jeudi 8 octobre 2015

Père Barbara - Démasquer d'autorité l'église apparente

« On voudrait se redire avec tant de douceur et de justesse les paroles de vérité, les simples paroles de la doctrine surnaturelle apprises au catéchisme, que l’on n’ajoute pas encore au mal mais plutôt que l’on se laisse profondément persuader par l’enseignement de la révélation, que Rome, un jour, sera guérie; que l’église apparente bientôt sera démasquée d’autorité. Aussitôt elle tombera en poussière, car sa principale force vient de ce que son mensonge intrinsèque passe pour la vérité, n’étant jamais effectivement désavouée d’en haut. »[i]

Voilà l’espérance que le R.P. Calmel avait au cœur : un jour l’église apparente démasquée d’autorité tombera en poussière et Rome alors sera guérie.

Mais l’église apparente ne tombera pas en poussière comme par enchantement. Pour le Révérend Père, cette intruse, qui occupe et occulte l’Église réelle, tombera en poussière le jour où elle aura été « démasquée d’autorité ». Aussi longtemps qu’on s’y refusera, aussi longtemps qu’on laissera « son mensonge intrinsèque passer pour la vérité », l’église apparente continuera à prospérer et à occulter l’Église réelle « car sa principale force vient de ce que son mensonge intrinsèque passe pour la vérité, n’étant jamais effectivement désavoué d’en haut ».

L’ «église apparente » ! C’est celle qui apparaît, celle qui se présente comme étant l’Église catholique et que le monde tient pour telle. C’est l’ «église conciliaire », l’organisme installé à Rome aux lieux et place de l’Église véritable. Le Père Calmel l’appelle « église apparente », surtout pour rappeler qu’elle n’est pas l’Église et que, n’étant pas l’Église du Christ, on ne devait pas les confondre. C’est en cela que consiste son mensonge intrinsèque.

Un mensonge, tout le monde le sait, c’est une affirmation contraire à la vérité. Le mensonge intrinsèque de l’église apparente, c’est qu’elle se dit l’Eglise de Jésus-Christ alors qu’intrinsèquement, dans son être même, dans sa réalité profonde, aux yeux de Dieu et au regard de la foi, elle ne l’est pas.

Convaincu que la principale force de l’église apparente lui vient du fait que ce mensonge intrinsèque passe pour la vérité, le Révérend Père espère que bientôt elle sera « démasquée d’autorité ».

L’autorité est une participation au domaine de Dieu sur ses créatures. Lui seul peut l’accorder. Voilà pourquoi l’Apôtre est si formel : « Il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu « (Rom, XIII, 1). Qui ne comprend dès lors que Dieu ne peut en aucune façon avoir délégué ses droits, son pouvoir, son domaine à cet organisme qui ne possède de l’Eglise de son Fils que des apparences trompeuses.

L’autorité de la nouvelle église est une autorité factice, une autorité d’emprunt, « un masque d’autorité ».

La démasquer d’autorité, c’est lui enlever ce masque sous lequel elle se cache; c’est la montrer telle qu’elle est dans la réalité, devant Dieu, un néant.

La démasquer d’autorité, c’est aussi expliquer, faire comprendre et proclamer à temps et à contre-temps, que cette église n’ayant aucune autorité, les doctrines qu’elle enseigne, les décisions qu’elle prend, les changements qu’elle fait, les nouveautés qu’elle promulgue, les sanctions qu’elle porte, tout est nul et sans valeur.

La démasquer d’autorité, c’est enfin « rappeler à temps et à contretemps, mais toujours en instruisant » (II Tim. IV, 2), en quoi elle n’est pas l’Eglise et ne possède de l’Epouse du Christ que les apparences qu’elle se donne. L’Eglise du Christ, c’est « la maison de Dieu. C’est la colonne et le fondement de la vérité » (Eph. II, 19. I Tim. III, 15). La nouvelle église n’est rien de tout cela.

