dimanche 30 décembre 2018

Livre à paraître prochainement

 Livre à paraître prochainement aux Editions des saints Martyrs canadiens :


Petite citation pris du livre : 

[Tertullien] « Ses opinions montanistes se révèlent clairement dans ses traités sur le Voile des Vierges, de l’Exhortation à la chasteté, de la Monogamie, de la Pudicité, du Jeûne contre les psychiques. Il veut que les femmes soient toujours voilées ; il rejette les secondes noces absolument comme l’adultère et la fornication ; il enseigne que certaines fautes graves sont irrémissibles et il multiplie les jeûnes. Pour lui, le conseil devient précepte rigoureux. Il veut demeurer fidèle à l’orthodoxie, tout en adhérant au montanisme, et comme les jansénistes, il veut rester dans l’Eglise malgré l’Eglise. »


lundi 24 décembre 2018

Nativité de Jésus-Christ - Saint Léon le Grand




Notre Sauveur, bien-aimés, est né aujourd'hui, réjouissons-nous ! Car il serait impie de laisser place à la tristesse en ce jour de naissance de la vie ; de la vie qui, détruisant la mort, nous comble de la joie que donne l'éternité promise. Il n'est personne à qui soit refusé de partager cette allégresse, un seul et même motif de joie est commun à tous, car notre Seigneur qui, venu détruire le péché et la mort, n'a trouvé parmi les hommes personne qui fut libre de faute, est venu les libérer tous. Qu'exulte le saint, car il est près de recevoir la palme ; que se réjouisse le pécheur, car on l'invite au pardon ; que le païen prenne courage, car on l'appelle à recevoir la vie.

En effet, lorsque vint la plénitude des temps qu'avait fixée l'impénétrable profondeur du conseil divin, le Fils de Dieu prit la nature propre au genre humain afin de la réconcilier avec son Auteur, en sorte que le diable, inventeur de la mort, fut vaincu par cette nature même qu'il avait vaincue. Dans cette lutte engagée pour nous, le combat fut mené en se conformant au droit admirable et suprême de l'équité, car le Seigneur tout-puissant se mesura avec ce très cruel adversaire non dans sa Majesté, mais dans notre humanité, lui opposant la même condition, la même nature que les nôtres, partageant notre mortalité tout en demeurant étranger à tout péché. Oui, cette naissance échappe à ce qui est écrit de tous les hommes : « Personne n'est sans souillure, pas même l'enfant qui n'a vécu qu'un seul jour sur la terre. » (Jb 14,4-5). Rien donc dans cette naissance unique qui vienne de la concupiscence charnelle, rien qui découle de la loi du péché. De la race de David est choisie une vierge de sang royal qui, appelée à porter un rejeton sacré, concevrait dans son esprit avant que dans son corps cette divine et humaine descendance. Et, de peur qu'ignorante du dessein divin, elle ne s'effraie devant des faits inhabituels, elle apprend de la bouche d'un ange ce que va opérer en elle l'action de l'Esprit saint. Aussi ne croit-elle pas que sa pureté souffre un dommage, elle qui bientôt sera Mère de Dieu. Pourquoi, en effet, n'aurait-elle point foi en la nouveauté de cette conception, elle à qui est promis que l'efficacité en viendra de la puissance du Très-Haut ? Le témoignage d'un miracle préalable vient même confirmer sa foi, et la fécondité d'Élisabeth lui est apportée en preuve, afin que l'on ne doute pas que celui qui qui avait donné à une femme stérile la faculté de concevoir la donnerait aussi à une vierge.

Le verbe de Dieu, Dieu, Fils de Dieu, qui au commencement était avec Dieu, par qui toutes choses ont été faites et sans qui rien n'a été fait, afin de délivrer l'homme de la mort éternelle, est donc devenu homme. Pour épouser la bassesse de notre condition sans que sa majesté en soit diminuée, Il s'est abaissé de telle sorte que, demeurant ce qu'Il était et assumant ce qu'Il n'était pas, Il unit la véritable condition de serviteur à cette condition dans laquelle Il est égal à Dieu le Père, réalisant ainsi entre les deux natures une alliance si étroite que ni l'inférieure ne fut absorbée par cette glorification, ni la supérieure diminuée par cette assomption. Les propriétés de chaque nature restant donc sauves et se réunissant en une seule personne, la majesté se revêt d'humilité, la force de faiblesse, l'éternité de caducité ; pour payer la dette due par notre condition, la nature inviolable s'est unie à une nature passible, vrai Dieu et vrai homme s'associant dans l'unité d'un seul Seigneur ; ainsi le seul et unique médiateur entre Dieu et les hommes put, comme l'exigeait notre guérison, mourir en vertu d'une des deux natures et ressusciter en vertu de l'autre.

C'est donc à juste titre que l'enfantement du Sauveur ne porta pas atteinte à l'intégrité virginale ; car la mise au monde de Celui qui est la Vérité fut la sauvegarde de sa pureté.

Une telle naissance, bien-aimés, convenait au Christ, Puissance de Dieu et Sagesse de Dieu, cette naissance par laquelle Il s'adaptait à nous par l'humanité et l'emportait sur nous par la divinité. Si, en effet, Il n'était pas vrai Dieu, Il n'apporterait pas de remède ; s'il n'était pas vrai homme, Il ne procurerait pas d'exemple. Aussi, à la naissance du Seigneur, les anges chantent-ils en liesse : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux » et proclament-ils « La paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Ils voient, en effet, la Jérusalem céleste se construire au moyen de toutes les nations du monde : cette œuvre ineffable de la divine Bonté, quelle cause d'allégresse ne doit-elle pas être dans l'humble monde des hommes, si elle provoque une si grande joie dans la sphère sublime des anges ?

Remercions donc, bien-aimés, Dieu le Père, par son Fils, dans l'Esprit saint, Lui qui, à cause de la grande miséricorde dont Il nous a aimés, a eu pitié de nous, et, alors que nous étions morts par suite de nos péchés, nous a fait revivre par le Christ, voulant que nous soyons en Lui une nouvelle création, une nouvelle oeuvre de ses Mains. Dépouillons donc le vieil homme avec ses agissements, et, admis à participer à la naissance du Christ, renonçons aux œuvres de la chair.

