mardi 9 février 2016

L'importance des observances du carême. (Sermon de Saint Augustin)

Puisque l'Eglise est éclipsée, certains catholiques qui prétendent suivre les lois de l'Eglise, suivent plus exactement la secte conciliaire qui n'est en aucun cas la Sainte Eglise et croient que dorénavant, les jours de jeûne et d'abstinence équivaut à seulement deux jours, c'est-à-dire, le mercredi des Cendres et le Vendredi saint. Il n'en est rien! Il serait important de tuer le païen en nous et de faire la volonté de Dieu et de sa Sainte Eglise. Nous rappelons donc à tous que pendant le carême, le mercredi des Cendres, chaque vendredi et samedi ainsi que les Quatre-Temps sont des jours de jeûne et d'abstinence. Pour les autres jours, jeûne seul (excepté le dimanche où l'on ne fait jamais, jeûne.)

Saint Augustin - Sermon CCV

1er pour le carême.

Il faut, dans le temps du carême, prendre la croix pour châtier son corps. Le chrétien doit continuellement être attaché à la croix.
—1. Nous entrons aujourd'hui dans le temps des observances du carême, que l'année nous ramène dans son cours. Or, c'est un devoir pour nous, dans ce temps, de vous adresser, comme chaque année, nos exhortations, afin que la parole de Dieu, dont nous sommes les ministres, nourrisse votre cœur, pendant que vous pratiquerez le jeûne corporel, et que l'homme extérieur, ainsi fortifié par la nourriture qui lui est propre , puisse entreprendre et supporter avec plus de force la mortification de l'homme extérieur. Il est digne, en effet, de notre piété, puisque nous approchons du temps où nous célébrons la passion et le crucifiement de Notre-Seigneur, que nous nous fassions nous-mêmes une croix pour y crucifier toutes les voluptés charnelles, selon la recommandation de l'Apôtre : « Ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises. » (Gal., V, 24.) Le chrétien doit continuellement être attaché à cette croix durant toute cette vie, qui s'écoule au milieu des tentations. Ce n'est point pour nous le temps, pendant cette vie, d'arracher les clous dont le Roi-Prophète dit dans un psaume : « Pénétrez mes chairs des clous de votre crainte. » (Ps. CXVIII, 120.) Les chairs sont les convoitises charnelles ; les clous, les préceptes de la justice ; la crainte du Seigneur perce nos chairs de ses clous, en nous crucifiant comme une victime agréable à Dieu. C'est ce qui fait dire encore à l'Apôtre : « Je vous conjure, par la miséricorde de Dieu, de lui offrir vos corps comme une hostie vivante et agréable à ses yeux. » (Rom., XII, 1.) C'est dans cette croix que le serviteur de Dieu, loin d'en rougir, met toute sa gloire, en disant « A Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, et par qui je suis crucifié pour le monde! » (Gal., VI, 14.) Or, nous devons rester attachés à cette croix, non pas seulement quarante jours, mais toute notre vie, quo représente ce nombre mystérieux de quarante jours, soit parce que l'homme, avant de commencer à vivre, est quarante jours à se former dans le sein maternel; soit parce que les quatre Evangiles s'harmonisent avec les dix préceptes de la loi, et que quatre fois .dix produisent le nombre quarante, ce qui nous prouve la nécessité, pendant cette vie, de l'Ancien comme du Nouveau Testament ; soit enfin pour toute autre raison plus vraisemblable, que découvrira facilement un esprit plus exercé et plus fécond. Aussi Moïse, Elie, et le Seigneur lui-même ont- ils jeûné quarante jours, pour nous apprendre , par l'exemple de Moïse , d'Elie et de Jésus-Christ, c'est-à-dire par la Loi, par les prophètes et par l'Evangile, que tout notre devoir est de ne point nous conformer ni nous attacher à ce monde, mais que nous devons crucifier le vieil homme, en ne passant point notre vie dans les festins et dans la débauche, dans les impudicités et dans les dissolutions, dans les querelles et les jalousies, mais en nous revêtant de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et en ne cherchant point à contenter les désirs de la chair. (Rom., XIII, 13, 14.) Voilà, chrétien, quelle doit être toute votre vie ; si vous ne voulez point vous enfoncer dans le bourbier de cette terre, ne descendez jamais de cette croix. Or, si tel est votre devoir tous les jours de votre vie, combien plus pendant ce temps du carême, qui non-seulement est une partie de la vie, mais qui la représente tout entière ?