C’est parce qu’elle n’est rien de tout cela que l’autorité dont elle se prévaut n’est qu’un maque derrière lequel elle dissimule sa nullité. Voilà pourquoi le Révérend Père Calmel assure que « démasquée d’autorité, cette église apparente tombera aussitôt en poussière, car sa principale force vient de ce que son mensonge intrinsèque passe pour la vérité. »

Vous avez bien lu, sa force principale, je dirais sa force tout court, ce qui lui permet de se maintenir, de durer, de continuer à occuper abusivement et d’occulter totalement la véritable Eglise, c’est que « son mensonge intrinsèque passe pour la vérité.»

Le mensonge intrinsèque de l’église apparente, je l’ai expliqué plus haut. Il me suffit d’ajouter qu’il constitue une véritable imposture, une mystification sans précédent. Voilà plus de vingt ans qu’il dure; voilà plus de vingt ans que l’église apparente occulte l’Eglise réelle et trompe le monde entier. Voilà plus de vingt ans que cette effrontée, sans se gêner, trafique ouvertement la doctrine. Il n’est pas d’hérétique qu’elle n’ait excusé, pas de dogme dont elle ne laisse remettre en question la vérité définitive. Et, comble de scélératesse, voilà plus de vingt ans que cette impudente a si complètement médusé les meilleurs fils de l’Eglise, qu’elle est arrivée à faire commettre tous ses sacrilèges par des âmes consacrées! Comment expliquer ce mystère d’iniquité?

Le Père Calmel nous l’a dit. Le mensonge intrinsèque perdure parce que jamais il n’a été « effectivement désavoué d’en haut ». Le jour où il le sera, l’église apparente s’écroulera, elle tombera en poussière.

Mais, demanderont certains, n’a-t-il pas déjà été désavoué? Ne l’avez-vous pas dénoncé, vous, Père Barbara, dans vos sermons du dimanche, dans vos conférences, dans votre revue et jusqu’à la radio? Et Mgr Lefebvre, avec les prêtres de sa Fraternité et tous ceux qui les soutiennent dans leur combat ne l’ont-ils pas dénoncé aussi? L’église apparente n’en est pas tombée en poussière pour cela; elle occupe encore la véritable Église, se fait toujours passer pour l’Epouse et, plus que jamais, se pare de son autorité.

Oui, ayant compris l’imposture de l’église apparente, Dieu m’a fait la grâce de la dénoncer jusqu’à Rome[ii]. Mais, simple prêtre, ma dénonciation n’était pas un « désaveu d’en haut ». Seuls, les successeurs des Apôtres, les évêques, détiennent cette autorité. Seuls, ils peuvent « désavouer d’en haut » le mensonge intrinsèque de l’église apparente. Malheureusement, ni Mgr Lefebvre, ni Mgr de Castro Mayer, ni aucun prélat catholique ne l’a encore fait.

Sans doute, Mgr. Lefebvre et ceux qui le soutiennent ont vivement attaqué l’église apparente et lui ont résisté publiqueemnt. Mais jamais ils n’ont accepté de la « démasquer d’autorité ». Que dis-je! Non seulement, ils ne l’ont pas démasquée d’autorité mais, sur ce point précis, Mgr Lefebvre lui a apporté le concours le plus inespéré que cette intruse pouvait attendre de ses meilleurs auxiliaires, il a reconnu son autorité et a pris publiquement son parti. Bien mieux, il a fait savoir qu’il se séparait de ceux qui niaient toute validité à la synaxe de l’église apparente, ou qui refusaient de célébrer la messe catholique « una cum », en union avec Jean-Paul II.

Oui, Mgr Lefebvre a fait cela. Il l’a fait dans une déclaration officielle qu’il a diffusée autant qu’il a pu[iii].