Reconnais, ô chrétien, ta dignité, et, après avoir été fait participant de la nature divine, ne va pas retourner, par un comportement indigne de ta race, à ta première bassesse. Souviens-toi de quelle Tête et de quel Corps tu es membre. Rappelle-toi qu'arraché à l'empire des ténèbres, tu as été transféré dans le royaume de Dieu et dans sa lumière. Par le sacrement du baptême, tu es devenu temple du saint Esprit : ne va pas, par tes mauvaises actions, faire fuir loin de toi un tel hôte et te soumettre à nouveau à l'esclavage du diable ; ta rançon, c'est le sang du Christ, et Il te jugera selon la vérité, Celui qui t'a racheté selon sa Miséricorde, Lui qui règne avec le Père et l'Esprit saint dans les siècles des siècles. Amen.

dimanche 2 décembre 2018

Père Onésime Lacouture - 3-37 - La prière et fin



TRENTE-SIXIÈME INSTRUCTION
LA PRIÈRE.

«Qui de vous si son fils lui demande du pain lui donnera une pierre? Ou s’il lui demande du poisson, lui donnera un scorpion? Si donc, vous, tout méchant que vous êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux, donnera-t-il ce qui est bon à ceux qui le prient!».

jeudi 29 novembre 2018

Père Onésime Lacouture - 3-36 - Saint Jospeh



TRENTE-CINQUIÈME INSTRUCTION
SAINT JOSEPH.

«Allez à Joseph!», disait Pharaon au peuple. Gen. 41-55.

Nous pouvons nous faire une idée de ce que doit être Saint Joseph pour nous en considérant sa figure dans l’Ancien Testament. On sait que le peuple juif était la figure de Jésus: une foule de textes le disent indifféremment de l’un ou de l’autre, comme par exemple: «J’ai racheté mon Fils d’Egypte», ce qui est vrai du peuple et de J.-C. Si donc le peuple juif a eu son Joseph pour le sauver de la famine et de la mort, Jésus a eu aussi son Joseph pour le nourrir pendant sa vie cachée.

dimanche 25 novembre 2018

Père Onésime Lacouture - 3-35 - Marie mère de Dieu (suite)



TRENTE-QUATRIÈME INSTRUCTION
MARIE, NOTRE MÈRE.

«Jésus, ayant vu sa Mère et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère: «Femme voilà votre fils!». Ensuite, il dit au disciple: «Voilà votre Mère!», et depuis cette heure, ce disciple la prit comme sa Mère». X. 1926.

Père Onésime Lacouture - 3-34 - Marie mère de Dieu



TRENTE-TROISIÈME INSTRUCTION
MARIE, MÈRE DE DIEU.

«Vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils, à qui vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très Haut». Luc 1,31.

Dans nos trois séries de retraites, nous avons considéré nos principales relations avec chacune des trois personnes de la Sainte Trinité: il nous reste à considérer le rôle de la Sainte Vierge pour nous unir à la Sainte Trinité.

dimanche 18 novembre 2018

Père Onésime Lacouture - 3-33 - La persécution nécessaire



TRENTE-DEUXIÈME INSTRUCTION 
LA PERSÉCUTION.

« Bienheureux ceux qui souffrent la persécution pour la justice parce que le royaume des cieux est à eux. Vous êtes bienheureux lorsque les hommes vous maudiront et vous persécuteront et qu’ils diront mensongèrement toute sorte de mal de vous à cause de moi; réjouissez-vous et tressaillez d’allégresse parce qu’une grande récompense vous est réservée dans les cieux». Mt 5-17.

Tout le monde comprend que l’Eglise en général soit persécutée par les méchants et par les hérétiques et par les païens. Quand on parle de persécution, on pense aux grandes persécutions des premiers siècles sous les empereurs païens, ou des persécutions par les ennemis de l’Eglise comme les protestants ou les schismatiques.

dimanche 4 novembre 2018

Père Onésime Lacouture - 3-32 - L'abandon


TRENTE-ET-UNIÈME INSTRUCTION L’ABANDON.
« Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

Toute la doctrine donnée dans nos trois séries de retraites tend à nous rendre absolument conformes à Dieu dans tout notre être par la grâce sanctifiante et dans notre mentalité par une union libre de notre jugement et de notre volonté aussi parfaite que possible avec la grâce de Dieu. Nous voulons devenir une seule chose avec la Trinité par J.-C. Nous voulons donc vivre la vie du Père, juger selon la sagesse du Fils et aimer avec l’amour du Saint-Esprit. En proportion que nous visons ces trois activités trinitaires, nous pratiquons l’abandon à Dieu.

dimanche 21 octobre 2018

Père Onésime Lacouture - 3-31 - Le Sacré-Coeur



TRENTIÈME INSTRUCTION LE SACRÉ-CŒUR.

« Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné pour leur témoigner son amour… » Jésus à Sainte Marguerite-Marie.

Nous venons de méditer sur les principaux bienfaits de Jésus pour gagner l’amour des hommes: la prédication de sa doctrine céleste, son sacrifice sur la croix pour expier nos péchés, l’institution de la Messe, de l’Eucharistie et de la sainte Communion. Qu’aurait-il pu faire de plus pour se donner à nous dans la foi?

jeudi 6 septembre 2018

Père Onésime Lacouture - 3-30 - La communion



VINGT-NEUVIÈME INSTRUCTION
LA COMMUNION.

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour; car ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et je demeure en lui. » Jean 6-55.

Après avoir médité sur la présence réelle de J.-C. dans l’Eucharistie, nous allons méditer maintenant sur la sainte communion ou la manducation de l’Eucharistie qui se trouve à être la fin principale de la messe. Le prêtre consacre pour faire communier les fidèles, pour leur faire manger la chair et boire le sang de J.-C. Il ne s’agit plus seulement de l’adorer et de l’admirer, mais de le manger afin de nous unir à lui aussi intimement qu’il est possible en ce monde.

lundi 27 août 2018

Père Onésime Lacouture - 3-29 - L'Eucharistie



VINGT-HUITIÈME INSTRUCTION
L’EUCHARISTIE.

«Je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je lui donnerai est ma chair pour la vie du monde». Jean 6-51.

Nous venons de méditer sur la Messe où le prêtre consacre le Corps et le Sang de N.S. en vue de sa communion et de celle des fidèles: les Saintes Espèces demeurent donc après la Consécration comme il est nécessaire pour porter la communion aux malades, aux prisonniers et à tous ceux qui sont empêchés d’assister à la messe et qui doivent communier pour une raison ou pour une autre.

dimanche 26 août 2018

Père Onésime Lacouture - 3-28 - La messe



VINGT-SEPTIÈME
INSTRUCTION MA MESSE.

«Ayant pris du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant: «Ceci est mon corps qui est donne pour vous, faites ceci en mémoire de moi». Il prit de même le calice après la cène en disant: «C’est le calice, la nouvelle alliance dans mon sang qui sera répandu pour vous». Luc. 22-19.

Je mets pour titre «Ma Messe» pour indiquer que je veux méditer sur ma façon de dire ou d’entendre la messe. Je veux la considérer au point de vue pratique de ma sanctification par la messe; je ne veux pas en parler dans l’abstrait seulement, mais aussi dans le concret pratique de ma part dans ce divin mystère. Evidemment ce sera pour descendre tout de suite dans la pratique pour mon bien spirituel.