Il faut se livrer avec plus de ferveur, pendant le carême, aux œuvres de piété.
— 2. En tout autre temps, vous ne devez point laisser vos cœurs s'appesantir par l'excès du manger ou du boire (Luc, XXI, 34), mais, dans ce temps, vous devez ajouter la pratique du jeûne. Dans tout autre temps vous devez éviter les adultères, les, fornications et tous les plaisirs corrupteurs que la loi de Dieu interdit, mais, pendant ces jours, vous devez vous abstenir même de vos épouses. Ce que vous vous retranchez par le jeûne, ajoutez-le à vos bonnes œuvres en faisant l'aumône. Consacrez à la prière le temps que vous passiez à vous acquitter de vos devoirs d'époux. Au lieu de l'énerver dans les affections de la chair, prosternez votre corps dans des supplications qui le purifient. Etendez, pour prier, ces mains qui s'entrelaçaient dans des embrassements charnels. Quant à vous, qui jeûnez dans les autres temps, ajoutez pendant ces jours à ce que vous faisiez déjà. Vous ne cessez de crucifier votre corps par la pratique d'une continence perpétuelle; unissez-vous à Dieu pendant ces jours par une application plus fréquente et plus forte à la prière. N'ayez tous qu'un cœur et qu'une âme ; soyez tous d'une fidélité inviolable, soupirez tous, dans cette terre d'exil, après la seule et véritable patrie; qu'elle soit l'objet de vos désirs et de votre amour le plus ardent. Que nul de vous ne porte, envie au don de Dieu, qu'il n'a point et qu'il voit dans un autre; que nul de vous ne le tourne en dérision. Quand il s'agit de biens spirituels, regardez comme étant à vous ce que vous aimez dans votre frère, et que votre frère considère comme lui étant propre ce qu'il aime en vous. Que personne, sous prétexte d'abstinence, ne s'applique changer plutôt qu'à retrancher ses jouissances, à chercher des mets exquis, parce qu'il ne fait point usage de viandes; ou des boissons rares à la place du vin dont il se prive; tandis qu'en apparence on semblerait mortifier la chair, on favoriserait tout simplement la volupté. Sans doute, tous les aliments sont purs pour ceux qui sont purs, mais la vie molle et sensuelle ne peut être pure pour personne.

Il faut s'abstenir surtout de toute querelle.

— 3. Par-dessus tout, mes frères, abstenez-vous de toute querelle, de toute discorde; souvenez-vous de ce reproche que le prophète adresse hautement à certains hommes de son temps : « Vous suivez votre propre volonté dans les jours de jeûne, vous tourmentez, vous frappez impitoyablement ceux qui sont sous votre domination, et l'air retentit de vos cris, » etc. (Isa., LVIII, 3.) Après avoir énuméré ces désordres, le prophète ajoute : « Ce n'est pas là le jeûne de mon choix, dit le Seigneur; » si vous voulez crier, aimez à faire entendre ce cri dont parle le Roi-Prophète, lorsqu'il dit : « J'ai crié vers le Seigneur. » (Ps. CXLI, 2.) Ce n'est point là un cri de dissension, mais un cri de charité; ce n'est point le cri (le la chair, c'est le cri du cœur. Tel n'est point le cri dont le prophète Isaïe dit ailleurs : « J'ai attendu qu'Israël fit des actions justes, et je ne vois qu'iniquité ; qu'il pratiquât la justice, et je n'entends que (Inscris.» (Isa., V, 7.) « Remettez, et il vous sera remis ; donnez, et il vous sera donné. » (Luc, VI, 37, 38.) Voilà les deux ailes sur lesquelles la prière s'envole vers Dieu : le pardon des offenses, et l'aumône faite à l'indigent.

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