, promettent et ne tiennent pas, soit que leur promesse elle-même soit mensonge, soit que leur volonté change après qu'ils ont promis. Dieu, dit le Saint-Esprit, n'est point comme l'homme, pour mentir, ni comme les enfants des hommes, pour changer. (Nombres 23, 19.) Dieu ne peut donc manquer à ses promesses, lui la Vérité même, incapable de mensonge, lui dont la volonté, toujours juste et droite, ne peut varier.

Or, Dieu a promis d'accueillir quiconque vient à lui, d'accorder son assistance à qui la lui demande, de chérir qui le chérif : et ensuite il ne le ferait pas ? Est-ce lui qui dit et ne fait pas, qui parle et n'exécute pas ? (Nombres 23, 19.)

Oh ! que ne sommes-nous fidèles envers Dieu comme il est fidèle envers nous ! Par le passé, nous lui avons maintes fois promis de lui appartenir, de le servir, de l'aimer ; et puis, nous l'avons trahi, nous avons abandonné son service pour nous vendre comme esclaves au démon. Pour l'avenir, supplions-le de nous donner la grâce d'une courageuse fidélité.

Heureux serons-nous, si nous gardons cette fidélité à Jésus-Christ. Pour le peu qu'il exige, ses récompenses sont si magnifiques ! Il sera fidèle à nous les accorder, et, selon sa promesse à ses fidèles serviteurs, nous l'entendrons nous dire : C'est bien, serviteur bon et fidèle 1 Parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t'établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton Seigneur. (Matth. 25, 21.)

Saint Alphonse - Neuvaine au Sacré-Cœur de Jésus (extrait)