Père Onésime Lacouture - 3-27 - Tout catholique doit être saint



VINGT-SIXIÈME INSTRUCTION
TOUT CATHOLIQUE DOIT ÊTRE SAINT.

«Comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute la conduite de votre vie». I Pet. 1-15.

Nous avons suivi le divin dans la Trinité, dans le Verbe Incarné, dans sa sainte Humanité, dans l’Eglise et enfin nous voulons le voir agir dans les individus. C’est la partie la plus personnelle et la plus pratique pour chacun de nous. C’est le but que Dieu se proposait dans toutes ses œuvres grandioses qu’il a faites pour nous avoir avec lui… dans ce monde par la foi et sa grâce et ensuite dans la gloire du ciel.

Les Apôtres ont reçu la science infuse du plan divin dans ses détails avec les moyens pour le vivre. Cette idée fait le fond de leur prédication: ils veulent que tous les fidèles se préparent à voir Dieu face à face dans la vision béatifique. Mais, ils insistent que pour cela il faut devenir semblable à Dieu dans une sainteté parfaite comme celle de Dieu. Jésus dit carrément à tout le monde sans exception: «Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait!». Evidemment nous ne pouvons pas atteindre le même degré, mais nous devons avoir le même genre de sainteté et vouloir toute la sainteté de Dieu! Comme il est le souverain bien et notre fin dernière, nous ne devons pas mettre de limites à notre vouloir par rapport à Dieu.

Les Ecritures inspirées ne cessent de nous recommander de chercher la sainteté constamment et ardemment. Comment se fait-il que si peu de chrétiens veulent sincèrement devenir des saints dans toute la force du mot? Commençons par examiner les causes de cette paresse spirituelle, afin de les enlever si possible avec la grâce de Dieu.

Il ne s’agit pas simplement de les connaître spéculativement pour en parler seulement; mais, pour les faire disparaître en chacun de nous. Les prêtres surtout doivent prendre tout ce que nous dirons ici: mais cela ne veut pas dire que les laïques en ont moins besoin. Tous sans exception sont tenus de devenir des saints comme le bon Dieu est saint. Par conséquent, tous sans exception doivent prendre pour eux-mêmes tout ce que nous disons dans cette instruction adressée à tout le monde sans exception.

LES OBSTACLES…

Sont très nombreux évidemment, mais nous allons nous arrêter aux principaux et aux plus généraux pour le temps que nous avons à notre disposition pour cette instruction. Chacun pourra continuer ce travail dans ses méditations quotidiennes.

LA NATURE HUMAINE. Nous avons été créés par nature pour l’usage des créatures de ce monde et pour y trouer notre bonheur terrestre. Tout en nous, nous pousse vers les plaisirs des choses créées: ce n’est pas étonnant que nous soyons tout aux choses de la terre!

Or, pour acquérir la sainteté de Dieu, il nous faut faire tout le contraire de ces tendances naturelles que nous avons en nous. Il nous faut réagir contre notre amour naturel pour les créatures et cela constamment pour mettre tout notre amour uniquement en Dieu et en les choses de Dieu. Il faut aller contre tout ce qui a fait sa vie dans le passé et tout ce qui fait son bonheur dans le présent. C’est une lutte qui dépasse les forces humaines: personne ne peut faire cette guerre contre lui-même sans la grâce de Dieu. La très grande majorité n’ont pas même l’idée de se vaincre et donc encore moins de prier pour se vaincre. Alors la plupart restent dans la vie naturelle où ils sont nés. Quand on leur parle de sainteté, ils admettent bien qu’elle est enviable mais ils n’ont pas la force de secouer le joug de la chair humaine avec ses tendances animales. Et comme dans ce monde naturel où ils vivent, ils n’ont pas grand désir des choses de Dieu, ils ne prient pas ou trop peu pour sortir de leur mentalité plus ou moins païenne.

Une des raisons est que d’après la prédication des prêtres philosophes ils n’ont qu’à éviter les péchés et tout le reste est bon pour le ciel. Alors, la plupart des gens gardent toute leur activité naturelle mentale bonne en soi comme si elle était méritoire pour le ciel. Or, nous savons maintenant que toute cette activité naturelle intentionnelle ne vaut rien devant Dieu au point de vue du mérite éternel. Comment devenir saint avec cette activité naturelle? C’est impossible et voilà pourquoi tant de chrétiens ne sont pas saints.

Saint Paul dit carrément que les enfants de Dieu doivent être conduits par l’Esprit de Dieu; donc pas par des motifs naturels. Mais, comme ces gens vivent de motifs naturels, le Saint-Esprit ne peut pas les sanctifier dans le monde naturel où ils vivent. Tant que les prêtres enseigneront que le bon naturel est bon pour le ciel, les catholiques seront bien paresseux pour se sanctifier vraiment comme les saints l’ont compris dans la vraie sainteté surnaturelle. Ils sont satisfaits de leur bonté naturelle et les prêtres les laissent bien tranquilles là: ils y restent!

Par conséquent, non seulement il faut prêcher contre les péchés, mais aussi et je dirais surtout contre toute cette activité naturelle libre des motifs qui ne vaut pas plus que le sable pour soutenir notre maison spirituelle dans les tempêtes. Ni Jésus, ni la Sainte Vierge, ni les Apôtres n’ont agi pour des motifs naturels; donc ceux qui veulent les suivre dans leur sainteté doivent les suivre dans leurs motifs absolument surnaturels.

Puisqu’il faut mourir à soi pour vivre en Jésus, qu’on cesse d’agir pour des motifs naturels qui alimentent le païen en nous et nous empêchent de recevoir l’action du Saint-Esprit. Personne ne pourra donc arriver à la sainteté de Dieu sans renoncer à son moi païen ou à son activité naturelle intentionnelle.

LES SOPHISMES DE L’INTELLIGENCE sont très nombreux. Comme l’amour est tout aux choses de la terre par nature, c’est lui qui cherche des prétextes pour satisfaire cet amour tout en paraissant travailler pour le ciel. On voudrait combiner les deux: jouir de ce monde et après jouir de Dieu au ciel. Alors, toute la finesse humaine est employée à assurer les jouissances dans les deux mondes. Jésus dit que c’est impossible, mais les démons, aidant nos prêtres philosophes, ont toutes sortes de sophismes pour essayer de jouir des deux. Ils font exactement comme Satan a fait pour tenter Jésus. Il citait des textes vrais, mais il les interprétait mal. Eh bien! Nos prêtres en ont de ces textes qu’ils font servir à sauver leur vie plus ou moins païenne dans la mentalité et par la suite dans le concret de la vie.