Lorsque le R.P. Calmel voulait « que l’on se laisse profondément persuader par l’enseignement de la révélation, que Rome, un jour sera guérie; que l’église apparente  tombera en poussière », il ne pensait, ni ne disait que cela arriverait à condition de résister et d’oser braver publiquement les autorités installées. Mieux que nous il savait que jamais la révélation n’avait enseigné pareil scandale. Lui qui l’avait bien étudiée, savait que « toute autorité vient de Dieu et que résister aux autorités, c’est résister à Dieu qui les a établies, et c’est attirer sur soi la condamnation » (Rom. XIII, 1-2). Mais il savait aussi que les loups excellent à se couvrir de vêtement de brebis. Voilà pourquoi il avait affirmé que Rome serait guérit le jour où l’église apparente serait démasqué d’autorité, le jour où l’on aurait arraché au loup la peau de brebis, le jour où le mensonge intrinsèque de l’église apparente aurait été désavoué d’en haut. Ce jour-là, oui, l’intruse tombera en poussière. Mais ce jour-là n’est pas encore arrivé.

Quelle que soit la vénération qu’on peut avoir pour Mgr Lefebvre, elle ne change pas la réalité et la réalité est que cet évêque, à qui Dieu a fait la grâce de comprendre l’imposture de l’église apparente, ne l’a pas encore démasquée d’autorité, pas plus du reste qu’il n’a démasqué son chef, Jean-Paul II.

A ce jour, Mgr Lefebvre a préféré nier l’évidence et s’installer dans l’incohérence la plus complète et la plus opposée à l’enseignement de la révélation. Il a choisi de dire n’importe quoi[iv] plutôt que de démasquer d'autorité l’église apparente et son chef.

Car, ne nous y trompons pas, démasquer d’autorité l’église apparente c’est surtout démasquer d’autorité son chef; c’est lui enlever le vêtement de brebis dont il se couvre. C’est expliquer et proclamer que son autorité est une autorité factice, une autorité usurpée. En fait, devant Dieu, il n’a pas d’autorité. Et il n’en a pas parce qu’il n’est pas Vicaire du Christ, lui qui enseigne officiellement des erreurs condamnées par l’Eglise. A lui aussi, la force principale vient de ce que son mensonge intrinsèque passe pour la vérité. Son mensonge intrinsèque, c’est qu’il se présente comme Vicaire du Christ alors qu’il ne l’est pas. Le démasquer d’autorité, c’est donc faire comprendre qu’il n’a du pape que l’apparence que lui donnent son élection et son installation sur le Siège de Pierre. Ce n’est que dans la mesure où un vrai successeur des Apôtres fera comprendre aux fidèles que le « pape » de l’église apparente n’est pas le Vicaire du Christ, que le Christ ne l’a pas revêtu de son autorité, qu’on l’aura démasqué d’autorité. Alors, mais alors seulement, on verra se réaliser la prédiction du Père Calmel. Démasqués d’autorité, désavoués d’en haut, l’église apparente et son chef tomberont en poussière et la Rome éternelle sera guérie.

Forts dans la Foi, 1er trimestre 1990, 9/10



[i] R.P. R.-Th Calmel, o.p. Itinéraires n°173, mai 1973, p.79-80.
[ii] Le 19 novembre 1976, j’avais tenu à Rome une conférence de presse internationale au cours de laquelle j’avais dénoncé l’hérésie, le schisme et l’apostasie de Paul VI. Le lendemain, plus de dix-neuf quotidiens italiens en avaient rendu compte, certains, en première page et sur plusieurs colonnes.
[iii] Position de Mgr Lefebvre sur la nouvelle messe et le pape. « Mgr Lefebvre nous demande de faire connaître la synthèse de sa position sur ce qu’il a écrit et dit au sujet de deux problèmes qui agitent les conscience des catholiques fidèles à la Tradition, la validité du n.o.m. et l’existence actuelle d’un pape… En conséquence, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X des pères, des frères, des sœurs, des oblates ne peut pas tolérer dans son sein de membres qui refusent de prier pour le pape et qui affirment que toutes les messes du nouvel ordo missae sont invalides. » Fideliter n°13, février 1980, d’après Cor unum, novembre 1979. Cette déclaration, reproduite par tous les bulletins de la Fraternité et des chapelles qui sont dans sa mouvance, a été éditée en tract et distribuée à plus de dix mille exemplaires rien qu’à Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
[iv] Monseigneur est allé jusqu’à faire croire que le Christ avait doté l’Eglise d’un chef visible « à mi-temps », tantôt «Vicaire du Christ », tantôt « antichrist ».

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