S’il y a une vertu sur laquelle Jésus insiste dans sa vie et dans sa doctrine, c’est bien le détachement des plaisirs de la terre et l’esprit de pauvreté. Mais les prêtres opposent à la doctrine de Jésus leur doctrine abstraite des «in se» pour permettre à tout le monde de jouir tant qu’ils veulent des plaisirs bons «en soi». C’est vrai ce qu’ils disent, mais ce n’est pas la doctrine de J.-C. Il ne prêche pas seulement contre l’usage des choses défendues, mais aussi contre l’amour des choses permises, ce que la plupart des prêtres ne font pas.

Dans le Sermon sur la montagne, Jésus dit que nos bonnes œuvres seront récompensées selon les motifs: les philosophes disent qu’elles sont récompensées selon leur bonté «en soi» et peu importe les motifs: qu’ils soient naturels ou surnaturels. Il y a du vrai et il y a du faux: encore un sophisme donc!
Mais c’est inutile d’allonger l’énumération: nous en avons signalé assez dans le cours de nos instructions. C’est par centaines et par centaines que les prêtres en donnent aux fidèles. voilà ce qui explique en bonne partie l’insouciance des catholiques pour arriver à la sainteté. Ils trouvent même ridicule celui qui y tend sincèrement et ils ne manquent pas de se moquer de lui et même de le persécuter, pour le faire rentrer dans le rang du commun des mortels!

Si l’on veut découvrir ces sophismes qu’on essaie de pousser tant soit peu quelqu’un à la sainteté et tout de suite il nous sert un de ces sophismes des prêtres philosophes inspirés par Satan qui nous tente comme il a tenté Jésus au désert. «C’est par orgueil que tu veux te signaler au service de Dieu! La vraie humilité ne veut pas se faire remarquer: elle suit la voie commune…», oui, des païens! Faire comme tous les autres est le refrain des prêtres philosophes et des païens qui les suivent. Or, comme pour être saint, il faut bien se séparer de la masse qui ne veut pas de la sainteté, c’est un principe de paresse spirituelle.

Quand l’amour est aux choses du monde, l’esprit est habile pour trouver des raisons de légitimer son amour naturel. Or, comme la plupart des humains sont captivés par l’attraction des choses créées, ils ont une foule de sophismes pour justifier leur poursuite des choses créées. On les remarque parce qu’ils sont surtout tirés de la raison, tandis qu’un chrétien doit prendre ses motifs uniquement dans la foi et dans les textes des Ecritures bien compris, selon le sens de l’Eglise et des saints qu’elle a canonisés.

LES ATTRACTIONS DE L’IMAGINATION jouent un rôle très important dans la poursuite de nos amours, soit naturel ou surnaturel. On sait que la volonté veut le bien de l’homme selon qu’il lui est montré par les sens. D’avance on jouit d’un plaisir sensible auquel on pense. On dit qu’on en rêve, ce qui veut dire qu’on se le représente souvent à l’esprit et que l’imagination agit sur les sens pour les exciter comme s’il leur était présent. Alors, on comprend que la volonté soit fortement entraînée à ce plaisir.

N’est-ce pas la tactique des démons et des mondains de faire miroiter devant l’imagination des hommes par des tableaux, par des discours, des écrits, par la radio, tout ce qui peut corrompre les mœurs en faisant penser aux choses impures? Tous ces méchants agissent habilement sur l’imagination… et ils réussissent merveilleusement à perdre la foule des humains. Dès qu’un homme se remplit l’imagination des jouissances sensibles, il les veut… et adieu la poursuite de la sainteté! Les biens célestes n’ont plus d’attrait pour lui. C’est le cas de la masse des catholiques comme on peut le voir par leur conversation toute des choses des sens.

Le tort que fait l’imagination est qu’elle grandit beaucoup les jouissances sensibles et alors les fait vouloir par la volonté. Défions-nous donc de cette faculté. Retirons-la des choses créées et appliquons-la aux choses surnaturelles comme nous l’avons expliqué dans la première série au sujet des échantillons.

LES MOYENS…Pour désirer la sainteté et s’appliquer sérieusement à l’acquérir sont tout le contraire des obstacles que nous venons de signaler. Au lieu de suivre la nature humaine dans sa première création dans l’ordre naturel, il faut bien se mettre dans l’esprit notre deuxième création par la grâce dans le surnaturel. Or, là nous sommes appelés à:

UN IDÉAL SUBLIME: LA SAINTETÉ DE DIEU! Sortons donc pour tout de bon de l’ordre naturel et des créatures qui faisaient notre bonheur humain ou nous vivions comme des païens, pour nous jeter corps et âme dans le monde surnaturel avec tous les biens que la foi nous montre dans cet ordre divin. N’oublions pas qu’il s’agit de deux fins dernières différentes et donc de deux amours essentiellement opposés l’un à l’autre comme Jésus le dit bien clairement: «Vous ne pouvez pas servir Dieu et le monde: vous en aimerez l’un et vous haïrez l’autre». C’est donc tout l’un ou l’autre d’après Jésus même. Quelle bêtise donc pour tant de prêtres et de fidèles qui les suivent, de vouloir jouir des deux à la fois, de vouloir garder une bonne portion de leur coeur pour les créatures et le reste pour Dieu. Puisqu’ils mettent une partie des créatures à l’égal de Dieu dans leur coeur, c’est clair qu’ils n’ont pas Dieu du tout… selon la parole de J.-C. Or, c’est la très grande majorité des fidèles qui essaient de ménager les deux. Ils veulent bien aller du côté de Dieu, mais pas trop loin! Ils veulent jouir le plus possible des créatures… et quand ils ne pourront plus, ils consentent bien à aller au ciel, faute de mieux! Les pauvres malheureux! Je ne voudrais pas être à leur place dans l’éternité! Ils n’ont pas voulu sacrifier tout leur amour des créatures pour n’aimer que Dieu selon le premier commandement: comme ils vont payer cher cet amour des créatures!

La sainteté de Dieu consiste dans l’adhésion de sa volonté pour ses perfections divines. Si donc un catholique veut la sainteté de Dieu comme il y est tenu par le commandement formel de Dieu, il doit donc tourner sa volonté totalement du côté des perfections divines que Dieu nous fait ses enfants par la grâce sanctifiante et qu’il nous donne ses grâces actuelles.

Nous avons donc l’ordre formel de Dieu de nous sanctifier et il nous donne tous les moyens pour cette fin: il ne reste donc plus que notre détermination ferme de vouloir le devenir. Il nous faut donner ce coup de volonté un jour mais ça ne finit pas la. Supposons que je me détermine aujourd’hui d’aller à Rome, c’est déjà beaucoup, mais il me faut répéter cette détermination pour ainsi dire dans tous les moyens particuliers qui vont finir par m’amener à Rome. Voilà ce qu il faut faire pour devenir saint. D’abord se déterminer à le devenir. Puis ensuite garder ou répéter cette détermination dans tous les détails de ma vie qui sont des moyens pour arriver à la sainteté.

Il ne faudra pas se contenter d’éviter les péchés: il faudra sacrifier une foule de plaisirs honnêtes, il faudra me vaincre en acceptant toutes les croix que Dieu m’envoie, il faudra aiguiller tout mon amour uniquement sur les choses de Dieu et donc le retirer des créatures, mêmes bonnes en soi. Pourquoi ne pas me venger de telle injure? Parce que Jésus ne le veut pas! Pourquoi faire du bien à cet ennemi? Parce que Jésus le veut! Or, pour être saint, il faut vouloir comme Jésus en tout.

Si l’on réfléchit que nous devons commencer tout de suite notre vie du ciel, nous serions bien plus tranchés dans notre façon surnaturelle de vivre. Au ciel, il n’y aura pas le moindre mélange de motifs naturels et de motifs surnaturels: ils seront absolument tous, sans exception, surnaturels. Eh bien! Dieu nous alloue quelques années sur la terre justement pour nous exercer à notre vie céleste: commençons-la donc tout de suite! Au moins sachons notre obligation de le faire et ensuite essayons de la vivre de notre mieux.

Tous ces catholiques qui veulent se tenir entre l’amour de Dieu total et l’amour des créatures n’ont rien compris au plan de Dieu. Ce sont des gens qui raisonnent comme s’ils étaient sur le chemin des limbes. Là il n’y aurait pas besoin de rien trancher: du moment qu’on éviterait les gros péchés mortels de la Loi naturelle, on aboutirait quelque part dans les Limbes. On pourrait se contenter des degrés inférieurs. Mais pour le Ciel, c’est une question d’amour et l’amour est jaloux, exigeant: il veut tout ou rien. Par conséquent, ceux qui ne veulent pas aimer Dieu de tout leur cœur, risquent de tout perdre aussi.

Comme le bien est l’objet propre de la volonté et que Dieu est le souverain Bien, la volonté doit le vouloir de tout son poids. Personne n’a le droit de dire, je me contente d’un certain degré et cela me suffit. Celui-là pèche directement contre le premier commandement et risque son salut éternel.

C’est l’infini bonheur de la vision béatifique au sein de la Trinité que Dieu nous offre pour fin dernière: comment un catholique peut-il ne pas vouloir entièrement et absolument ce bonheur éternel? Ou bien il n’y pense pas et alors il ne l’aura certainement pas; ou bien il y pense et s’il est assez fou pour ne pas le vouloir totalement, il n’en mérite pas du tout.

SAVOIR SITUER LE TRAVAIL DE LA SAINTETÉ Que de temps et d’efforts perdus pour le grand nombre des fidèles pour se sanctifier! Ils se démènent beaucoup, mais souvent en dehors de la voie. Les prêtres philosophes avec leurs diaboliques «in se» mettent le travail dans les actions en soi. Pour eux tout consiste à éviter les actions défendues. Tous les catholiques sont convaincus qu’ils n’ont que les péchés à éviter: le reste importe peu. S’ils ne sont pas des démons, ils sont divins! Mais entre les deux, il y a les païens. Un catholique peut bien éviter les péchés et vivre dans une mentalité naturelle et donc païenne et là sans aucun mérite pour le ciel. Jésus nous met en garde de faire nos bonnes œuvres pour être vus des hommes, car dans ce cas nous n’aurons aucune récompense de Dieu. Donc les catholiques qui vivent avec des motifs naturels ne travaillent pas à se sanctifier, quand même ils sont bons… et c’est la très grande majorité des fidèles qui sont dans ce cas, à cause de la prédication des prêtres philosophes qui consiste pratiquement à faire éviter les péchés, sans s’occuper du tout des motifs.

La sainteté ne consiste pas à éviter le mal et à faire le bien naturel. Les bons païens font justement cela et ils ne sont pas saints devant Dieu. Il faut ajouter un troisième élément: le divin. La sainteté consiste à éviter le péché et à faire le bien divinement, ou surnaturellement. Or, pour cela il faut le faire pour Dieu d’une façon ou d’une autre, ce qui se fait par les motifs surnaturels.

Donc, pour être saint, il ne suffit pas de ne pas être un démon dans le péché, ni d’être un bon païen ou d’être un bon catholique par la grâce sanctifiante et païen dans la mentalité, mais il faut être surnaturel dans sa mentalité en plus d’avoir la grâce sanctifiante et païen dans la mentalité, mais il faut être surnaturel dans sa mentalité en plus d’avoir la grâce sanctifiante et être exempt de péché. En d’autres termes, il ne suffit pas d’être enfant de Dieu, il faut agir comme tel. Or cela se fait dans la partie libre de notre activité et donc dans nos motifs qui doivent être tous absolument surnaturels.

Il est vrai que c’est Dieu qui nous sanctifie, mais il est vrai aussi que je me laisserai sanctifier si je veux! Je suis libre de travailler à ma sanctification ou non. C’est justement pour cela que J.-C. et les Apôtres et les saints nous exhortent si souvent à vouloir devenir saints: c’est donc parce que cela dépend de nous d’une manière réelle. Eh bien! Ce ne peut être que là où notre liberté peut agir: cela est dans la volonté et donc dans nos motifs ou intentions libres.

Même sur le chemin des limbes nous serions obligés d’éviter les péchés graves: il est évident que nous devons faire cela aussi sur le chemin du ciel. Nous devons aussi avoir la bonté naturelle qui nous mènerait aux limbes. Mais, quelle absurdité que de se contenter de la même bonté pour aller au ciel! Une bonté humaine ne peut nous conduire au ciel; il nous faut une bonté surnaturelle. «Strictement parlant» comme disent les philosophes, la grâce sanctifiante suffit pour entrer au ciel si on meurt vite après l’avoir reçue. Mais si on vit tant soit peu, en plus d’elle, il nous faut une mentalité surnaturelle pour plaire à Dieu et pour mériter. N’oublions pas que recevoir la grâce sanctifiante ne donne aucun mérite, mais simplement la condition essentielle pour commencer à mériter quand on agira librement et donc dans nos motifs pour plaire à Dieu.

Est-ce qu’un enfant mérite de ses parents par le fait qu’il est conçu? Pas du tout. Mais avec sa nature humaine, il méritera devant eux quand il agira pour leur plaire. Il en est de même dans la vie surnaturelle. Si nous sommes enfants de Dieu par la grâce sanctifiante comme dit Saint Jean, pour rester enfants de Dieu, il faut se laisser conduire par l’esprit de Dieu, dit Saint Paul. Donc les deux sont absolument nécessaires. Le mérite est seulement quand on ajoute la deuxième partie: les motifs surnaturels, implicites ou explicites, mais enfin surnaturels.

Donc, essayer de se sanctifier en surveillant simplement la nature de nos actes, comme pour voir s’ils sont bons ou mauvais et se contenter de vouloir éviter les péchés, ne vaut pas grand-chose! Il faut le faire, mais là n’est pas le vrai travail de la sainteté. Dieu n’a jamais dit: donne-moi de bonnes actions, mais donne-moi ton coeur ou ton amour. Fais tes bonnes actions par amour pour moi, pour me plaire! Or, cela se fait par les motifs surnaturels. Jésus dit que l’intention est l’oeil du cœur comme l’oeil du corps pour nous conduire. Tout dépend de l’intention: une intention naturelle donne un mérite naturel; une intention surnaturelle donne un mérite surnaturel. C’est ce dernier seul qui compte devant Dieu.

Par conséquent, le champ le plus important à exploiter dans la spiritualité, c’est le champ des intentions ou des motifs. Il faut faire la guerre à tout motif qui n’est pas absolument surnaturel ou à toute intention simplement naturelle. C’est là que nous devons surveiller notre divinisation, parce que là seul se trouve notre liberté et donc une des causes importantes de mérite. Que chacun surveille constamment ses motifs pour qu’ils soient tous parfaitement surnaturels… et uniquement surnaturels. Pas de mélange des deux comme tant de prêtres enseignent. Dieu ne veut pas de mariage mixte entre les motifs naturels et les motifs surnaturels.

Cette question est si importante et si peu connue que je répète une explication déjà donnée. Le naturel et le surnaturel sont mélangés dans l’ordre physique ou substantiel. Par exemple, la grâce sanctifiante divinise tout mon être, mon corps et mon âme: donc ici les deux vont nécessairement ensemble et se mélangent physiquement.

L’erreur de la plupart des prêtres est de vouloir faire le même mélange dans les intentions ou dans les motifs. Comme ici c’est une question d’amour et que Dieu veut absolument tout notre amour, le moindre amour donné à soi ou à une créature insulte Dieu. Or, on montre son amour par les motifs, puisqu’un motif est mon amour agissant sur ma volonté. Par conséquent, comme Dieu veut être aimé seul, il n’accepte que des motifs faits pour lui et donc surnaturels. Alors, un motif naturel qui est pour un être étranger lui déplaît souverainement. C’est pourquoi il ne veut pas de mélange des deux sortes de motifs: en amour, c’est tout ou rien. C’est pourquoi Jésus pouvait dire: «Celui qui n’est pas pour moi est contre moi». Cela est vrai rien qu’en amour. Par conséquent, dans le monde des motifs il y a opposition irréductible entre un motif naturel et un motif surnaturel. L’un est pour le démon quelque bon qu’il soit naturellement et l’autre est pour Dieu. Donc dans ce monde des motifs, se trouve la lutte entre Dieu et le diable pour notre âme. Là c’est la guerre nécessairement et constamment.

Ceux donc qui veulent se sanctifier doivent travailler surtout dans le monde des motifs, surveiller leurs motifs et s’assurer que tous leurs motifs sont absolument surnaturels: Dieu ne paie que ce qui est fait pour des motifs surnaturels. C’est incomparablement mieux que de faire la lutte aux péchés. Car en se battant contre les péchés, quand même on réussirait, si on ne s’occupe pas de ses motifs surnaturels, on risque son salut. Car on peut éviter les péchés et rester naturel dans sa mentalité et alors cette mentalité païenne va nous faire retomber dans le péché. Situons bien tout le travail principal sur les motifs et l’on progressera rapidement et sûrement. Que le Saint-Esprit vous éclaire tous sur cette nécessité de toujours agir uniquement pour des motifs surnaturels!

ETRE SAINT DANS TOUS LES DÉTAILS DE LA VIE. Ceux qui n’ont pas l’amour surnaturel de Dieu ont beaucoup de peine à comprendre pourquoi Dieu attache tant d’importance aux petites choses de la vie. Ici encore c’est une question d’amour! Or, l’amour est très méticuleux, parce qu’il prend tout le cœur et donc toute la vie. Il prend tout le bonheur. Or la vie est faite de détails insignifiants et pour l’amour tout prend des proportions énormes comme on peut le voir entre amoureux. Comme il faut peu de choses pour plaire à l’autre, comme il faut peu de choses pour lui déplaire. L’amour est fait des riens qui remplissent la vie d’une personne.

Voyons donc dans la vie de la Sainte Vierge qu’elle a vécue dans le plus grand amour de Dieu et, pourtant, peut-on trouver une vie plus insignifiante aux yeux du monde? Comme l’amour veut tout le coeur, quand il l’a, il voit toujours et uniquement cet amour dans toutes les actions de celui ou celle qu’il aime.

Par conséquent, les fidèles qui veulent se sanctifier ne doivent pas surveiller seulement leur assistance à la messe et leurs communions, puis ensuite ne plus s’occuper de Dieu dans les détails de leur vie journalière. On doit mettre autant d’amour de Dieu dans son travail des champs ou de l’usine, ou de la cuisine, ou du ménage, ou de n’importe quel autre ouvrage qui entre dans le cours ordinaire de la vie chrétienne. Une femme en pelant ses patates ou en faisant ses chambres peut avoir autant de mérite devant Dieu que dans ses exercices spirituels, pourvu qu’elle ait uniquement des motifs surnaturels pour ces travaux que Dieu lui demande de faire pour l’amour de lui dans la vocation qu’il lui a donnée.

Si on vit de foi, tout cela sera encore assez facile. Jésus veut que nous voyions Dieu dans toutes les personnes au monde! Que chaque femme qui prépare des repas pour sa famille le fasse uniquement pour J.-C. comme lorsque Marthe préparait le souper pour Jésus en personne. Cette vue de foi va faciliter beaucoup les motifs surnaturels, puisque l’on verra Dieu partout. On voit comme tout s’enchaîne dans le monde surnaturel. C’est pourquoi il nous faut prendre toute la doctrine que Dieu nous présente au jour le jour de tant de façons comme il le fait dans sa providence: un sermon, une bonne lecture, une bonne conversation avec une personne surnaturelle, etc.

Surtout, n’allons jamais rejeter une bonne occasion de s’instruire dans le monde spirituel. Autrement on peut payer chèrement cette négligence d’un seul point. Combien vont rester aveugles dans les choses de Dieu parce qu’ils ont refusé d’entendre un sermon ou de faire une lecture ou de converser avec une personne dévote. Quand on aime Dieu, on prend tout ce qu’on peut pour mieux connaître et mieux l’aimer!

Quel dommage que les catholiques, pratiquement dans tous les rangs de la société, même ecclésiastique, soient si fermes et si peureux de progresser eux-mêmes et d’exhorter les autres à la sainteté! Comme les prédicateurs de la sainteté sont rares aussi! Comme ils sont vite à court d’haleine sur ce sujet! Ils ont toujours peur d’en demander trop aux fidèles: preuve qu’ils vivent bien dans le monde naturel où on est vite satisfait de sa bonté.

Les prêtres devraient montrer aux fidèles le rôle qu’ils ont dans l’Eglise, un peu comme les prêtres. Les Apôtres poussaient bien loin les conclusions de notre foi. Par exemple, en voici un de Saint Pierre I, ch. 2: •1451 «Soyez vous-mêmes édifiés sur lui, comme les pierres vivantes, pour composer une maison spirituelle (comme l’Eglise) et un sacerdoce saint (comme celui des prêtres), afin d’offrir à Dieu des sacrifices spirituels qui lui soient agréables par J.-C…. Mais vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, afin que vous annonciez les grandeurs de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière».

Chacun doit donc non seulement se sanctifier, mais sanctifier les autres selon les grâces que Dieu lui donne. Tous doivent être les temples du Saint-Esprit où on offre des sacrifices de l’humain, du naturel et notre païen! On doit mépriser les créatures et donc les immoler à notre amour pour Dieu comme aussi nous renoncer ou immoler son moi païen pour que Jésus seul vienne vivre dans son temple. C’est par ces sacrifices que l’amour surnaturel de Dieu s’achète et leur mérite devant Dieu dépend de l’intensité de notre amour divin.

Quelle source de sainteté est le catholique qui vit selon la foi! Il a la vie du Père éternel par la grâce sanctifiante; en suivant la foi, il suit la sagesse du Verbe et pour montrer qu’il préfère l’amour du Saint-Esprit à l’amour des créatures, il les sacrifie constamment sur l’autel de son cœur et en présence de la Sainte Trinité qui habite en lui. Il nage donc dans le divin comme dans le ciel, excepté qu’il ne le voit pas, mais il croit ce qui honore Dieu grandement. C’est son amour de Dieu qui gouverne tout, qui oriente toute son activité exactement comme dans le ciel. Voilà un catholique qui est mûr pour la vie du ciel! Voilà la vie surnaturelle que les prêtres devraient commencer par vivre eux-mêmes, puis l’enseigner aux fidèles qui l’ignorent à peu près complètement par la faute de l’ignorance et de l’insouciance des prêtres dans ce domaine.

Saint Pierre dit que nous sommes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple conquis, afin que nous annoncions les grandeurs de Celui qui nous a appelés du paganisme au Christianisme. Un catholique a donc la même vocation que l’Eglise: répandre la foi par le monde et faire connaître les merveilles du monde surnaturel. Comment peut-il le faire s’il ne commence pas par en vivre lui-même?

Comme Jésus s’est immolé pour l’amour de nous, tout catholique doit s’immoler de son vivant pour l’amour de J.-C. Or, quelle vie doit-il sacrifier? C’est sa vie païenne faite de ses deux amours naturels: l’amour de soi et l’amour des créatures. En les tuant autant qu’il le peut avec la grâce de Dieu, il meurt à lui-même pour ressusciter dans la vie surnaturelle de J.-C. Et comme ces deux amours sont extrêmement pénibles à la nature humaine, on peut dire qu’il est vraiment crucifié avec J.C. pour revivre la vie divine avec lui.

Cette doctrine est justement celle de Saint Ignace dans le Règne où il dit que pour faire régner Jésus dans le monde, il faut faire la guerre à notre amour-propre et à l’amour mondain: nos deux amours naturels. C’est le seul moyen efficace de vivre sans péché et d’être comme Dieu veut son Eglise, pure et sans tache. Tout catholique doit donc accomplir la fonction principale de l’Eglise: donner J.-C. au monde par tous les moyens à sa disposition. Voilà la base de l’action catholique que les derniers Papes veulent pour tous les fidèles. Car, après tout, l’Eglise n’est pas une personne, elle est un corps moral composé de ses membres. Tout ce que Jésus veut de son Eglise, il le veut de ses membres qui la composent. Quand il la veut sainte et sans tache, ce sont ses membres qu’il veut saints et sans tache et absolument saints.

On a vu que la sainteté est dans l’amour de Dieu. Eh bien, quand un catholique lit dans Saint Paul que pour l’amour de Dieu et pour gagner J.-C., il s’est privé de toutes choses, les regardant comme du fumier, il trouve là un fameux moyen pour se sanctifier. Qu’il regarde tous les plaisirs de la terre comme du fumier! Il en prendra donc le moins possible! On ne remplit pas ses conversations de fumier! Qu’on cesse donc de parler des amusements et des joies de la terre pour converser de l’objet de notre amour: Dieu et des choses de Dieu. C’est le meilleur critère pour voir si on est sur le chemin du ciel. Comme ils sont rares!

Quand on se donne à la vie intérieure de sainteté, on est d’abord perdu: on ne sait pas comment occuper le temps qu’on donne à Dieu: nos prières sont vite finies. Eh bien! Voici un champ immense et inexploré. C’est d’essayer d’imiter Jésus dans sa vie intérieure et dans ses prières si longues qu’il faisait même la nuit tout entière.

Il est certain qu’il demandait pardon à Dieu pour les péchés des hommes. Il se servait des paroles inspirées par le Saint-Esprit que l’on trouve dans les psaumes et dans les Prophètes. Que d’arguments on trouve là adressés à Dieu pour qu’il use de miséricorde envers les hommes! Il fait valoir leur ignorance, leur faiblesse naturelle et le sort affreux des humains en enfer. Il fait appel à sa bonté infinie, à sa miséricorde, à sa puissance, à sa gloire sur terre et dans le ciel, s’il pardonne aux hommes. •1460 Ensuite il lui offre des adorations, des actions de grâce, des actes d’humilité et d’amour, que l’on trouve dans les psaumes. Dans nos visites au Saint Sacrement, parcourons lentement les psaumes et nous trouverons des expressions qui expriment parfaitement notre état d’âme actuel. Habituons-nous donc à prier avec le Saint-Esprit et comme il nous le suggère dans les psaumes. Les laïques devraient les exploiter constamment. Ce sont ces actes libres de nos deux facultés spirituelles que Dieu surveille en nous incomparablement plus que notre grâce sanctifiante… qui n’a pas de mérite, mais est simplement la condition pour en avoir.

LES AVANTAGES

POUR SOI,

POUR LE PROCHAIN

ET POUR DIEU sont trop évidents pour qu’on les développe: si on pratique les points précédents, ces avantages suivront automatiquement pour notre plus grand bonheur en ce monde et surtout en l’autre. Que le Saint-Esprit nous ouvre les yeux! Et que la Sainte Vierge nous obtienne sa mentalité divine et sa sainteté incomparable!

vendredi 24 août 2018

Testament de saint Louis


« Beau Fils, la première chose que je t'enseigne est que tu mettes tout ton cœur à aimer Dieu. Car sans cela nul ne peut se sauver.

Garde-toi de faire chose qui à Dieu déplaise, c'est-à-dire mortel péché. Tu devrais même souffrir toutes manières de tourment plutôt que de pécher mortellement.

Si Dieu t'envoie adversité, souffre-la en bonne grâce et en bonne patience, et rends-Lui engrâce et pense que tu l'as bien desservi et qu'il tournera tout à ton profit.

S'il te donne prospérité, L'en remercie humblement, en sorte que tu n'en sois pas pire ou par orgueil ou par autre manière, de ce dont tu dois mieux valoir. Car l'on ne doit pas Dieu de ses dons guerroyer.

Confesse-toi souvent, et élis confesseurs prud'hommes qui te sachent enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu dois te garder...

Le service de Sainte Église écoute dévotement sans bourder et rire, regarder çà et là ; mais prie Dieu de bouche et de cœur en pensant à Lui dévotement et spécialement à la Messe à l'heure que la Consécration est faite.

Le cœur aie doux et pitoyable aux pauvres et à ceux qui souffrent de cœur et de corps, et les conforte et leur aide selon ce que tu pourras.

Maintiens les bonnes coutumes du royaume et les mauvaises abaisses.

Ne convoite pas sur ton peuple, ne le charge pas de toltes (impôts) ni de taille, et si ce n'est par trop grand besoin.

Si tu as quelque affliction de cœur, dis-la aussitôt à ton confesseur ou à quelque prud'homme. Ainsi tu la porteras plus légèrement.

Gardes que tu aies en ta compagnie tous prud'hommes, soit religieux, soit séculiers; aie souvent parlement avec eux et fuis la compagnie des mauvais.

Et écoute volontiers les semons ou publics ou privés ; et recherche volontiers prières et pardons.

Aime tout bien et hais tout mal en quoi que ce soit. 

Nul ne soit si hardi qu'il dise devant toi parole qui attire ou pousse à pécher, ou qu'il médise par détraction.

Ne souffre que l'on dise devant toi nulle vilenie de Dieu ni de ses saints, que tu n'en fasses tantôt vengeance. 

Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu'Il t'a faits, afin que tu sois digne d'en plus avoir. 

Pour justice et droiture garder, sois raide et loyal envers tes sujets, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours droit.

Et si un pauvre a querelle contre un riche, soutiens le pauvre plus que le riche jusques à temps que la vérité soit éclaircie.

Si quelqu'un a querelle contre toi, sois toujours pour lui et contre toi jusque l'on sache la vérité. Car ainsi jugeront les conseillers plus hardiment selon droiture et selon vérité.

Si tu retiens rien d'autrui, ou par toi ou par tes devanciers, si c'est chose certaine, rends sans tarder. Si c'est chose douteuse, fais enquérir par sages hommes en hâte et diligemment.

À cela tu dois mettre toute ton attention que tes gens et tes sujets vivent en paix et en droiture sous toi, mêmement les bonnes villes et les bonnes cités de ton royaume ; et les garde en l'état et en la franchise où tes devanciers les ont gardées. Et s'il y a choses à amender, amende-les et les redresse, et les tiens en faveur et amour.

Car par la force et la richesse de tes bonnes villes, les particuliers et étrangers redouteront de se mal conduire envers toi, spécialement les pairs et les barons. Il me souvient de Paris et des bonnes villes de mon royaume, qui m'aidèrent contre les barons quand je fus nouvellement couronné.

Honore et aime particulièrement les religieux et toutes personnes de sainte Église.

L'on raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu'une fois un de ses conseillers lui dit que la sainte Église lui faisait grands torts et forfaits, en ce que les clercs lui ôtaient de son droit et empiétaient sur sa justice ; que c'était grande merveille qu'il le souffrît. Et le bon roi répondit qu'il le croyait bien. Mais quand il regardait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avaient faites, il aimait mieux laisser son droit aller que susciter contestation ou scandale à la Sainte Église.

À ton père et à ta mère tu dois honneur et révérence porter, et garder leurs commandements.

Aime tes frères et veuille toujours leur bien et leur avancement, et tiens leur lieu de père pour les enseigner sur tout bien. Garde-toi que, par amour pour eux, tu te détournes de faire droit et que tu ne fasses à autrui chose que tu ne dois.

Donne les bénéfices de sainte Église à personnes bonnes et dignes, et sur le conseil de prud'hommes. Et donne à ceux qui n'ont rien de sainte Église. 

Garde-toi d'exciter guerre sans très grande délibération et surtout contre tout homme chrétien. S'il faut la faire, garde sainte Église et ceux qui n'ont en rien méfait, de tout dommage.

Apaise au plus tôt que tu pourras guerres et conflits soit tiens, soit de tes sujets comme Saint Martin faisait ; car, au temps que par Notre Seigneur il savait qu'il devait mourir, il alla pour mettre la paix entre les clercs de son archevêché ; et lui fut avis que, ce faisant, il faisait bonne fin.

Sois diligent d'avoir bons prévôsts et bons baillis et enquiers souvent d'eux et de ceux de ta maison, comme ils se conduisent.

Cher Fils, je t'enseigne que tu sois toujours dévôt à l'Église de Rome et au souverain pontife, notre père, et que tu lui portes révérence et honneur comme tu dois à ton père spirituel. Travaille-toi à empêcher tout péché et principalement vilain sermon et fais détruire les hérésies suivant ton pouvoir.

Encore je te requiers que tu reconnaisses les bienfaits de Notre-Seigneur et que tu lui rendes grâces et merci. 

Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables et mesurées.

Enfin, doux fils, je te conjure et requiers que, si je meurs avant toi, tu fasses secourir mon âme en messes et oraisons, par tout le royaume de France, et que tu m'accordes une part spéciale et plénière dans tout le bien que tu feras.

En dernier, cher fils, je te donne toutes bénédictions que bon père et pieux peut donner à son fils, et que benoîte Trinité et tous les saints te gardent et te défendent de tout mal ; et que Dieu te donne sa grâce de faire sa volonté toujours, de sorte qu'il soit honoré par toi.

Et que nous puissions après cette mortelle vie être ensemble avec Lui et Le louer sans fin.

Amen. »